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Sommet de Québec

Mieux enseigner le français dans le monde

par Antoinette Delafin

Article publié le 14/10/2008 Dernière mise à jour le 15/10/2008 à 15:29 TU

Le Sommet de Québec devrait annoncer des mesures pour renforcer l’enseignement du français et l’adapter aux besoins. L’OIF explore de nouvelles pistes comme la formation à distance des maîtres du primaire – au stade expérimental. Et souhaite consolider celles qui ont fait leurs preuves comme l’appui à la formation de l’encadrement. Les Centres de lecture publique en pays francophones vont bénéficier d’un coup de pouce significatif (voir encadré)… Quant au soutien des professeurs de français à travers le monde, il s’est consolidé.
Pour développer les capacités pédagogiques des linguistes, trois plans d'actions nationaux ont été élaborés en direction notamment de l'Afrique Subsaharienne. (Photo : DR)

Pour développer les capacités pédagogiques des linguistes, trois plans d'actions nationaux ont été élaborés en direction notamment de l'Afrique Subsaharienne.
(Photo : DR)

« Promouvoir la langue française » tout en contribuant à la réalisation de l’éducation pour tous en 2015 –  un des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Tel est le credo de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). La faible efficacité des systèmes d’éducation, l’insuffisance des ressources et la difficulté d’accès des filles au système scolaire sont les trois facteurs qui mettent cet OMD en péril. Les chiffres de l’Unesco parlent d’eux-mêmes : 75 millions d’enfants n’étaient pas scolarisés en 2006 – - dont 70 % en Asie du Sud et en Afrique sub-saharienne. Leur nombre s’est accru dans cette dernière zone (+ 13 % entre 1990 et 2000), où lorsqu’ils sont scolarisés, les deux tiers n’achèvent pas leurs études primaires.

Dans ce contexte, la Francophonie a lancé un nouveau dispositif expérimental de formation à distance des maîtres du primaire (IFADEM), utilisant notamment les supports radio et télévision. Quatre pays sont concernés : Bénin, Burundi, Haïti, Madagascar. Soutenu par l’AUF en partenariat avec la CONFEMEN (Conférence des ministres de l’éducation nationale), ce projet est censé renforcer leurs compétences prioritairement dans le domaine de l’enseignement du français. Un dispositif voué à être « élargi à d’autres pays, après évaluation, à partir de 2010 ».

Plus largement, l’OIF s’efforce d’aider ses Etats-membres à « concevoir et appliquer des politiques éducatives efficaces » en vue d’un enseignement de qualité du français. Un groupe multilatéral d’experts en sciences de l’éducation organise depuis 2002 des séminaires régionaux dans 22 pays. Ceux-ci sont destinés aux personnels d’éducation qui seront susceptibles, à terme, de concevoir et piloter les politiques nationales. En 2007et 2008, trois nouveaux séminaires sur « l’analyse des pratiques enseignantes, l’encadrement des maîtres et l’évaluation » ont permis de former 53 nouveaux « acteurs de l’éducation » venant de 9 pays d’Afrique de l’Ouest, de l’Est et de l’océan Indien.

Dans le domaine de la formation professionnelle et technique, les politiques nationales bénéficient aussi d’un programme d’appui en direction des jeunes. Selon une évaluation externe réalisée en 2007, celui-ci aurait contribué à la constitution de réseaux régionaux et à la signature d’accords-cadres dans chaque région dont l’Asie du Sud-Est, pérennisé en mars de la même année. Enfin, pour développer les capacités pédagogiques des linguistes, des pédagogues, des formateurs, ainsi que des maîtres et directeurs d’écoles dans l’espace francophone et au-delà, trois plans d’actions nationaux ont été élaborés en 2007 en direction du monde arabophone, de la Caraïbe et de l’Afrique subsaharienne.

L’Organisation apporte également son soutien depuis dix ans à la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF), qui compte quelque 80 000 professeurs répartis dans plus de 130 pays et regroupe 172 associations. Son soutien porte notamment sur les revues de ses différentes associations ou encore sur la redynamisation de son site portail http://www.franc-parler.org/ et sur la tenue de son congrès mondial. Le dernier en date, à Québec, a encore renforcé cet engagement par la signature le 21 juillet 2008 d’un accord-cadre de coopération.

Un coup de pouce pour les CLAC

Les Centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) en pays francophones vont bénéficier d’un coup de pouce significatif lors du Sommet de Québec. « J’attends beaucoup du sommet de Québec », dit Eric Chevalier, le responsable des Centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) à l’OIF. Un programme qui devrait voir son budget « augmenter sensiblement » alors qu’il avait déjà doublé en 2007 après la levée du moratoire qui pesait sur lui. Au cours de son évaluation, entre 2002 et 2005, la création de nouveaux centres avait été gelée. Mais l’utilité des 225 Clacs répartis dans dix-huit pays, et leur « impact en termes d’éducation et de développement social », ont été reconnus, ainsi que leur faible coût. Et les pays concernés ont réclamé leur développement à cor et à cri. « Mine de rien, on a pu démontrer aux bailleurs comme aux institutionnels le taux important de fréquentation et d’activité » – près de 3 millions d’utilisateurs par an et 1,6 million de personnes qui participent à quelque 30 000 activités culturelles. Le succès de ces centres, implantés à l’origine dans les campagnes, a décidé l’OIF à les étendre aux zones urbaine et périurbaine, les quartiers défavorisés, ainsi qu’aux camps de réfugiés. Au total, une centaine de nouveaux centres vont voir le jour, en plus des 90 autres en cours de création depuis un an – dont 12 à Madagascar. Ils seront implantés pour moitié dans 4 nouveaux pays : République centrafricaine, République démocratique du Congo, Djibouti et Mali. Les autres viendront en renfort des réseaux existants dans les 3 pays qui ont accepté de se doter à la fois d’un cadre législatif en faveur de la lecture publique (Haïti, Maurice, Burundi) et de centres nationaux capables de gérer l’ensemble du réseau CLAC du pays. Dans cette perspective, 180 000 nouveaux ouvrages neufs ont été acquis et leurs reliures renforcées afin de résister au temps et aux intempéries.

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