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Sommet de Québec

L’environnement, l’autre enjeu du sommet

par Antoinette Delafin

Article publié le 15/10/2008 Dernière mise à jour le 15/10/2008 à 14:29 TU

Les changements climatiques posent un défi à toute la communauté internationale. Et singulièrement à la communauté francophone qui devrait soutenir, lors du sommet de Québec, une gestion durable de l’environnement par des actions ciblées, notamment dans les domaines de l’eau et de la forêt.

Lac Tumba, Equateur, République Démocratique du Congo. Le CBFP (Congo Basin Forest Partnership) a classé cette région comme prioritaire parmi les zones à protéger. (Photo : ©Greenpeace / Philip Reynaers)

Lac Tumba, Equateur, République Démocratique du Congo. Le CBFP (Congo Basin Forest Partnership) a classé cette région comme prioritaire parmi les zones à protéger.
(Photo : ©Greenpeace / Philip Reynaers)

 

Adopté par la 13e conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques en décembre 2007, le plan d’action de Bali a défini les bases du processus de négociation qui débouchera, fin 2009, sur un nouveau régime international de gestion du climat après 2012 (régime Post-2012) : adaptation, atténuation, transfert technologique et financement d’activités reliées à ces trois domaines…

Pour l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF), les préoccupations des pays en développement, notamment francophones, n’ont pas été suffisamment prises en compte lors de ces négociations. De plus, ces pays ne disposent pas des ressources nécessaires pour s’adapter aux effets des changements climatiques. Dans le cadre de l’Initiative Climat et développement, l’IEPF a donc mis en place pour 2008-2009 un plan de travail – études techniques, ateliers d’échange, d’information et de réflexion sur la dynamique de négociation – devant déboucher sur une note faisant valoir les positions et stratégies – notamment africaines.

Durant l’été 2007, une formation préparatoire à la conférence de Bali sur les changements climatiques destinée au négociateurs des pays francophones en développement s’était tenue à l’université de Laval (Québec). Et en marge de la conférence, la Francophonie a organisé une concertation entre 70 ministres ou chefs de délégation. A titre indicatif, 450 personnes ont bénéficié de 14 séminaires dans l’espace francophone en 2006. Des opérations de formation sont prévues de septembre (Abidjan) à décembre 2008 (Yaoundé, Alexandrie, Marrakech). L’Institut a encore prévu une série d’ateliers d’étude sur l’application du protocole de Kyoto post-2012 – qui pourrait être offerte aux pays d’Afrique francophone et anglophone.

Accompagner les pays membres dans l’application des conventions internationales

Le soutien de la Francophonie se traduit aussi par un accompagnement dans l’application des conventions internationales, notamment le protocole de Kyoto et de Cartagena ainsi qu’au Mécanisme pour un développement propre (MDP). L’IEPF a lancé une Initiative francophone de partenariat pour le MDP permettant à ses pays membres d’intégrer rapidement le marché du carbone et de corriger le retard accusé. A ce stade, moins d’un pays membre en développement sur trois a mis en place les bases nécessaires et seuls 3 projets sur 139 validés par la Convention sur les changements climatiques proviennent de pays francophones.

Plusieurs programmes de l’IEPF tentent de répondre aux deux OMD sur l’environnement : les uns pour soutenir et accompagner la mise en œuvre de stratégies nationales de développement durable, les autres pour réduire de moitié la proportion des personnes privées d’accès à l’eau potable à l’horizon 2015.

Le directeur-adjoint chargé de la programmation de la formation « Développer les pratiques de gestion durable des ressources naturelles et de l’énergie », Sibi Bonfils, dresse un bilan « pessimiste » de l’impact des activités humaines sur l’environnement mondial : de plus en plus d’érosion de la diversité biologique – qui touche les populations les plus démunies, plus dépendantes de leur milieu et donc plus sensibles à la dégradation de l’environnement. Chaque année, la déforestation affecte ainsi 5,2 millions d’hectares sur le continent africain où les processus de désertification frappent 25 % des terres. La situation des ressources en eau à l’échelle de la planète est aussi « catastrophique » : une personne sur quatre n’a pas accès à l’eau potable, soit un milliard et demi de personnes dont un tiers en Afrique subsaharienne où, en matière d’énergie, plus de 80 % des personnes dépendent de combustibles traditionnels pour satisfaire leurs besoins.

Peu de temps avant le Sommet de Québec, en octobre 2008, le Congrès mondial de la nature s’est tenu à Barcelone. À l’initiative de l’UICN et avec l’appui financier de la France, un comité de coordination avait été mis sur pied en 2007 et des réunions d’information avaient eu lieu à Malaga et Ouagadougou (janvier-mars 2008). Pour « faire de la communauté francophone un moteur de la protection de l’environnement et des milieux naturels », une soirée francophone a été organisée à Barcelone par l’IUCN et l’OIF, à issue de laquelle un accord de partenariat a été signé. Diverses initiatives francophones ont également été présentées dont le portail Médiaterre.

 

L’IEPF a vingt ans

Situé à Québec, l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF), bras armé de la Francophonie en matière d’environnement, déploie depuis vingt ans des actions de terrain et des programmes qui visent à renforcer les compétences des professionnels et la diffusion d’une information de qualité en français. Le portail Médiaterre (www.mediaterre.org) rassemble une vingtaine d’autres portails et fournit depuis 2002 quelque 3 500 dépêches par an (24 millions de pages vues en 2007 dans plus de 100 pays, redirigées vers 25 000 sites liés aux thèmes énergie et environnement). L’IEPF édite aussi Les Guides des négociations, des ouvrages si appréciés qu’ils sont en cours de traduction à la demande des pays en développement anglophones. Outils simplifiés, ils offrent en amont des grandes conférences internationales les données nécessaires à la bonne compréhension des enjeux. Par le biais de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), l’IEPF dispose aussi de 9 réseaux de chercheurs (santé et agroalimentaire) et de 79 filières de formation dont 3 centres régionaux agricoles (Cameroun, Niger, Sénégal). Et par l’intermédiaire de l’université Senghor d’Alexandrie, l’Institut propose un mastère en gestion de l’environnement. Enfin, l’IEPF soutient l’engagement des villes pour un développement durable à travers l’Association internationale des maires francophones (AIMF), qui a financé 21 projets d’assainissement et d’accès à eau dans ses villes-membres réparties dans 12 pays – le tout pour un montant de 2,2 millions d’euros. L’IEPF développe d’autres projets jugés porteurs : énergie éolienne en Tunisie, microcentrale hydroélectrique à Madagascar, électrification de 5 îles du Vanuatu…

 

www.iepf.org

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