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Sommet du Québec

Ouverture du XIIe sommet de la Francophonie

Article publié le 17/10/2008 Dernière mise à jour le 18/10/2008 à 08:52 TU

Une patrouille de police sur le site du XIIe sommet de la Francophonie à Québec.(Photo : Reuters)

Une patrouille de police sur le site du XIIe sommet de la Francophonie à Québec.
(Photo : Reuters)

Le XIIe sommet de l'OIF, l'Organisation Internationale de la Francophonie, s'est ouvert vendredi à Québec. Les Canadiens de la Belle Province veulent faire de cette rencontre des pays francophones un « sommet d'un type nouveau ». Quatre thèmes de discussions ont été retenus. Mais la crise financière mondiale s'est invitée in extremis et devrait occuper une grande partie des débats. Les explications de nous envoyés spéciaux Jean Karim Fall et Bruno Daroux.

Sous un soleil d'automne et un vent glacial, les délégations des Etats de la Francophonie sont désormais toutes arrivées à Québec. Le président français, Nicolas Sarkozy, est arrivé dans les derniers pour une visite écourtée qui fait couler beaucoup d'encre ici. Car pour la première fois dans l'histoire de la Francophonie, un chef d'Etat français n'assistera pas à la conférence de clôture des discussions. Certes, les autorités québécoises disent comprendre que le président en exercice de l'Union européenne doive s'entretenir avec son homologue des Etats-Unis de la crise financière. Mais la presse, elle, se demande pourquoi cette rencontre prévue samedi à Camp David avec le président Bush ne pouvait pas se tenir le dimanche, ce qui aurait permis au président français de passer plus de temps au sommet de la Francophonie, marquant ainsi son attachement à cette organisation.

Un attachement indéfectible, explique-t-on côté français, en rappelant l'engagement volontariste du chef de l'Etat pour une Francophonie forte. Dans une interview ce vendredi au quotidien québécois Le Soleil, Nicolas Sarkozy estime même que la langue française, loin d'être en recul, est au contraire en plein essor, puisque le nombre de locuteurs francophones a triplé en cinquante ans. Il n'empêche: les Québécois sont un peu vexés, et déçus, de ce passage éclair. Le Devoir titrait ainsi : « Sarkozy préfère Bush à la Francophonie ». Et Le Soleil dans don édition de vendredi: « Sarkozy, 26 heures chrono ».

Au cours de ces 26 heures, le dirigeant français, comme à son habitude, ne vas pas chômer. Il rencontre d'abord le Premier ministre canadien Stephen Harper, en compagnie de José Manuel Barroso, pour un sommet Union européenne / Canada, au cours duquel doivent être lancées des négociations de libre échange entre ces deux entités. Direction ensuite l'Assemblée nationale du Québec, où le chef de l'Etat s'exprimera devant les députes de la province - du jamais vu dans l'histoire des relations bilatérales entre Paris et Québec. Et un geste historique qui pourra permettre rendre les Québécois plus indulgents envers Monsieur Sarkozy. S'ensuivra la signature d'une entente franco-québécoise sur la mobilité professionnelle, un texte qui devrait permettre, d'ici fin 2010, à plus d'une cinquantaine de professions françaises d'être reconnues plus facilement au Québec, en se basant sur la reconnaissances des compétences professionnelles, et non pas celle des diplômes. Le président français ira enfin inaugurer le Centre de la Francophonie des Amériques. Un projet financé par Paris à hauteur de 1,6 millions de dollars - le « cadeau » de la France au Québec, à l'occasion du 400e anniversaire de la création de la ville. Et c'est alors seulement que Nicolas Sarkozy participera à l'ouverture du sommet de la Francophonie.

La crise financière s'invite au sommet

Un sommet que les Québécois ont voulu plus dynamique, en instaurant des tables rondes « interactives ». Quatre thématiques ont été retenues: les participants au sommet entendent d'abord renforcer le rôle et l'influence de la langue française dans le monde. Ils souhaitent aussi développer l'existence politique et économique de l'espace francophone - deux thèmes de débat sont consacrés à ces discussions. Il s'agit d'améliorer la gouvernance économique de ces Etats qui se trouvent souvent dans des situations radicalement différentes entre Etats développés, pays émergents et en voie de développement. Il faut également développer l'état de droit, faire progresser la démocratie et prévenir les conflits dans cet espace de la Francophonie... vaste tâche...

Abdou Diouf

Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie

« La Francophonie va insister encore une fois sur la nécessité d'une régulation de l'économie de marché. »

18/10/2008 par Jean-Karim FALL


Mais bien sûr, les délégués n'ont pu éviter de parler du sujet le plus brûlant, la crise financière mondiale. Tandis que les pays du Sud s'inquiètent de l'impact de cette crise sur leur économie réelle, les Etats du Nord tentent toujours d'éteindre l'incendie chez eux. Le projet de texte final insiste en tout cas sur l'importance de « la solidarité dans le cadre de la crise financière actuelle », et sur la nécessité « d'assurer la solidité et la stabilité du système bancaire et financier international », et de « prendre toutes mes mesures nécessaires pour atteindre cet objectif ». Concrètement, les participants à la réunion de Québec vont « soutenir la tenue d'un sommet international » consacré à la crise financière.

José Manuel Barroso

18/10/2008 par Jean-Karim FALL

La Francophonie se penche sur une série de crises en Afrique

La défense de la langue française, aussi paradoxal que cela puisse paraître, est pour la première fois à l’ordre du jour d’un sommet de la Francophonie. Ce sont les Québécois qui ont insisté pour que le sommet débatte de la promotion du français. Il y a donc eu débat sur la défense et la promotion de la langue française, débat au cours duquel le délégué du Rwanda s’est interrogé sur l’avenir de la langue française. L’ancien chef de la diplomatie, Charles Murigande, a affirmé face à ses collègues interloqués, que « la réalité du monde d’aujourd’hui, veut que l’Anglais soit incontournable ». « Il faut en tenir compte », a déclaré le représentant du Rwanda laissant implicitement entendre que la promotion du français était un combat d’arrière-garde, au grand dam des délégués présents !

Le Rwanda, dont les relations avec la France sont exécrables a, semble-t-il, décidé d’user de larme linguistique. Le président rwandais, absent du sommet de Québec, a lui purement et simplement signé l’acte de décès du français dans son pays en déclarant, lors de la visite d’une école à Kimihura, dans le district de Gasabo : « Personne ne vous prêtera attention si vous parlez français ». Un pied de nez à la Francophonie qui souhaite, dans le projet de déclaration de Québec, que les opérateurs de la Francophonie, et notamment l‘OIF, se donnent une véritable politique de promotion du français.

Depuis quelques années, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)  est aussi devenue un instrument diplomatique qui s’implique dans le règlement des conflits en Afrique. L’OIF souhaite conforter son action en matière de « d’alerte précoce, de diplomatie préventive et de médiation ». A ce titre, ce sommet va débattre des crises de l’heure, notamment sur le continent africain.

Le coup d’Etat en Mauritanie figure au premier rang des préoccupations de l’heure. La résolution relative à la situation en Mauritanie, et qui sera soumise à l’approbation des chefs d’Etat et de gouvernement, recommande « le rétablissement rapide de la démocratie  et de l’ordre constitutionnel ». Ce projet de résolution qui devrait être adopté demande également « la libération du président démocratiquement élu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, et de tous les responsables politiques privés de liberté ».

La situation dans la corne de l’Afrique sera également évoquée lors de ce sommet. La piraterie au large des côtes somaliennes et le contentieux frontalier entre Djibouti et l’Erythrée. Les Francophones devraient demander le retrait « inconditionnel » des troupes érythréennes présentes sur le territoire djiboutien.

La situation en RDC, où les combats entre les troupes gouvernementales et les rebelles de Laurent Nkunda ont repris dans la province du nord Kivu, ne devrait pas provoquer de débats particuliers, car les Francophones s’alignent sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

Mais on parlera quand même de RDC, car le président de la République démocratique du Congo, pourtant attendu, puisque son pays est candidat à l’organisation du prochain sommet de la Francophonie en 2010, ne viendra finalement pas. Il devrait être représenté par son directeur de cabinet.

La situation militaire dans le Kivu et les tractations en vue de la formation du nouveau gouvernement expliquent sans doute l’absence de Joseph Kabila. Cette absence pourrait favoriser l’autre candidat, Madagascar. Le président malgache, qui est arrivé à Québec, multiplie les rencontres bilatérales pour obtenir l’organisation du prochain sommet.

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