Article publié le 20/10/2008 Dernière mise à jour le 22/10/2008 à 12:50 TU
Sœur Emmanuelle, qui a dédié sa vie aux plus pauvres, est décédée dans la nuit de dimanche à lundi à l'âge de 99 ans. De son vrai nom Madeleine Cinquin, elle s'est éteinte « dans son sommeil » dans la nuit de dimanche à lundi, en France, dans la maison de retraite de Callian (Var). La religieuse a partagé pendant plus de 20 ans la vie des chiffonniers du Caire et a mené une lutte acharnée contre la pauvreté et l'exclusion. Le tout avec un franc-parler et une vitalité qui lui ont valu une immense popularité.
Comme l’Abbé Pierre, elle portait une blouse grise et des tennis usées. Avec son béret et ses godillots, Sœur Emmanuelle incarnait un style au service d’un engagement. Pourtant, derrière cette image immuable, que de chemin parcouru, entre la jeunesse en Belgique, les bidonvilles du Caire et la retraite en France…
Une personnalité aux multiples facettes
En fait, Sœur Emmanuelle a vécu quatre vies : l’adolescence bourgeoise à Bruxelles, ville de sa naissance, puis elle a passé quarante années en tant que professeur de lettres et de philosophie, en Turquie, en Tunisie et Egypte (de 1932 à 1970), avant de connaître les bidonvilles du Caire aux côtés des chiffonniers. Elle rentre en France, où elle va mener une vie de retraitée active, en 1993, à l’âge de 85 ans.
« J’ai passé des années extraordinaires. Les années les plus merveilleuses, dans un bidonville au milieu des rats, des ordures, des cochons, des saletés. Mais, dans l’amour qu’on ne trouve plus dans le monde. »
Une action bâtie sur la prière
C’est à l’âge de 22 ans que la jolie jeune fille, passionnée, qui rêvait d’absolu, a dit « oui » à Dieu, en entrant dans la Congrégation des sœurs de Notre-Dame de Sion.
Comme l’Abbé Pierre, Sœur Emmanuelle a bâti son action sur la prière. Comme lui, c’est l’amour du prochain qui la conduisait à Dieu.
Elle avait cette inconditionnelle gaieté, son optimisme et une philosophie du bonheur à la portée de chacun. Et c’est aussi pour cela, à côté de son engagement auprès des plus pauvres, qu’elle était tant aimée des Français.
Les intouchables sont devenus des êtres humains |
par notre correspondant au Caire, Alexandre Bucchianti
J'ai rencontré Soeur Emmanuelle pour la première fois en 1972, à l'occasion d'un séminaire catholique à Alexandrie. Un séminaire qui distillais l'ennui pour le jeune révolté que j'étais. Quelle n'a pas été ma surprise quand une bonne soeur a soutenu ma diatribe contre les riches qui se donnent bonne conscience en parlant des pauvres. C'était Soeur Emmanuelle ! Moi qui pensais connaître les gens défavorisés grâce à mon enfance dans un quartier populaire, je n'étais qu'un amateur. Les personnes les plus nécessiteuses que j'avais connu semblaient riches à côté de la vie que menait la soeur des chiffonniers. Elle vivait comme eux dans un minuscule taudis au milieu d'amas de poubelles puantes. Elle savait de quoi elle parlait et pour parler, elle parlait. Car c'était une « grande gueule » qui n'hésitait pas à s'en prendre aux riches et aux puissants. Au fil du temps, ses conditions de vie se sont légèrement améliorées, tout comme celle des chiffonniers. Mais au-delà du côté matériel, Soeur Emmanuelle a surtout réussi à donner aux chiffonniers leur dignité. Les intouchables ont fini par être considérés comme des êtres humains. |
« Ce qui me tord le coeur, c'est l'enfant meurtri, jamais je ne pourrai l'accepter...»
« Tout homme est choisi et aimé par Dieu, quelle que soit sa situation.»
« Moi, je suis d’un tempérament, je ne regrette rien dans la vie. Je trouve qu’il faut vivre à la minute présente et jouir de ce que Dieu me donne maintenant. »
A écouter
« Face à des problèmes qu'elle identifiait, elle ne baissait pas les bras et elle essayait de trouver une solution. »
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« Soeur Emmanuelle était quelqu'un de tout à fait exceptionnel comme on n'en rencontre très peu. »
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« Elle a fait son devoir, elle a donné de l'élan, une motivation, à plein de gens, Soeur Emmanuelle était « une flamme », on
en a été transformés. »
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« Soeur Emmanuelle se sentait dépendante des autres et bien sûr en particulier des pauvres. »
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« Il y a aujourd'hui une question qui se pose d'une façon mondiale : l'immense pauvreté. »
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« C'est quelqu'un qui a essayé de se rendre utile, d'être fidèle à son idéal. »
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« Elle avait un un regard perçant, elle allait droit dans les yeux avec un regard très bleu. Elle avait un mot : « l'acharnement ». »
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