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Egypte/Israël

Le cas Gilad Shalit au centre des entretiens

par Frank Weil-Rabaud

Article publié le 23/10/2008 Dernière mise à jour le 23/10/2008 à 15:54 TU

Le sort de Gilad Shalit et les tentatives égyptiennes de réconcilier le Hamas et le Fatah, les deux factions palestiniennes rivales. C’est pour s’informer de l’évolution de ces deux questions sensibles que le président israélien Shimon Peres s’est rendu ce jeudi dans la station balnéaire de Charm-el-Cheikh à l’invitation de son homologue Hosni Moubarak.

Shimon Peres (G) et Hosni Moubarak à Charm-el-Cheikh, le 23 octobre 2008. (Photo : AFP)

Shimon Peres (G) et Hosni Moubarak à Charm-el-Cheikh, le 23 octobre 2008.
(Photo : AFP)


Sa discrétion médiatique n’a d’égale que son influence dans la politique égyptienne. A 71 ans, le général Omar Souleimane est incontestablement l’homme clé des diverses médiations menées par le gouvernement d’Hosni Moubarak. Depuis 1991, cet officier dirige le service des renseignements généraux. A ce titre, il a la haute main sur les questions de sécurité intérieure. Mais c’est également lui que le président Moubarak a chargé de négocier deux des dossiers les plus sensibles que sont la médiation entre factions palestiniennes et celle entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et le gouvernement de l’Etat hébreu.

Depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en juin 2007, toutes les tentatives de conciliation entre les deux principaux mouvements palestiniens que sont le Hamas et le Fatah ont échoué. L’Arabie Saoudite qui avait été à l’origine des accords de La Mecque en février 2007, conduisant à l’instauration d’un gouvernement d’union nationale ne semble plus en mesure de peser sur le conflit inter-palestinien. Par la suite, le Yémen et le Qatar ont offert leurs services sans plus de succès.

Réconcilier les factions palestiniennes

C’est donc faute d’alternative que l’Egypte a poursuivi avec l’approbation de deux parties sa médiation. Elle ne s’est pas faite sans difficultés. Les islamistes du Hamas soupçonnent le gouvernement égyptien de favoriser le président palestinien Mahmoud Abbas issu du Fatah. Ils en veulent pour preuve la fourniture en octobre 2007 d’armes à l’Autorité palestinienne. Ces livraisons, faites avec l’approbation du gouvernement israélien visaient à renforcer les services de sécurité acquis à la cause du président Abbas. Le gouvernement égyptien a par ailleurs critiqué à plusieurs reprises l’intransigeance de Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas qui vit en exil à Damas.

Ces dernières semaines, les efforts du général Souleimane semblent avoir porté leurs fruits. Le Fatah et le Hamas ont accepté une rencontre le 9 novembre prochain au Caire. Il y sera question d’un plan égyptien en quatre points destiné à sortir de la crise. Outre la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale, le texte prévoit que tout accord conclu par Mahmoud Abbas soit soumis à l’approbation du mouvement islamiste et que toutes les factions palestiniennes puissent être intégrées à l’Organisation de libération de la Palestine. Une manière de ramener le Hamas dans le jeu politique palestinien. Cet éventuel compromis reste soumis à de nombreux aléas. Les deux factions divergent ainsi sur les futures échéances électorales. Le Hamas affirme qu’il ne reconnaîtra plus la légitimité de Mahmoud Abbas au-delà de janvier 2009. De son côté, le Fatah propose la tenue d’élections présidentielle et législatives en 2010. La rencontre du 9 novembre ne sera donc qu’une première étape vers une éventuelle réconciliation entre factions rivales

L’affaire Gilad Shalit

La rencontre de ce jeudi entre les présidents Hosni Moubarak et Shimon Peres devait être l’occasion d’évoquer l’autre médiation égyptienne, toute aussi délicate. Elle concerne le sort du caporal franco-israélien Gilad Shalit. Ce soldat a été enlevé en juin 2006 par un commando palestinien qui avait pénétré une base israélienne situé dans le sud de la bande de Gaza. La principal difficulté dans cette affaire réside dans le fait que l’enlèvement a été revendiqué conjointement par le Hamas, par les comités de résistance populaire et par un groupe inconnu, l’Armée de l’islam soupçonné d’être lié à la famille Dogmush, un puissant clan familial de Gaza.

Depuis près de deux ans et demi, le mouvement islamiste réclame la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens en échange de celle du militaire israélien. Ce serait désormais près de 1400 détenus que le mouvement islamiste entend voir libérer. Un chiffre modeste au regard des quelque 11 000 palestiniens qui se trouvent actuellement incarcérés dans les prisons israéliennes. Mais le gouvernement israélien est réticent dans la mesure où parmi les prisonniers réclamés par le Hamas figurent des détenus condamnés pour le meurtre d’Israéliens. Le dernier compromis en date prévoit la libération de 450 prisonniers en échange de Gilad Shalit. 550 autres détenus seraient remis en liberté quelques mois plus tard. Ce jeudi, le président égyptien a promis à son homologue israélien qu’il allait intensifier les efforts de son pays pour obtenir la libération du caporal israélien.

Mais cette promesse se heurte à la capacité de l’Egypte à convaincre le Hamas à accepter un compromis sur ce dossier. Pour l’heure, le mouvement islamiste reste convaincu que la détention du soldat israélien reste l’un de ses atouts majeurs dans ses négociations indirectes avec l’Etat hébreu. Isolé dans la bande de Gaza, le Hamas entend obtenir des concessions concrètes de la part d’Israël avant d’accepter de relâcher Gilad Shalit. Un véritable assouplissement du blocus de Gaza, synonyme d’une amélioration de la vie quotidienne des habitants du territoire palestinien reste l’une des principales revendications du mouvement islamiste.

Une demande qui s’adresse principalement à l’Etat hébreu mais également à l’Egypte qui contrôle le point de passage de Rafah situé au sud de la bande de Gaza. Nul doute que le sujet sera à l’ordre du jour de la rencontre du 9 novembre prochain entre responsables du Hamas et du Fatah. Là encore, l’Egypte aura fort à faire pour convaincre les islamistes palestiniens qu’elle agit sans parti-pris. Il faudra sans doute encore que le général Omar Souleiman déploie beaucoup d’efforts pour concrétiser une médiation entamée depuis plusieurs années.