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Crise financière internationale

L’économie asiatique touchée à son tour

par Myriam Berber

Article publié le 24/10/2008 Dernière mise à jour le 24/10/2008 à 16:01 TU

Les Bourses asiatiques ont vécu vendredi une nouvelle descente aux enfers, toujours en proie aux incertitudes économiques. ( Photo : Reuters )

Les Bourses asiatiques ont vécu vendredi une nouvelle descente aux enfers, toujours en proie aux incertitudes économiques.
( Photo : Reuters )

Le sommet de l’Asem réunit pour deux jours à Pékin les chefs d'Etat ou de gouvernement de quarante-trois pays d'Asie et d'Europe. La crise financière qui affecte désormais la zone Asie domine cette réunion. Les effets de la crise sont particulièrement néfastes pour les pays asiatiques, extrêmement dépendants des exportations.

Pour la troisième journée consécutive, les bourses asiatiques ont continué de baisser ce vendredi. La bourse de Tokyo a perdu près de 10 %. Dans la foulée, Séoul a chuté de 10,6%, Hong Kong a plongé de plus de 8% et Bombay de 10,96%. L’inquiétude grandit chez les géants asiatiques chinois et indien quant aux risques de contagion de la crise. Avant l’ouverture du sommet de l’Asem à Pékin, ces pays se sont accordés, vendredi, sur la création, d’ici le mois de juin, d’un fonds commun de 80 milliards de dollars pour protéger la région contre la crise financière. Les dirigeants sud-coréen, chinois, japonais et les dix membres de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) ont conclu cet accord lors d'une rencontre à Pékin. Chaque pays signataire aura accès à ce fonds en cas de situation d'urgence. La Chine, le Japon et la Corée du Sud fourniront 80% du financement. Les dix autres nations assumeront 20% du fonds.

Cette initiative pourrait trouver son utilité très rapidement. Ces pays ne sont pas encore tout à fait touchés par la crise financière, mais déjà confrontés au ralentissement de l'économie mondiale. La croissance du Japon, la deuxième puissance économique mondiale, a reculé de 0,7 % au deuxième trimestre, son plus mauvais résultat en sept ans, et la consommation des ménages est en baisse. La première victime de la crise des « subprimes » sur l’archipel est la compagnie d’assurance Yamato Life qui a demandé, le 15 octobre dernier, à être placée en cessation de paiement. Les dettes de Yamato Life s'élèvent à 2 milliards de dollars.

Singapour en récession

En Chine, quatrième puissance économique mondiale, la situation n'est pas meilleure. Le taux de croissance est passé sous la barre des 10%, pour la première fois depuis trois ans. Ce taux suscite l’inquiétude des autorités, puisque le chiffre de 9% de croissance est considéré comme le seuil critique en dessous duquel ne peuvent plus être créés les 10 à 15 millions d’emplois nécessaires chaque année pour absorber l’augmentation de la population active dans les villes. L’Inde est aussi touchée par la crise financière, malgré un taux de croissance de 7,5%. La Bourse de Bombay a perdu 50% depuis janvier. La crise commence à avoir des retombées sur l'économie réelle. L’indien Tata Steel, sixième producteur mondial d'acier, a perdu plus d'un milliard de dollars, en raison d’investissements boursiers d'une de ses filiales.

Les pays les plus développés d’Asie, la Corée du Sud, Hong Kong et Singapour, sont également affectés par la crise. En glissement annuel, le Produit intérieur brut (PIB) de la Corée du Sud a progressé de 3,9% sur le troisième trimestre contre une croissance de 4,8% au deuxième trimestre. Le ralentissement de l’économie mondiale commence à peser sur l’économie réelle. L’électronicien coréen Samsung a annoncé une baisse de 44 % de son bénéfice net sur un an. Pour sa part, Singapour, l’île-Etat la plus riche d’Asie du Sud-Est, est techniquement entrée en récession. Le ministère de l’Economie et du Commerce a annoncé, à la mi-octobre, le deuxième trimestre consécutif de recul du PIB. Aucune région d’Asie n’est épargnée. A Hong Kong, la première grande victime de la crise est le groupe Citi Pacific. Cet important fonds d’investissement public vient de perdre les deux tiers de sa valeur en moins de 48 heures après avoir perdu plusieurs milliards de dollars sur des transactions sur les monnaies.

La balance commerciale japonaise en chute libre

Les pays asiatiques s’inquiètent aujourd’hui d’une contraction de la demande des pays occidentaux atteints de plein fouet par la crise. Le Japon s'inquiète tout particulièrement pour ses grandes entreprises exportatrices, pénalisées par l'envolée du yen en plus de la baisse des marchés occidentaux. L’excédent commercial du Japon a enregistré une chute brutale de 94% au mois de septembre par rapport à l'année dernière à la même époque. Cette chute s'explique par le net recul des exportations vers l'Amérique du Nord et l'Europe et par l'augmentation des importations en provenance de ces pays. Même constat en Corée du Sud où les exportations vers les Etats-Unis risquent de baisser de 12% cette année, selon des premières estimations de la Chambre du commerce et de l’industrie de Corée. A Singapour, les exportations sont également en baisse. La production manufacturière du pays s’en ressent. Elle a chuté de 11,5% au cours du troisième trimestre.

En Chine, le retournement de conjoncture est également brutal. L’excédent commercial a enregistré un déclin de 2,6% au cours des neuf premiers mois de l’année. Un certain nombre de petites entreprises chinoises tournées vers l’export ont même déjà commencé à fermer. Pour soutenir les exportations, le gouvernement a joué sur toute une série de mesures fiscales et notamment une réduction de la TVA pour près de 3500 produits (meubles, jouets, produits textiles).

(Photo : Reuters/montage RFI)