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Crise financière internationale

Un nouveau rôle pour le FMI

par Myriam Berber

Article publié le 27/10/2008 Dernière mise à jour le 27/10/2008 à 16:56 TU

Le FMI est prêt à venir en aide à tous les pays mis en difficulté par la crise financière.(Photo : DR/montage RFI)

Le FMI est prêt à venir en aide à tous les pays mis en difficulté par la crise financière.
(Photo : DR/montage RFI)

En cette période de forte tempête financière, le Fonds Monétaire International (FMI) multiplie les interventions auprès des économies émergentes occidentalisées très malmenées par la crise. Après l'Islande et l'Ukraine, la Hongrie va bénéficier d'une aide du Fonds. C’est un nouveau rôle pour le FMI, qui est traditionnellement le bailleur de fonds des pays en développement, notamment du Sud. Au-delà des aides d’urgence, l’institution a aussi été chargée de réfléchir à une nouvelle architecture financière internationale.

Face à l’ampleur de la crise qui commence à frapper durement les pays émergents, le FMI s’est dit prêt à mettre des ressources à la disposition des pays qui pourraient avoir des problèmes de liquidités. « Le Fonds est là, il a été créé pour cela, et nous sommes prêts à fournir aux différents pays qui le désireraient les liquidités dont ils ont besoin », a expliqué son président Dominique Strauss-Kahn. Le FMI a affirmé disposer de près de 200 milliards de dollars pour venir en aide aux pays frappés par la crise financière, dont certains sont au bord de la banqueroute. Le Fonds s’est en outre engagé à se montrer moins exigeant sur les conditions de déblocage de ses aides.

Le dernier pays à recevoir le soutien du FMI en cette période de turbulences financières est la Hongrie. Le détail de cette aide n'est pas encore connu mais l’objectif est de renforcer l'économie hongroise et d'améliorer son potentiel de croissance. Le FMI ne sera pas le seul à mettre la main à la poche, la Banque centrale européenne devrait également aider Budapest. Dimanche, le Fonds a également accordé un prêt de plus de 16,5 milliards de dollars à l’Ukraine pour stabiliser son système financier. En échange, Kiev doit équilibrer son budget et modifier sa législation bancaire.

Déconfiture du système bancaire islandais

L’institution est, en outre, venue en aide à l’Islande en lui accordant un prêt de 2,1 milliards de dollars. Frappé de plein fouet par la crise mondiale du crédit, l’Islande est le premier pays occidental à recourir à une telle aide depuis la Grande-Bretagne en 1976. L’économie islandaise a subi une série de chocs : hausse des prix des matières premières, baisse des importations européennes et américaines et enfin, baisse de la demande interne liée aux difficultés du crédit. Deux autres pays, la Biélorussie et le Pakistan, ont également lancé un appel au FMI.

Au-delà de ces aides d’urgence, le FMI va prendre part aux réflexions visant à réformer le système financier mondial. Né en 1944 lors des accords de Bretton Woods, le Fonds qui compte aujourd’hui 185 pays avait à l’origine pour vocation de défendre les taux de change fixes entre grands pays et surveiller les politiques économiques de ses membres. A partir des années 1980, l’institution se trouve un nouveau rôle : prêter de l’argent aux pays en difficulté financière à condition que ceux-ci mettent en œuvre des politiques appropriées pour parvenir à l’équilibre de leur balance des paiements. Dans les années 1990, le Fonds devient essentiellement le bailleur de fonds des pays en développement. Il intervient ainsi dans la crise de la dette en Amérique latine et aide à la transition des pays de l'ex-URSS. Mais son implication dans la crise asiatique de 1998 entache sa réputation. Le Fonds s’oppose, en effet, à l’injection d’argent public pour aider les établissements financiers, ce qui se traduit par de nombreuses faillites.  

Un plus grand rôle de surveillance et de régulation

Elu en novembre 2007, le nouveau directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, défend un FMI qui ne s’intéresse plus seulement aux pays en voie de développement, même s’il continue d’aider les Etats africains. En mai dernier, le Fonds a ainsi accordé un prêt de plus de 45 millions de dollars au Mali. Désormais, il entend élargir ses missions : surveillance multilatérale des grands équilibres mondiaux, lutte contre l’extrême pauvreté.

La crise financière intervient au moment où il a lancé une vaste réforme de sa gouvernance, qui se traduit par une réduction de ses coûts de fonctionnement. A la faveur de cette crise, le Fonds entend bien effectuer son come back. Son directeur général profite du Forum économique mondial de Davos en janvier 2008 pour lancer un appel : «  La crise que nous vivons vient des Etats-Unis, mais c’est une crise qui doit être traitée au niveau mondial ». Il faut, selon lui, « lancer de nouvelles pratiques, combler les lacunes de la réglementation », en somme, inventer un nouveau système, dans lequel le FMI pourrait jouer « un plus grand rôle de surveillance et de régulation du système financier international ». Le sommet du G20 qui réunira les grands pays industrialisés et les grands pays émergents, le 15 novembre 2008 à Washington, pourrait appeler le FMI à jouer ce rôle.

A écouter

Eric Toussaint

« Cette crise va être mise à profit par le Fonds Monétaire International pour octroyer des crédits importants. »

27/10/2008

(Photo : Reuters/montage RFI)