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Zone euro

La crise financière s'enracine dans l'économie

par Myriam Berber

Article publié le 30/10/2008 Dernière mise à jour le 27/11/2008 à 15:31 TU

Après avoir mis en garde les entreprises contre les plans sociaux non justifiés, le président Nicolas Sarkozy a rappelé jeudi 30 octobre 2008, les banques à leurs responsabilités en matière de distribution de crédit. Après la crise financière, le chef de l’Etat veut relancer l’économie. La hausse du chômage s'est poursuivie en septembre, même si cette hausse est moins forte qu'en août. Et les carnets de commande sont en berne. Les signes d’une profonde crise se multiplient en France et en Europe. Cette situation alarmante inquiète les consommateurs et les entreprises. La morosité est absolue dans la zone euro.
Ces dernières semaines, de nombreux secteurs industriels en Europe, comme l’automobile, ont annoncé des suspensions d’activité dans leurs usines. ( Photo : Reuters )

Ces dernières semaines, de nombreux secteurs industriels en Europe, comme l’automobile, ont annoncé des suspensions d’activité dans leurs usines.
( Photo : Reuters )


Terminé, donc, les messages rassurants qui prévalaient encore il y a quelques semaines, place à la réalité. Ce jeudi, le ministre du Budget Eric Woerth a reconnu que la France enregistrait « un ralentissement extraordinaire fort de l’économie ». Il a prévenu également que « si la croissance n'est pas au rendez-vous, le gouvernement français préférera laisser les déficits se creuser plutôt qu'augmenter les impôts ». La relance de la consommation des ménages et de l'investissement des entreprises est, en effet, l’une des priorités du gouvernement et de l’Elysée.

Dans ce contexte, le président Nicolas Sarkozy a réaffirmé, jeudi 30 octobre 2008, devant les préfets, trésoriers-payeurs généraux (TPG) et représentants des principales banques, qu’un « pacte moral » avait été passé entre la nation et les banques pour faire face à la crise financière. Le chef de l’Etat a rappelé les banques à leurs engagements en matière de distribution de crédit après le plan de soutien au secteur financier mis en place par le gouvernement. « J'appelle les banques à leurs responsabilités. Dans les circonstances très exceptionnelles que nous traversons, les entreprises, notamment les plus petites, ont plus que jamais besoin de visibilité et de stabilité dans leurs financements bancaires », a argumenté Nicolas Sarkozy. Et d’ajouter : « Je demande donc aux banques, sauf exception incontestable, de ne pas renégocier les termes et conditions de leurs engagements actuels ».

Nicolas Sarkozy s'adresse aux préfets et aux trésoriers-payeurs généraux

« Vous êtes fondés à demander des comptes sur la destination des sommes que l’ensemble des Français a prêtées au système bancaire ! »

30/10/2008 par David Baché


Des commandes industrielles en berne

Contrastant avec la situation de l’emploi en France, les chiffres publiés outre-Rhin pourraient paraître rassurants. Le nombre de chômeurs en Allemagne est passé en octobre sous la barre des trois millions, pour la première fois depuis seize ans, et ne touche plus désormais que 2,997 millions de personnes. Le taux de chômage brut se situe désormais à 7,2% en octobre, contre 7,4% en septembre.

Mais ces données n'augurent pas forcément d'une relative bonne santé de l'économie, comme le prouvent les carnets de commandes de plusieurs grandes entreprises industrielles allemandes. Le conglomérat MAN qui fabrique des camions et des moteurs a vu ses commandes chuter de 30% au troisième trimestre. Le géant de la chimie BASF et l’équipementier automobile Continental ont également corrigé vers le bas leur estimation de chiffres d’affaires pour 2008. D’importants secteurs industriels, comme l’automobile, sont déjà en difficulté. Plusieurs constructeurs ont d’ores et déjà annoncé leur intention de se séparer de milliers de travailleurs intérimaires pour contenir leurs coûts de production.

L’autre poids lourd de la zone euro, l’Espagne, a vu sa production industrielle reculer de 11,2% sur l’année. Un coup dur alors que le pays connaît une forte poussée du chômage. Selon les chiffres publiés fin octobre, le
taux est maintenant à son plus haut niveau depuis 2004, à 11,3%.

La confiance dans la zone euro en chute libre

Quant à l’ensemble de l’Union européenne, les commandes industrielles ont baissé de 1,4% en août 2008. Des carnets de commande en diminution amènent les patrons de l’industrie à réviser en baisse leurs perspectives de production. D’où une chute brutale du moral des industriels dans la zone euro. La Commission européenne a publié un indice qui le démontre. La confiance des chefs d'entreprises et des consommateurs de la zone euro a chuté de 7 points, pour atteindre 80,4 points. C’est le plus bas niveau depuis 1993. Il est même inférieur à celui enregistré après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Dans le reste des pays de la zone euro, la confiance s'est également effondrée à son plus bas niveau depuis 1993. Tous les pays de l'Union sont touchés. Parmi les grandes économies, les Pays-Bas (-11,3 points), la France (-6,5 points), ou l'Italie (-6,1 points), le sont particulièrement. La dernière mauvaise nouvelle, en date de ce jeudi 30 octobre 2008, émane de la croissance américaine. Le produit intérieur brut des Etats-Unis a reculé de 0,3% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent.

(Photo : Reuters/montage RFI)