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Crise financière

Les grands marchés automobiles européens en plein marasme

par Marie Dupin

Article publié le 04/11/2008 Dernière mise à jour le 05/11/2008 à 01:41 TU

Nouvelle série de mauvaises nouvelles pour le secteur automobile, sur fond de ralentissement mondial. Tous les grands marchés mondiaux sont touchés. Aux Etats-Unis, les ventes ont plongé de 32% en octobre sur un an, un plus bas depuis 25 ans. Le constructeur américain General Motors parle même de « pire mois » depuis la Seconde Guerre mondiale. La situation n’est guère plus rassurante en Europe, où les constructeurs enregistrent des chutes brutales de leurs ventes et revoient leurs perspectives de résultat et de production.
Des ouvriers de BMW, membres du plus important syndicat industriel allemand IG Metall, en grève à Leipzig, dans l'est de l'Allemagne, le 4 novembre 2008.(Photo : AFP)

Des ouvriers de BMW, membres du plus important syndicat industriel allemand IG Metall, en grève à Leipzig, dans l'est de l'Allemagne, le 4 novembre 2008.
(Photo : AFP)

 
C’est en Espagne que les chiffres sont les plus inquiétants. Les immatriculations de voitures neuves se sont effondrées de 40% par rapport à l’année précédente, pour atteindre un total inédit depuis 1995. Idem en Italie, où les immatriculations ont chuté de 19% en octobre, à 167 940 unités, selon le ministère des Transports. En Allemagne, la baisse des ventes est certes moins importante, mais elle est très significative. Car jusqu’à aujourd’hui le pays avait plutôt bien résisté. Cette fois, il est lui aussi rattrapé par la crise. L'Allemagne a en effet enregistré une chute brutale de son marché automobile en octobre, avec une baisse de 8% des nouvelles immatriculations. Fait significatif : le constructeur allemand BMW annonce qu’il ne peut plus fournir d’objectif précis de bénéfice pour 2008. Après un mauvais troisième trimestre, avec un chiffre d’affaires en baisse de 8% et un bénéfice réduit des deux tiers, le groupe estime maintenant qu’« aucun pronostic sérieux n'est actuellement possible pour le reste de l'année 2008 ». Même si BMW va encore gagner de l'argent cette année, avec un résultat « nettement positif » attendu, il ne parviendra pas à dépasser le record des ventes de l'an passé.

Plus d’exception tricolore non plus. Le marché automobile français est à son tour touché par la crise. Les ventes de voitures neuves ont chuté de 7,3% au mois d’octobre. Le groupe Renault accuse une chute de 9,8% de ses ventes. Celles de PSA Peugeot Citroën reculent de 4,7%. Reste que sur les 10 premiers mois de l’année, les ventes sont toujours en hausse, de 2,3%, grâce à un bon premier semestre. Mais pour le cabinet d’études Xerfi, la déprime va se prolonger au moins jusqu’au premier semestre 2009, et la hausse devrait se limiter à 1% en 2008.

Hausse du chômage et baisse du crédit

Les marchés européens subissent de plein fouet le ralentissement de l’économie, conjugué à une hausse du chômage. L’Espagne par exemple a déjà un pied dans la récession puisqu’elle a enregistré une croissance négative de 0,2% au troisième trimestre. Et le taux de chômage ne cesse d’augmenter. Il s’est établi à 11,33% au troisième trimestre. Résultat : les ménages reportent leurs achats de biens durables. Et ce malgré le repli des prix à la pompe depuis cet été.

Autre raison de cette baisse brutale des ventes de voitures neuves : le tarissement des crédits accordés aux ménages. En Allemagne par exemple, premier marché automobile européen, l'écrasante majorité des voitures neuves sont achetées via des crédits. Selon des porte-parole de Volkswagen et de BMW, 70% des nouvelles immatriculations sont acquises via un instrument de financement, leasing (un crédit permettant l'acquisition d'un bien en échange de redevances et avec option d'un droit de propriété à l'échéance) ou crédit auto. Un commerce qui avait explosé ces dernières années et qui a contribué à alimenter les trésoreries des constructeurs, qui ont même créé leurs propres banques. Mais, crise financière oblige, les conditions du crédit se resserrent.

Conséquences sociales

Pour éviter le gonflement des stocks de voitures alors que la demande chute, les constructeurs ont mis en place des programmes de réduction de production en recourant au chômage partiel. En France, après Renault et Peugeot, qui ont annoncé l’arrêt temporaire de leur production dans plusieurs de leurs usines, c’est au tour de Michelin d’annoncer des mesures de chômage partiel, dans son usine de Blanzy en Saône-et-Loire. Sans parler des plans de réductions d’effectifs : 4 000 « départs volontaires » prévus en France par le groupe Renault, 1 090 chez PSA. En Espagne, les constructeurs étrangers annoncent des plans de licenciement, comme le Japonais Nissan, qui va supprimer 1 680 emplois en deux ans à Barcelone. En Allemagne, les experts estiment que 10% des emplois dans cette branche vitale pour l’économie allemande pourraient être supprimés.

Enfin, dans la foulée des constructeurs, leurs fournisseurs s'apprêtent également à réduire la voilure. Ainsi en Allemagne, le numéro un mondial de l'équipement automobile Bosch annonce le recours au temps partiel tandis que le spécialiste du pneu Continental va supprimer 5 000 postes d’intérimaires à travers le monde d’ici la fin de l’année. En France, des équipementiers, NTN Transmission Europe, Hutchinson, Paulstra, Valeo, Fonderies du Poitou ont annoncé des mesures de chômage partiel touchant plusieurs milliers de salariés. Le Britannique GKN a également prévu une restructuration de sa division automobile. Pour certains sous-traitants, l'heure est même à la cessation de paiements, comme le plasturgiste Ranger France, qui emploie plus de 400 personnes dans l'ouest du pays.

Dossier spécial

(Photo : Reuters/montage RFI)