Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Etats-Unis

Economie : les grands travaux d’Obama

par Myriam Berber

Article publié le 05/11/2008 Dernière mise à jour le 06/11/2008 à 06:33 TU

Le nouveau président hérite d’une situation économique extrêmement difficile. Les Etats-Unis traversent la plus grave crise financière depuis celle de 1929. Le pays est entré en récession et la situation pourrait s'aggraver au moment de sa prise de fonction le 20 janvier 2009. Barack Obama prône un second plan de relance, destiné en priorité aux emprunteurs insolvables et aux chômeurs, financé par des allègements d’impôts.

Aux Etats-Unis, le taux de chômage a atteint 6,1% de la population active fin septembre 2008, son plus haut niveau depuis cinq ans.(Photo : AFP)

Aux Etats-Unis, le taux de chômage a atteint 6,1% de la population active fin septembre 2008, son plus haut niveau depuis cinq ans.
(Photo : AFP)

L’économie américaine se prépare à l’une des récessions les plus difficiles de son histoire. Faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers, nationalisation de l’assureur AIG, les places financières ont connu ces dernières semaines une tourmente inédite depuis la Grande Dépression de 1929. La classe moyenne est la grande victime de cette crise qui a démarré il y a plus d’un an sur le marché des crédits hypothécaires à risques («subprimes ») avec la chute des prix de l’immobilier. Le ralentissement du marché de l’immobilier combiné à la hausse des taux d’intérêt, sur lesquels sont indexés les remboursements a, en effet, changé la donne. Un ménage américain sur trois est débiteur ou proche de l’être d’un emprunt immobilier supérieur au prix de sa maison. Si rien n’est fait, 7,3 millions de foyers feront défaut sur leurs emprunts entre 2008 et 2010, et 4,3 millions pourraient perdre leur maison.

La classe moyenne est également touchée par les vagues de licenciements des derniers mois. Le taux de chômage a atteint 6,1% fin septembre, son plus haut niveau depuis cinq ans, et pourrait atteindre prochainement jusqu’à 8,5% de la population active. Pour faire face à cette situation, Barack Obama devrait mettre en place un second plan de relance de l’économie de 60 milliards de dollars, en plus des 168 milliards déjà prévus par l’administration Bush et approuvé en février par le Congrès. Ce nouveau plan prévoit un moratoire de 90 jours sur certaines saisies immobilières. Il servira notamment à épauler les millions d’Américains incapables de rembourser leurs prêts immobiliers et prévenir de nouvelles faillites.

Renforcer les autorités de régulation

Ce plan de relance sera accompagné d’une nouvelle réglementation financière qui devrait notamment faciliter le dégel du crédit, d’autant que les taux d’intérêts sont bas. Parmi les mesures envisagées figurent une consolidation des diverses agences fédérales actuellement en charge de la surveillance des marchés financiers. Barack Obama devrait doter la Banque centrale américaine, la Fed, de pouvoirs étendus et redéfinir les fonctions de la SEC, le régulateur des marchés, très critiquée durant la crise financière.

Les autres chantiers économiques du nouveau président sont plus classiques. D’abord, lancer une politique de grands travaux avec la création d’une banque d’investissement dans les infrastructures. Ensuite, promouvoir les énergies alternatives pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% à l’horizon 2050. Barack Obama approuve l’aide à la filière éthanol et souhaite que les Etats-Unis investissent 150 milliards de dollars pour financer les énergies renouvelables au cours des dix prochaines années. Objectif : rendre le pays indépendant d’un point de vue énergétique et créer cinq millions d’emplois. Dernier chantier et non des moindres : la réforme du système de santé. Près de 46 millions d’Américains ne disposent pas de couverture médicale. Barack Obama souhaite notamment rendre la couverture santé obligatoire pour les enfants, ce qui permettrait d’assurer les 9 millions de jeunes qui ne bénéficient pas de couverture médicale. Pour les adultes, il veut inciter les employeurs à fournir une assurance à leurs salariés en échange d’un crédit d’impôt.  

Taxer davantage les riches

Mais comment financer ce programme alors que le déficit budgétaire américain avoisinera les 1 000 milliards de dollars et que la consommation a reculé de plus de 3% ces trois derniers mois ? Pour réussir son pari, le nouveau président démocrate veut stimuler la consommation intérieure, moteur du PIB, par des allègements d’impôts. Barack Obama a mis la défense des classes moyennes au cœur de sa réforme de la fiscalité. Pour dynamiser la consommation intérieure, Barack Obama s’est engagé à poursuivre les réductions d’impôts votées sous l’administration Bush pour les foyers dont les revenus annuels n’excédent pas 250 000 dollars, soit 95% des foyers américains.

Il propose un abattement supplémentaire annuel de 500 dollars par salarié et 1 000 dollars pour famille pour ceux qui gagnent moins de 150 000 dollars par an. En revanche, il souhaite supprimer les réductions d’impôts pour les plus riches : plus de 200 000 dollars pour un célibataire et plus de 250 000 dollars pour un foyer. Il veut également porter le taux sur l’impôt sur les revenus du capital à 28% contre 15% aujourd’hui.

(Photo : AFP)
(Photo : Reuters/montage RFI)