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France

Ségolène Royal bouscule le « vieux PS »

par Patrice Biancone

Article publié le 07/11/2008 Dernière mise à jour le 07/11/2008 à 15:24 TU

Ségolène Royal le 29 octobre à Labège près de Toulouse.(Photo : Reuters)

Ségolène Royal le 29 octobre à Labège près de Toulouse.
(Photo : Reuters)

La guerre des chefs n'est sans doute pas terminée au PS : Ségolène Royal, dont le projet pour le Parti socialiste français est arrivé en tête au vote des militants, affirme que ce résultat doit être « respecté » et estime qu'il lui donne une « légitimité » pour diriger le principal parti d'opposition, même si elle n'a pas fait acte de candidature. A une semaine du congrès de Reims qui doit trouver un successeur à François Hollande tout cela promet de belles bagarres et d'intenses tractations.

La nuit a été longue pour les responsables socialistes. Et finalement le vote des adhérents nous livre deux enseignements. Le premier c'est qu'ils en ont assez du mauvais fonctionnement du parti et qu'ils entendent le rénover en changeant les équipes après le départ de François Hollande qui l'a dirigé pendant 11 ans. Et le second, c'est que la semaine qui s'ouvre s'annonce difficile. Il s'agira de chercher et de trouver une majorité forte pour le PS en vue du congrès de Reims qui se tiendra la semaine prochaine, majorité sans laquelle ce parti restera divisé et voué à l'opposition, voire à l'éclatement. Jean-Luc Mélenchon, le sénateur de l'Essonne et Marc Dolez, le député du Nord, ont déjà annoncé leur décision de quitter le PS.

Des résultats en trompe l'oeil

Les résultats du vote traduisent le rejet de ce que l'on appelle depuis quelque temps « le vieux Parrti socialiste ». C'est en effet la motion soutenue par Ségolène Royal qui arrive en tête avec un peu plus de 29% des voix...soit plus de 4 points d'avance sur la motion soutenue par Bertrand Delanoë et celle soutenue par Martine Aubry au coude à coude à 25%. Ségolène Royal prouve ainsi qu'il faut toujours compter avec elle, ce qui constitue une surprise pour tous ceux qui la disaient hors-jeu, autrement dit pour la plupart des responsables socialistes.

Ségolène Royal s'est toujours tenue un peu à distance du parti lui préférant le contact direct avec les militants et les adhérents, ce qui lui permet d'être plus à l'aise lorsqu'elle parle de changement. Un avantage certain alors que Bertrand Delanoë allié à François Hollande et Lionel Jospin ou encore Martine Aubry dont la motion a été signée par Laurent Fabius, pérennisent en quelque sorte les anciens clivages, ceux dont ne veulent plus les adhérents et plus largement les sympathisants socialistes...

 A la recherche d'alliances...

Les responsables socialistes ont une semaine pour trouver un compromis. C'est peu. Le 14 novembre ils seront réunis en congrès à Reims et pour éviter un désastre, celui du déchirement en public comme cela avait été le cas au congrès de Rennes en 1990, ils savent qu'ils doivent se mettre d'accord avant le grand rendez-vous. De ce point de vue, Benoît Hamon, le jeune député européen de 41 ans est appelé à jouer un rôle essentiel. Avec 19% des voix, sa motion est parvenue à fédérer la gauche du parti et pourrait apporter une majorité à celui ou celle qui saura le convaincre : c'est peut-être de ce côté qu'il faut chercher le vrai changement. Bertrand Delanoë a d'ailleurs pris les devants. Dès l'annonce des résultats, il a exclu toute alliance avec un parti « pas clairement à gauche ». Une façon de rappeler que Ségolène Royal est favorable à un élargissement au MoDem et de dire à Benoît Hamon qu'il n'a pas d'autre alternative que de s'entendre avec lui, ce qui n'est pas acquis, à moins d'accepter de le voir occuper le fauteuil de premier secrétaire.

Même combat pour Ségolène Royal. Elle vient de retrouver une légitimité. Il sera difficile de la contourner. Logiquement c'est autour de sa motion majoritaire que devrait s'organiser le rassemblement. Cela semble possible, à condition de laisser les manettes du PS à un autre signataire de sa motion, le nom de Vincent Peillon est souvent cité. L'avantage, c'est qu'elle pourrait alors préparer plus sereinement l'échéance de 2012 en s'appuyant, cette fois, sur un parti qui ne lui savonne pas la planche, condition indispensable pour envisager une victoire.