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Crise financière

Sommet à Bruxelles avant celui de São Paulo

par Myriam Berber

Article publié le 07/11/2008 Dernière mise à jour le 08/11/2008 à 04:54 TU

Guido Mantega, ministre brésilien des Finances.(Photo : Reuters)

Guido Mantega, ministre brésilien des Finances.
(Photo : Reuters)

Vingt-sept dirigeants européens se sont réunis, vendredi 7 novembre 2008, à Bruxelles pour définir une position commune sur la réforme du système financier international avant le sommet du G20 à Washington. La préparation de ce groupe de 20 pays industrialisés et émergents se poursuivra samedi et dimanche à São Paulo, capitale économique du Brésil, avec une réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales.
Les 27 dirigeants européens ont tenté d’adopter, vendredi 7 novembre 2008, à Bruxelles une position commune sur la réforme de l’architecture financière internationale. Le président en exercice de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy, veut que l'Europe parle d'une voix unie les 14 et 15 novembre prochains à Washington. « Face à la crise économique qui s'annonce, la coordination de nos politiques économiques est une ardente obligation », a plaidé Nicolas Sarkozy. L’idée d’organiser une « réponse coordonnée au niveau international » est loin de faire l’unanimité. Plusieurs pays de l’Union, dont l’Allemagne, refusent cette formulation. Ils craignent que cela débouche sur la création d’un gouvernement économique européen.

Mais dans les grandes lignes, les Vingt-Sept sont d’accord pour renforcer la régulation des marchés, réduire les pratiques à risque et surtout renforcer le rôle du Fonds monétaire internationale (FMI). Il s’agit de faire du FMI « la principale organisation en charge de la stabilité financière internationale ». Il serait ainsi en charge d’un système d’alerte rapide dès qu’un risque apparaîtrait pour la stabilité économique mondiale.

Sorties de capitaux

Le G20 sur la crise financière doit réunir les chefs d’Etat et de gouvernement des huit nations les plus industrialisées et onze autres pays dits émergents (Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie). La crise qui est née aux Etats-Unis, puis s’est propagée à l’Europe, est en train de gagner les pays émergents. La plupart de ces Etats n’ont pas investi directement dans les fameux « subprimes » (crédits hypothécaires à risques) à l’origine de la tourmente mais, par contagion, ils sont confrontés aux mêmes problèmes de liquidités bancaires et à un véritable ralentissement économique.

L’impact que toutes ces économies ressentent de plein fouet, c’est le phénomène dit de « delevaraging », selon le terme des experts. Dans un mouvement de défiance généralisé, les investisseurs internationaux rapatrient les capitaux qu’ils ont placés sur ces marchés pour éponger leurs pertes sur les marchés du crédit et préfèrent investir sur des placements plus sécurisés. Dans ce contexte, les pays qui présentent des faiblesses supplémentaires, comme une dépendance aux matières premières ou un endettement élevé, sont particulièrement exposés. Autre phénomène aggravant : la chute des prix des matières premières, et notamment du pétrole, a asséché leurs revenus d’exportations et leurs recettes fiscales. C’est le cas de la Russie et du Venezuela pour le pétrole, du Brésil et de l’Argentine pour les produits de base.

Un rôle accru des pays émergents

Les trois grandes économies émergentes que sont la Chine, l’Inde et le Brésil commencent à accuser le coup. En Chine, le taux de croissance est passé sous la barre des 10%, pour la première fois depuis trois ans. Ce taux suscite l’inquiétude des autorités, puisque le chiffre de 9% de croissance est considéré comme le seuil critique en dessous duquel ne peuvent plus être créés les 10 à 15 millions d’emplois nécessaires chaque année pour absorber l’augmentation de la population active dans les villes. La contraction de la demande des pays occidentaux affecte directement l’économie chinoise. L’excédent commercial a enregistré un déclin de 2,6% au cours des neuf premiers mois de l’année. Un certain nombre de petites entreprises chinoises tournées vers l’export ont même déjà commencé à fermer.

L’Inde est aussi touchée par la crise financière, malgré un taux de croissance de 7,5%. La Bourse de Bombay a perdu 50% depuis janvier. La crise commence à avoir des retombées sur l'économie réelle. L’indien Tata Steel, sixième producteur mondial d'acier, a perdu plus d'un milliard de dollars, en raison d’investissements boursiers d'une de ses filiales. Pour le Brésil, les analystes prévoient un net ralentissement de la croissance. Pour 2009, Merrill Lynch anticipe une baisse de l’augmentation du PIB brésilien à 3,8% contre 5,1%.

Les dirigeants des grandes puissances émergentes sont bien décidés de faire entendre leur point de vue sur la réforme du système financier international. « Puisque l’économie est de plus en plus globalisée, il est de plus en plus difficile de nier aux économies émergentes et en développement une participation plus importante dans les décisions mondiales », a fait savoir Guido Mantega, le ministre brésilien des Finances, dont le pays préside le G20. Le Brésil, qui se veut le porte-parole des grands pays émergents, réclame une plus grande régulation des marchés et un renforcement du rôle du FMI. Le patron du FMI Dominique Strauss-Khan, ainsi que le président de la Banque mondiale Robert Zoellick, invités à Washington, participeront également à la réunion de São Paulo. 

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