par Patrice Biancone
Article publié le 13/11/2008 Dernière mise à jour le 13/11/2008 à 15:07 TU
Le suspense continue avec le « ni oui, ni non » de Ségolène Royal concernant sa candidature à la tête du Parti socialiste. Alors que le congrés national du PS s'ouvrira ce samedi, elle reconnaît avoir envie de le diriger mais se garde toujours d'annoncer sa candidature. Quant à Benoît Hamon qui représente l'aile gauche du parti, il dit aujourd'hui être proche d'un accord avec Martine Aubry. Lui, par contre, déclare clairement qu'il est candidat au poste de premier secrétaire.
C'est un ni-ni. La posture rappelle un peu François Mitterrand. Ni oui, ni non. Ni candidate au poste de premier secrétaire, ni pas candidate. C'est à condition... A condition de pouvoir rassembler car l'envie est là. Envie d'être « rassembleuse » pour un, pour deux, pour trois et même pour quatre. Bref, si Ségolène Royal a reconnu qu'elle n'était pas une femme d'appareil et qu’elle préférait le contact direct avec les « gens », elle a aussi montré hier soir qu'elle savait être politique au point de différer son choix afin que vive la négociation qui a lieu depuis quelques jours avec les représentants des autres motions.
C'est assez habile. Cela permet de fermer provisoirement le chemin de la coalition contre elle. Cela oblige ses adversaires à plus de modération. Et cela pourrait même durer le temps du congrès « si nécessaire », a dit Ségolène Royal...
Bertrand Delanoë, Martine Aubry et Benoît Hamon lui ont posé des questions. Ségolène Royal leur a fait des réponses. A eux de dire désormais si elles leurs conviennent. Autrement dit à eux de se prononcer sur l'unité autour de la motion qui est arrivée en tête au risque, s'ils refusent de tenir compte des propositions qui leur sont faites, de passer pour des diviseurs et de renforcer le sentiment qu'il s'agit bien d'un combat de personnes auquel nous assistons, combat dont l'objectif premier serait d'empêcher l'émergence de nouveaux leaders. Là encore c'est habile.
Finalement, Ségolène Royal a relancé tout simplement, sans le formuler explicitement, le débat sur ce que l'on appelle le vieux PS face à la rénovation. Elle prend ainsi les militants socialistes à témoin. Et si elle adopte cette position, c'est en partie parce qu'elle sait qu'ils seront une nouvelle fois consultés, après le congrès de Reims. Et que c'est eux qui détiennent la foudre qui frappera le 20 novembre jour de l’élection du premier secrétaire.
Les questions qui font débat ?
Les questions qui ont été posées à Ségolène Royal sont de trois ordres. Pas plus tard qu'hier soir Pierre Moscovici qui soutient Bertrand Delanoë les a rappelées.
Tout d'abord le parti et son fonctionnement. Accusée de s’être volontairement tenue éloignée de lui, les adversaires de Ségolène Royal cherchent à persuader les Français qu’elle n’est pas faite pour le poste de premier secrétaire. Ils lui font deux reproches : elle serait incapable de produire du consensus, incapable de faire émerger des convergences. Et elle ne se soucierait que de l’investiture à l’investiture pour 2012. Voilà qui ne manque pas de sel venant de ceux qui ont la même ambition qu’elle sans avoir plus de moyens et plutôt moins de légitimité.
Ensuite, et c’est la seconde question qui lui est posée : considère-t-elle véritablement que la social-démocratie est périmée comme elle l'a déjà dit ? Pour certains qui désirent s’inscrire dans le vaste mouvement social-démocrate européen, cette opinion constitue un véritable déni : il faut qu’elle s’explique et se prononce, jugent-ils. Et enfin, confirme-t-elle ou non sa volonté d’alliance avec le MoDem ? Ségolène Royal a déjà répondu sur ce dernier point. Le sujet n’est pas d’actualité a-t-elle dit. « Réunir la gauche et s'ouvrir aux autres, c'est là toute ma démarche ».
L’avenir du PS est donc suspendu à un congrès qui s’annonce très politique et très dur. Les socialistes savent pourtant qu’ils ont besoin d’un bon accord. Car, comme le disait Pierre Moscovici, « si ça ne sort pas, nous serons dans la merde ».
A écouter
« Ségolène Royal en a donc envie, envie de succéder à François Hollande à la tête du PS. Mais pas question pour elle de déclarer sa candidature dès aujourd'hui. »
13/11/2008
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