par Sylvain Biville
Article publié le 24/11/2008 Dernière mise à jour le 25/11/2008 à 08:24 TU
Le parti présidentiel remporte 17 des 22 régions lors des élections régionales de dimanche au Venezuela. Un an après l’échec du référendum constitutionnel, Hugo Chavez conforte son pouvoir. Mais l’opposition progresse et prend le contrôle des deux Etats les plus peuplés et de la capitale, Caracas.
Les Vénézuéliens n’ont pas donné de chèque en blanc à leur président Hugo Chavez, à Caracas le 23 novembre 2008.
(Photo : Reuters)
La victoire d’Hugo Chavez ressemble à un raz-de-marée : en l’emportant dans 17 des 22 régions du pays, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) confirme sa position de première force politique. Mais à y regarder de plus près, le succès du chef de l’Etat est relativement précaire. Hugo Chavez a cherché à dramatiser les enjeux de ce scrutin régional pour en faire un test national.
« C’est l’avenir de la révolution qui est en jeu, l’avenir du socialisme, du gouvernement révolutionnaire et d’Hugo Chavez », avait déclaré le président vénézuélien avant le scrutin. La victoire de son parti lui permet d’effacer l’humiliation subie il y a un an, lors du rejet par référendum de son projet constitutionnel – son premier revers électoral depuis son arrivée au pouvoir en 1998. Le PSUV a réussi, après une campagne très active, à mobiliser sa base, qui avait boudé les urnes lors du référendum de décembre 2007. Il obtient jusqu’à 70% dans certaines zones rurales. Et il remporte un succès particulièrement symbolique à Barinas, le fief de la famille Chavez, où le propre frère du président, Adan, va succéder à leur père au poste de gouverneur.
Progrès de l’opposition
Mais les Vénézuéliens n’ont pas donné un chèque en blanc à leur président. L’opposition, qui avait réussi à mettre ses dissensions en sourdine pour afficher un front uni, progresse. Elle conserve les deux Etats qu’elle détenait depuis 2004 : Nueva Esparata et Zulia. Dans cette dernière région, pompe à finances du Venezuela grâce au pétrole, qui rapporte la moitié des revenus du pays, Manuel Rosales, rival malheureux d’Hugo Chavez à la présidentielle de 2006, parvient à déloger le maire chaviste de la capitale régionale, Maracaibo. L’opposition réussit aussi à prendre le contrôle de Miranda, la région la plus peuplée. Elle prend également le contrôle de Caracas, où le PSUV était pourtant donné favori.
Les résultats se font toujours attendre dans deux des 22 régions du pays. Mais déjà, chaque camp revendique la victoire. Ce scrutin en demi-teinte ne comble pourtant ni les attentes du parti présidentiel, ni celles de l’opposition. Les adversaires d’Hugo Chavez espéraient capitaliser sur la dégradation de l’économie (l’inflation atteint 40%) et sur l’insécurité galopante pour lui barrer la route. Mais ces élections régionales confirment la popularité du chef de l’Etat, dix ans après son arrivée au pouvoir. Il n’obtient pas, cependant, le plébiscite espéré pour relancer son projet controversé de nouvelle Constitution, qui lui permettrait de se représenter en 2012.
Le grand vainqueur de ces élections, c’est la démocratie vénézuélienne. Les citoyens étaient appelés aux urnes pour la douzième fois en une décennie. Et ils n’ont exprimé aucune lassitude en votant massivement : le taux de participation de 65% est un record pour le Venezuela.
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