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Inde

Bombay en plein chaos

Article publié le 27/11/2008 Dernière mise à jour le 27/11/2008 à 21:24 TU

Des hôtels de luxe dont le Taj Mahal de Bombay, un restaurant, une salle de cinéma, un terminal de bus et des hôpitaux, telles ont été ces dernières heures les cibles d’une série d’attaques menées par des hommes lourdement armés dans la capitale économique de l’Inde. La ville vient de vivre des heures de cauchemar et ce n’est pas terminé : les forces indiennes affrontaient toujours, ce jeudi, des islamistes armés qui retiennent des otages, dont des étrangers, dans deux hôtels de luxe de Bombay, après avoir lancé cette série d'attaques coordonnées qui ont fait quelque 125 morts.

Un groupe de personnes tentent de se mettre à l’abri des tirs provenant de l’hôtel Taj mahal de Bombay, le 27 novembre 2008. (Photo : Reuters)

Un groupe de personnes tentent de se mettre à l’abri des tirs provenant de l’hôtel Taj mahal de Bombay, le 27 novembre 2008.
(Photo : Reuters)

Avec notre correspondant à New Delhi, Mouhssine Ennaimi

La situation restait très confuse, ce jeudi, concernant les otages. On pensait que ceux détenus dans l’hôtel du Taj Mahal avaient été libérés. Puis, on a cru qu’une intervention était en cours à l’hôtel d’Oberoi. En fait, l’hôtel du Trident Oberoi est complètement assiégé. Plusieurs centaines de soldats ont bouclé le quartier. La police tient les badauds et les journalistes à distance, d’autant qu’on entend très régulièrement des explosions et qu’il y a des tirs croisés. Et dans l’hôtel Oberoi, il y aurait une douzaine de terroristes qui retiendraient toujours une cinquantaine d’otages.

On a appris, dans la matinée, qu’une poignée d’otages aurait réussi à s’échapper en passant par les portes de service. C’est ce que l’on a pu voir ce matin sur les télévisions indiennes. Des otages sont toujours retenus, l’armée continue de cerner le bâtiment, la police est toujours autour, des badauds également, mais ils font bien attention à se cacher derrière un pilier ou derrière un obstacle pour pouvoir se protéger en cas de tirs.

On entend très régulièrement des explosions ou bien des tirs entre l’armée et les terroristes. On n’a aucune information sur la négociation, pas plus que sur une intervention militaire. Le gouverneur adjoint du Maharashtra, la région de Bombay, a précisé que les canaux de communication ont été coupés pour que les terroristes ne puissent pas voir ce que les médias indiens filment. Donc en réalité, dans les deux hôtels, il n’y a plus de télévision afin que les terroristes ne s’informent pas sur ce qui se passe à l’extérieur.

(Carte : RFI)

(Carte : RFI)

Bilan des attaques : 125 morts au moins à travers la ville

C’est un groupe islamiste inconnu jusque-là, les Moudjahidin du Deccan, qui a revendiqué la série d’attaques. Les assaillants, selon certaines sources, sont arrivés par bateau à Bombay. C’est une théorie que l’on a déjà entendue depuis hier. La police dit avoir saisi plusieurs bateaux avec des explosifs à l’intérieur. En fait, selon les autorités, il semblerait que les terroristes soient arrivés uniquement par la mer. Bombay est une presqu’île et de nombreux bateaux de pêcheurs et de plaisance sont arrimés dans la baie.

Cette théorie est tout à fait plausible puisque les terroristes sont arrivés avec des armes, un arsenal assez important, comme on a pu le constater hier. Transporter tout cela par voiture ou par transports publics était quand même quasi impossible ou extrêmement délicat, d’autant que Bombay est une ville placée en état d’alerte, qu’il y a de nombreux barrages et que la police vérifie régulièrement les véhicules et l’identité de chacun.

A écouter

Christohe Jaffrelot du Ceri

« Il va bien falloir que le gouvernement indien s’occupe de ses musulmans (…) il y a une discrimination évidente à l’embauche, une ghettoïsation, une paupérisation des musulmans, on ne peut pas laisser 150 millions de personnes s’enfoncer ainsi qui, pour sa jeunesse, est propice à la violence ».

27/11/2008

Bernard Rouhaut sur la situation dans le pays

« Je suis très surpris de voir pour la première fois les rues de Bombay vides, les Indiens sont très mal et très inquiets… ».

27/11/2008

Manmohan Singh, Premier ministre indien

« Ces attaques bien préparées et bien orchestrées, probablement avec des ramifications à l’extérieur visent à créer un sentiment de panique en choisissant des cibles de haut niveau et en tuant des étrangers… »

27/11/2008

Invité 13h00 Olivier Guillard/Iris

« On peut penser que les preneurs d’otages sont Indiens, on les a entendus s’exprimer en hindi et en urdu, (…). Ce que le Premier ministre indien ne met pas en lumière dans son propos c’est qu’on est dans une période électorale, dans six mois, auront lieu les prochaines élections législatives générales... ».

27/11/2008