Article publié le 01/12/2008 Dernière mise à jour le 01/12/2008 à 16:31 TU
L'armée nigériane a renforcé sa présence à Jos, au centre du pays. Des patrouilles quadrillaient la ville ce lundi, deux jours après des affrontements entre chrétiens et musulmans qui ont fait au moins 200 morts - voire plusieurs centaines selon certaines sources. Les autorités ont imposé un couvre-feu.
Des soldats nigerians patrouillent dans les rues de Jos au Nigeria, le 30 novembre 2008.
( Photo : Reuters )
Avec notre correspondant à Lagos, Ali Kabré
Des centaines de morts, jusqu'à 1500 arrestations, une ville en état de siège : Jos, la capitale de l'Etat du plateau se réveille d'un douloureux cauchemar. Pendant 48 heures, de vendredi à samedi, les communautés chrétienne et musulmane se sont affrontées à coups de machette et de flèches, avant que l'armée et la police n'interviennent brutalement.
Samedi, après que les autorités locales eurent donné l'ordre de tirer à vue, de nombreuses personnes ont été retrouvées tuées par balles. Le calme est revenu dimanche mais la ville restait soumise à un couvre-feu nocturne et l'armée maintenait son dispositif.
Les radios ont diffusé en boucle des messages d'apaisement émanant notamment du conseil interreligieux et des responsables politiques locaux. Des milliers de personnes ont fui la ville. Certains quartiers se sont vidés de leurs populations.
Au vu de la gravité de la situation, d’autres renforts militaires sont arrivés des Etats voisins, ces forces de l’ordre sont en état d’alerte maximale et la population comprend bien qu’il vaut mieux les éviter. Les soldats ont reçu l’ordre en effet de tirer à vue, nombreux sont donc les habitants qui se sont terrés chez eux au point de commencer à manquer de nourriture.
Boutiques et édifices religieux incendiés
Les autorités restent très floues sur le bilan de ces affrontements. La police parle de deux cents morts, mais précise que le décompte final est loin d'être achevé. Un exemple, l'imam de la mosquée centrale a vu passer dans ses locaux plus de quatre cents corps. Les dégâts matériels sont importants. On évoque ici des milliers de voitures incendiées, de nombreuses habitations, boutiques et édifices religieux brûlés.
En attendant de dégager les rues et peut-être de situer les responsabilités, des voix s’élèvent pour demander l’annulation du scrutin à Jos. Le parti d’opposition, Action Congress, regrette et condamne le fait que les résultats aient été proclamés vendredi soir en dépit des accusations de fraudes et qui plus est, dans un contexte de violence. Le All Nigeria Peoples Party, la formation de l’ancien président Muhammadu Buhari, réclame une enquête judicaire indépendante sur les événements de Jos.
Hier dimanche, plusieurs cérémonies d'inhumation collective ont eu lieu sous haute surveillance. Pour tous les témoins que nous avons contactés, il ne sera pas facile aux chrétiens et aux musulmans d'oublier cette violence même s'il faudra bien réapprendre à vivre en paix.
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