par Sophie Backer
Article publié le 05/12/2008 Dernière mise à jour le 08/12/2008 à 02:41 TU
Dès le début 2008, Nicolas Sarkozy avait annoncé son intention d’être « à 100% » sur la présidence européenne durant le second semestre 2008. Et malgré l’impact de la crise financière internationale sur l’économie française, il n’a pas faibli, jusqu’à être baptisé par certains « président européen ».
Rarement présidence de l’Union européenne aura été autant investie par un chef d’Etat ou de gouvernement. Dès le début 2008, Nicolas Sarkozy avait annoncé son intention d’être « à 100% » sur la présidence européenne durant le second semestre 2008. Et malgré l’impact de la crise financière internationale sur l’économie française, il n’a pas faibli, jusqu’à être baptisé par certains « président européen » au grand dam de ses détracteurs qui soulignent que la présidence tournante est celle du Conseil européen et non pas celle des 493 millions de citoyens européens.
Pourtant tout ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices. Le « non » irlandais au traité de Lisbonne – le 12 juin 2008 – puis les déclarations polonaises mettant en doute la suite du processus de ratification, auraient pu tempérer l’enthousiasme du président français. Un président surveillé d’emblée de très près par ses partenaires européens. Certes Nicolas Sarkozy n’avait jamais caché son fort penchant pour l’Europe, mais la France, grande puissance au sein des 27, devait tout de même donner des gages après son retentissant refus de la constitution européenne au printemps 2005.
C’est dans ce contexte que démarrait au 1er juillet la présidence française, avec force festivités (la Tour Eiffel aux couleurs de l’union européenne pour 6 mois) et déclarations présidentielles rassurantes sur le devenir de l’Union. Nicolas Sarkozy avait fait mener d’intenses travaux de préparation et la liste des dossiers prioritaires était ambitieuse : le Pacte européen sur l’immigration et l’asile, le paquet Energie-Climat, le renforcement de la Défense et la révision de la Politique Agricole Commune.
Moins de deux semaines plus tard, Paris se transformait en capitale de la diplomatie internationale avec le lancement, en grande pompe, de l’UPM, l’Union pour la Méditerranée : 43 chefs d’Etat et de gouvernement de toute l’Europe et du bassin méditerranéen réunis au Grand Palais pour le coup d’envoi d’une initiative diplomatique d’une ampleur majeure qui ressuscitait le processus de Barcelone mis en place dans le cadre européen et projetait de l’amplifier. Les pays de l’UE, un temps écartés de l’opération, avaient fini par y être associés, faisant paradoxalement de ce 13 juillet l’un des moments majeurs de la présidence française de l’Union européenne.
Mais c’est dans le creux de l’été que Nicolas Sarkozy prenait la pleine dimension de son rôle de président du conseil européen. La crise du Caucase le plaçait en situation de médiateur actif entre Géorgiens et Russes. Un rôle qu’il a endossé avec un certain succès et qui lui a valu l’approbation de ses partenaires mais aussi de l’opinion publique française.
Un bilan positif
Avec l’adoption des principaux textes prévus, et l’investissement massif de Nicolas Sarkozy dans le règlement du Paquet Energie-Climat, le bilan de la présidence française aura donc été plutôt positif. La difficulté consistait, comme pour chacune des présidences tournantes, à donner une réelle impulsion à la construction européenne en seulement six mois de temps tout en gérant les dossiers qui se présentaient. De fait, depuis la mi-septembre, la crise économique a largement dominé le temps politique de tous les gouvernements. Nicolas Sarkozy a, tout à la fois, donné l’impulsion nécessaire pour que des réponses européennes se dégagent et trouvé les solutions pour le plan de relance français annoncé à Douai le 4 décembre - qui, au passage, aggrave les déficits publics et fait sortir la France des critères européens…
Nicolas Sarkozy a aimé investir le champ européen. Il aurait d’ailleurs bien voulu rester à la manœuvre après le 1er janvier 2009 en institutionnalisant un Eurogroupe de la zone euro avec un président à sa tête. Le projet n’a pas été retenu. Dès le début de l’année prochaine, le chef de l’Etat sera donc à nouveau entièrement disponible pour les affaires intérieures : il s’agira notamment pour lui d’achever la réorganisation de la direction de l’UMP et de recomposer le gouvernement. Autant de décisions attendues qui doivent donner une nouvelle impulsion à la suite du quinquennat dans la perspective – première échéance – des élections européennes de juin 2009.