Article publié le 13/12/2008 Dernière mise à jour le 13/12/2008 à 17:07 TU
Au cours du dernier sommet européen de sa présidence qui vient de se tenir à Bruxelles, Nicolas Sarkozy a réussi à obtenir trois accords sur trois dossiers de taille : le Traité de Lisbonne qui sera revoté par les Irlandais, le plan de relance européen, et le plan climat qui à lui seul remet l’Europe au premier plan dans le jeu politique mondial.
Nicolas Sarkozy à la conférence de presse de fin du sommet de l’Union européenne à Bruxelles, le 12 décembre 2008.
(Photo : Reuters)
Depuis l’avènement de la crise financière, de nombreuses voix s’élèvent pour dire que jamais les Européens n’y arriveraient. Un scepticisme parfois alimenté par les dirigeants européens eux-mêmes qui prétextaient la crise pour réduire l’envergure du plan climat.
Même Angela Merkel, jusqu’ici la dirigeante la plus concernée par la sauvegarde de la planète, elle qui était allée jusqu’au Groenland pour constater le recul de la banquise, même elle, a fait volte-face. La priorité devenait désormais pour elle, comme pour d’autres dirigeants, l’Italien Berlusconi par exemple, de préserver les emplois. La lutte en faveur de l’environnement passait après.
A la décharge d’Angela Merkel, il faut reconnaître que certaines industries allemandes, dans le secteur automobile, de la chimie ou de l’acier, sont très polluantes et risquent d’être délocalisées, si on leur applique des contraintes trop fortes, vers des pays qui n’ont pas les mêmes contraintes environnementales.
Un tour de force
Chaque pays européen peut justifier ses réticences, qu’il s’agisse des emplois à préserver, des économies à faire, des industries des pays de l’Est à moderniser,ou des efforts à réaliser pour sortir de la dépendance très lourde du charbon, la Pologne par exemple dépend à 95% du charbon pour sa production d’électricité .
Les Européens ont réussi ce tour de force, à 27 pays, tous très différents les uns des autres, avec des politiques et des économies différentes, des niveaux de développement dissemblables, de se mettre d’accord sur un plan très ambitieux .
Si eux y sont arrivés à 27, malgré leurs très grandes différences, pourquoi les quelque 180 Etats de la planète, eux aussi très différents, ne pourraient-ils arriver à dégager une volonté politique commune, avec des objectifs concrets voire contraignants ?
Désormais l’Europe compte
Depuis 2007, avec l’objectif ambitieux décidé sous la présidence allemande, de réaliser les «20-20-20 » (réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre, porter à 20% la part des énergies renouvelables, et faire 20% d’économie d’énergie), l’Union européenne devenait leader mondial en matière de lutte pour l’environnement. En adoptant le plan, elle confirme son leadership et du même coup devient crédible vis-à-vis des Etats-Unis notamment et de leurs alliés, comme par exemple le Canada et l’Australie.
Le message politique de l’Europe est d’ailleurs bien parvenu à Poznan, en Pologne, où s'est clôt le même jour la conférence des Nations unies pour le climat. Le négociateur pour l’ONU, Yvo de Boer, a salué la détermination et le courage des Européens. « Cela contribuera à propulser le monde vers un accord fort, ambitieux, et qui pourra être ratifié à Copenhague en 2009 ». C’est en effet dans la capitale danoise que doit être lancé l’après-Kyoto, le nouvel accord sur le changement climatique. Quant à John Kerry, le représentant de Barack Obama à Poznan, il a salué « l’énorme démonstration de leadership des Européens et un effort fantastique ».
Que les Américains félicitent et rejoignent les Européens dans leur démarche est suffisamment rare pour que cela soit noté. Cela confère un rôle politique à l’Europe, un rôle à développer.
Désormais, l’Europe compte. Elle est audible, elle est crédible. Et cette manifestation d’unité sans précédent, pour un plan aussi ambitieux, lui donne l’occasion d’une relance politique inespérée !