par RFI
Article publié le 26/12/2008 Dernière mise à jour le 26/12/2008 à 22:24 TU
Les funérailles nationales du président Lansana Conté, décédé lundi à 74 ans après 24 ans d'un pouvoir très contesté, se sont déroulées ce vendredi à Conakry en présence de plus de 30 000 personnes et de plusieurs chefs d'Etat de la région. Etaient présents les présidents Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Joao Bernardo Vieira (Guinée-Bissau), Ellen Johnson Sirleaf (Liberia) et Ernest Bai Koroma (Sierra Leone) ainsi que le président de la Commission de l'Union Africaine (UA) Jean Ping et son homologue de la Cédéao Ibn Chambas.
Dans le même temps, la junte qui a pris le pouvoir mardi tentait de convaincre la communauté internationale et les Guinéens du bien-fondé de son action en mettant sur pied des « réunions d'information ».
A chacune des étapes des funérailles, une foule nombreuse, un hommage massif qui contraste avec l’état de pauvreté et de sous-développement dans lequel Lansana Conté a laissé la Guinée.
(Photo : AFP)
« Une véritable marée humaine et une longue file de motos et de voitures sont venues accompagner la dépouille de Lansana Conté… ».
« Toute la classe politique guinéenne de la mouvance de l’opposition, tous les anciens ministres des derniers gouvernements successifs de Lansana Conté, tous les hauts cadres sont ici présents... ». C’est une véritable marée humaine et une longue file de véhicules qui ont accompagné la dépouille de Lansana Conté, le président guinéen, de l’Assemblée nationale au stade du 28 septembre. De la foule sortait un portrait du chef de l’Etat brandi par un Guinéen. Parfois, des mains se levaient pour tenter de toucher le cercueil. De nombreuses jeunes filles en pleurs sur le bord de la route. « Je suis heureux qu’on ait pu faire honneur à notre chef de l’Etat », a expliqué un jeune dans la foule. Ce vendredi matin, au Palais du peuple, le siège de l’Assemblée nationale, les femmes enroulées dans de longs voiles blancs ont très tôt commencé à entonner les chants religieux destinés à accompagner le défunt, ce que l’on appelle les « beti » en langue soussou, la langue du président Conté. A chacune des étapes de ces funérailles, à l’Assemblée, au stade, à la grande mosquée de Conakry, une foule nombreuse, un hommage massif qui contraste avec l’état de pauvreté et de sous-développement dans lequel Lansana Conté a laissé la Guinée. Des réactions internationales contrastées De nombreuses personnalités politiques étaient présentes
Avec notre envoyé spécial à Conakry, Laurent Correau
Président du Sénégal
« Mon sentiment est que ce groupe de militaires mérite d’être soutenu. On ne doit pas leur jeter la pierre… »
Menace de sanctions contre Conakry
Les Etats-Unis et le Canada sont les deux pays qui ont les mots les plus durs pour dénoncer la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara. Washington et Ottawa condamnent fermement le coup d'Etat et appellent au respect intégral de l'ordre constitutionnel. En clair, pour les Américains et les Canadiens, c'est au président de l'Assemblée nationale d'assurer la transition et de mener la Guinée à de nouvelles élections dans un délai de 6 mois.
L'organisation internationale de la francophonie (OIF) condamne elle aussi fermement ce putsch et appelle à une mobilisation en faveur de l'Etat de droit. L'Union africaine (UA) a pour sa part déjà brandi la menace de sanctions contre Conakry ; mais le président de la commission, Jean Ping, qui est à Conakry pour les funérailles de Lansana Conté, doit s'entretenir avec les acteurs politiques guinéens pour trouver une solution acceptable pour l'ensemble de la classe politique locale.
La France, qui préside l'Union européenne, semble pour sa part avoir déjà accepté de facto le coup d'Etat. Dans un communiqué de l'Elysée, Nicolas Sarkozy ne condamne pas les putschistes et se contente d'exprimer sa vive préoccupation. Pour la France, la priorité va à des élections libres et transparentes dans un bref délai. Aucune date n'est mentionnée dans ce communiqué. Le ministère français des Affaires étrangères demande quant à lui des élections au premier semestre 2009.
A écouter
« Les militaires au pouvoir en Afrique n'ont jamais rien apporté de bon. Je ne pense pas qu'un coup d'Etat soit la solution ».
26/12/2008