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Union européenne

Présidence de l'UE : la République tchèque succède à la France

par Patrick Adam

Article publié le 31/12/2008 Dernière mise à jour le 01/01/2009 à 18:55 TU

La République tchèque prend ce 1er janvier 2009 la tête de l’Union européenne. Prague succède à Paris à la présidence tournante du Conseil dans un contexte délicat. En plus d’une crise économique qui affecte l’Union, la République tchèque devra gérer ses divisions intérieures, avec notamment un chef de l’Etat farouchement eurosceptique.
Le drapeau tchèque (au premier plan) flottant avec le drapeau européen et ceux des autres pays membres, à Bruxelles.(Photo : Reuters)

Le drapeau tchèque (au premier plan) flottant avec le drapeau européen et ceux des autres pays membres, à Bruxelles.
(Photo : Reuters)

Chaque soir depuis six mois la tour Eiffel s’éclairait de bleu et arborait sur l’un de ses flancs les étoiles européennes. Désormais, c’est une autre capitale qui illuminera l’un de ses symboles des couleurs de l’Union. C’est en effet le métronome géant qui surplombe le centre de Prague qui servira de témoin et « permettra de mesurer pendant six mois le temps de la présidence tchèque », selon l’expression du porte-parole du vice-Premier ministre chargé des Affaires européennes. Surnommé « la machine du temps », ce monument de vingt-cinq mètres de haut a été installé en 1991 là où se trouvait anciennement une statue de Staline. Quand, en 2003, les Tchèques se sont prononcés par référendum sur l’adhésion à l’UE, il marquait le choix possible entre le « oui » et le « non ».

Certes ce n’est qu’un symbole, mais dans le contexte d’une présidence tchèque avare de signes d’affection à l’égard de l’Union, ce n’est pas rien. Faut-il rappeler que le président Vaclav Klaus au nom de son euroscepticisme refuse qu’un drapeau européen flotte sur le château de Prague où il réside.

Un président eurosceptique

C’est d’ailleurs peu dire que cette présidence s’ouvre sous de curieux auspices. Censée impulser une dynamique au sein de ses partenaires, la République Tchèque s’avère être le seul Etat membre parmi les Vingt-Sept à ne jamais s’être exprimé sur le traité de Lisbonne, pourtant indispensable à une refonte des institutions. Et si l’exécutif praguois promet une présidence « solide » et « professionnelle », il n’empêche que le Premier ministre Mirek Topolanek devra affronter un vote risqué au Parlement le 3 février sur le fameux traité.

Et malgré une bonne volonté européenne affichée, Mirek Topolanek, dont l’entourage insiste pour faire valoir que c’est bien lui et non le chef de l’Etat qui mène la politique, devra sans cesse éviter les chausses-trappes tendues par un président qui se définit lui-même comme un « dissident » de l’Europe. Vaclav Klaus prévoit de s’exprimer devant le Parlement européen réunit en séance plénière le 19 février. Sans doute ne se privera-t-il pas de rappeler son opposition au traité de Lisbonne, son hostilité à tout ce qui prétend dénoncer le réchauffement climatique auquel il ne croit pas, ou encore revenir sur les mesures prises contre la crise économique dans lesquelles ce libéral ne voit que des gestes populistes.

Le risque de cacophonie est donc réel. Et le contraste avec la présidence française, pourrait apparaître saisissant aux yeux des Européens globalement séduits par le volontarisme de Nicolas Sarkozy.

Cap à l’Est

Au cours de ces six prochains mois, Mirek Topolanek entend se poser en « modérateur », notamment dans le domaine économique et international. Priorités affichées de cette présidence : l’économie, la sécurité énergétique et l’approfondissement des relations avec les Etats-Unis, les Balkans et les anciennes républiques soviétiques.

Premiers dossiers sensibles : le financement du plan de relance européen et les relations énergétiques avec la Russie alors que Moscou livre un nouveau bras de fer avec Kiev.

Mais Prague entend également être une présidence tournée vers l’Est avec pour objectif « d’accorder davantage d’attention aux pays voisins » de l’Union européenne annonce Alexandr Vondra, vice-Premier ministre. Un sommet réunissant les Vingt-Sept et des pays du Caucase aura d’ailleurs lieu à Prague au printemps. La République tchèque ne cache pas sa volonté d’accélérer l’adhésion des pays des Balkans, la Croatie bien sûr, mais aussi la Serbie, la Bosnie et le Monténégro, tout en appelant à un « dialogue intensif » avec la Turquie. Faire de l’élargissement un nouvel objectif et non plus un épouvantail, et offrir de nouveaux partenariats avec des pays comme l’Ukraine, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie. Enfin la présidence tchèque caresse l’espoir d’accueillir le premier sommet avec le nouveau président américain Barack Obama.

Vivement la fin

Deux voix contradictoires à la tête de l’Etat, un programme sans doute perturbé par les élections européennes, la présidence tchèque devra enfin s’émanciper de l’ombre de son prédécesseur. « Personne ne peut considérer qu’il serait positif pour l’Europe que la France fasse la (politique de la) chaise vide parce qu’elle a exercé pendant six mois la présidence. Non ! Au contraire, je prendrai des initiatives », a prévenu Nicolas Sarkozy. Mirek Topolanek assure que cette présidence de l’Union est le plus grand défi de sa carrière politique, et preuve d’un enthousiasme modéré, il confirme que ce qu’il « attend le plus c’est le 30 juin », date à laquelle la République tchèque passera le flambeau à la Suède.