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Ghana/Interview

Cadman Atta-Mills, frère et conseiller du nouveau président

Article publié le 04/01/2009 Dernière mise à jour le 05/01/2009 à 08:10 TU

John Atta-Mills, juriste de 64 ans, a été élu président avec une courte avance sur son adversaire, Nana Akufo-Addo. John Atta-Mills succède à John Kufuor, qui avait quitté le pouvoir après avoir enchaîné deux mandats de quatre ans. John Atta-Mills prêtera serment le 7 janvier. RFI reçoit son frère, juriste de profession et principal conseiller du nouveau président.

RFI : pourquoi votre frère, John Atta-Mills, a-t-il remporté cette élection alors qu’il avait par deux fois échoué face à John Kufuor ?

Cadman Atta Mills.(Crédits : www.worldbank.org)

Cadman Atta-Mills : Durant les huit ans où il n’était pas au pouvoir, il a fait le tour du Ghana, il a discuté avec la population, il a fait ce que nous appelons ici « house to house » (c’est-à-dire de maison en maison) pour rencontrer les gens, pour essayer de comprendre leur situation, pour trouver des solutions à leurs problèmes. Je pense que c’est ça qui a impressionné les gens et qui a fait qu’ils ont voulu lui donner le mandat pour être président du Ghana.

RFI : Est-ce que Nana Akufo-Addo n’était pas plus facile à battre que John Kufuor finalement ?

C A-M : Monsieur Kufuor était le président sortant en 2004. Quant à mon frère, il était le candidat du NDC (Congrès national démocratique). Et comme vous le savez, c’est très difficile de battre un président sortant. Nana Addo est bien installé dans le parti au pouvoir, mais il n’est pas président. Et je pense que mon frère était beaucoup plus connu par les Ghanéens que Nana Akufo-Addo.

RFI : John Atta-Mills fut le vice-président de Jerry Rawlings, l’ancien chef de l’Etat. Les deux hommes sont très proches à tel point que certains affirment dans votre pays que John Atta-Mills est sous l’emprise de Jerry Rawlings.

C A-M : C’est une analyse que je ne partage pas du tout. Je sais que c’est très courant, parmi les gens du NPP (Nouveau parti patriotique). Ils insistent surtout sur cet aspect. Je pense que le professeur Atta-Mills et Jerry John Rawlings ont beaucoup de respect mutuel. Mais dire que monsieur Atta-Mills est sous l’emprise de monsieur Rawlings, tout ça c’est vraiment exagéré et pas justifiable.

Rawlings est très populiste et il est très à l’aise avec le peuple. Il est beaucoup plus charismatique, mais par contre, monsieur Atta-Mills est très calme, très réfléchi. Il est très apprécié, comme quelqu’un qui a une vision, et qui a travaillé jusqu’à la fin pour obtenir les résultats qu’il attend. Et donc il ne peut pas égaler Jerry Rawlings. Mais je pense que mon frère a le respect des Ghanéens. Je pense qu’on l’admire beaucoup et les gens ont confiance en lui. Ils croient en lui.

RFI : Venons-en aux priorités économiques de votre frère. John Atta-Mills, durant la campagne, a insisté sur le fait que la croissance de votre pays ne profitait pas aux plus pauvres, et même aux simples citoyens. Vous qui êtes le conseiller économique de John Atta-Mills, comment mieux répartir cette croissance ?

C A-M : Il va falloir mettre en place un programme d’investissements très important. Il faut développer les infrastructures du pays, ça veut dire l’électricité, les télécommunications, le transport aussi bien aérien, portuaire, maritime et routier. Le Ghana est un pays exportateur de produits miniers et bientôt de pétrole. Les recettes pétrolières vont aller dans l’investissement pour les secteurs productifs du pays.

RFI : Pourquoi  selon vous, le système démocratique fonctionne mieux au Ghana qu’il ne fonctionne dans les pays voisins comme la Côte d’Ivoire ?

C A-M : Je pense que la IVe République a commencé au Ghana à partir de 1992 grâce à Rawlings. Les gens ont tendance à l’oublier, mais Rawlings, même s’il était d’abord le président d’un régime militaire, l’a transformé ensuite en régime civil quand il a organisé l’élection qu’il a gagnée en 92. Et puis, il a accepté de céder le pouvoir quand l’opposition a gagné. Donc l’opposition au Ghana peut gagner parce que c’est un pays où il y a deux partis ; avec une tendance de gauche avec les NDC et puis une tendance de droite avec le NPP. Mais ces tendances sont plus ou moins équilibrées. Et la population qui est « très très avancée », a, disons conscience, de ce que chacun apporte.

RFI : Justement on a l’impression que le facteur ethnique qui trouble tellement le jeu chez vos voisins notamment est absent au Ghana. Est-ce que c’est vrai ?

C A-M : Ce n’est pas absent, c’est présent mais dans un moindre degré. Tout le monde sait très bien que le NPP a sa base dans l’ethnie Akan. Par contre, le NDC a beaucoup plus d’adhérents dans la région de Volta que les autres partis. Mais il faut aussi avouer que les deux partis ont une représentation beaucoup plus élargie dans pratiquement toutes les régions. On vote beaucoup plus pour un homme et pour le programme du parti. C’est une saine maturité démocratique de la population.

Propos recueillis par Olivier Rogez

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Cadman Atta-Mills

Je pense que mon frère a le respect des Ghanéens. Je pense qu’on l’admire beaucoup et les gens ont confiance en lui. Ils croient en lui.

05/01/2009

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