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Israël/Gaza/Europe

Offensive diplomatique sur le terrain

par  RFI (avec AFP et Reuters)

Article publié le 04/01/2009 Dernière mise à jour le 04/01/2009 à 22:05 TU

Le ballet diplomatique dans la région a commencé ce dimanche au Caire où s'est rendue une délégation européenne sous l'égide de la République tchèque qui assure la présidence tournante de l'UE depuis le 1er janvier. Lundi et mardi, le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, entame une tournée marathon qui le conduira du Caire à Ramallah, Jérusalem, Damas et Beyrouth. Parallèlement, la Russie a dépêché ce dimanche un émissaire dans les Territoires palestiniens, avant de se rendre en Syrie et en Jordanie, mais pas en Egypte.
Un père emmène sa fille d'urgence à l'hôpital, à Gaza, le 4 janvier 2009. L'offensive israélienne a fait au moins 500 morts palestiniens en neuf jours dans la bande de Gaza.(Photo : AFP)

Un père emmène sa fille d'urgence à l'hôpital, à Gaza, le 4 janvier 2009. L'offensive israélienne a fait au moins 500 morts palestiniens en neuf jours dans la bande de Gaza.
(Photo : AFP)


Malgré l’offensive terrestre israélienne déclenchée samedi dans la bande de Gaza, Nicolas Sarkozy maintient sa tournée, lundi et mardi, au Proche-Orient. Le président français avait annoncé cette initiative lors de ses vœux aux Français le 31 décembre, rappelant que « c’est la vocation de la France de chercher partout les chemins de la paix ».

Après le refus d’Israël d’accepter un cessez-le-feu humanitaire de 48h proposée par la France, l’escalade militaire, jugée  « dangereuse  » par le ministère français des Affaires étrangères, complique singulièrement la tâche du chef de l’Etat qui se présente en ami à la fois d’Israël et des Palestiniens, tout en affirmant que le Hamas « porte une lourde responsabilité dans la souffrance des Palestiniens de Gaza », dans un entretien à trois quotidiens libanais à paraître lundi.

Ayman Taha

Représentant du Hamas

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04/01/2009 par RMC/Moyen-Orient

Au cours d’une tournée éclair au programme très serré, Nicolas Sarkozy se rend dans quatre pays ainsi que dans le territoire palestinien de Cisjordanie.

Nicolas Sarkozy devrait, à Toulon, expliquer sa stratégie face à la crise économique.(Photo : Reuters)
Le président français déjeunera lundi dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, avec le président égyptien Hosni Moubarak, avec qui il préside l’Union pour la Méditerranée. Nicolas Sarkozy rencontrera en fin d’après-midi le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie, avant un dîner de travail avec Ehud Olmert à Jérusalem.

Mardi, Nicolas Sarkozy rencontrera le président syrien Bachar el-Assad à Damas, soutien du Hamas avec l’Iran. Puis, le président français terminera son périple à Beyrouth où il s’entretiendra avec le président libanais Michel Sleimane, avant de se rendre dans le sud du Liban pour présenter ses vœux aux soldats français de la Finul.

Ballet diplomatique intensif, la Russie aussi

La tournée proche-orientale du président français se déroule parallèlement à celle de la troïka de l’Union européenne, tournée qui a démarré ce dimanche au Caire sous l’égide du chef de la diplomatie tchèque, Karel Schwarzenberg, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE depuis le 1er janvier. Les deux délégations doivent se retrouver à Ramallah (Cisjordanie), lundi.

Dans ce ballet diplomatique intensif, la Russie a également dépêché un émissaire dans la région. Le représentant spécial du président Dmitri Medvedev pour le Proche-Orient, Alexandre Saltanov. a quitté Moscou dimanche pour Israël et les territoires palestiniens avant de se rendre en Syrie et Jordanie, mais pas en Egypte.

L’une des  préoccupations de la France est de renforcer Mahmoud Abbas pour empêcher le Hamas de prendre le dessus en Cisjordanie, où il gagne en popularité, comme le mouvement islamiste l’a fait en 2007 dans la bande de Gaza.

Le plan égyptien en quatre points

L’Egypte, dont la médiation avait conduit à une trêve de six mois entre le Hamas et Israël, trêve qui n’a pas été reconduite, est soupçonnée par les islamistes palestiniens de connivence avec Israël. Selon un haut responsable égyptien, l’Egypte considère son rôle incontournable pour une paix négociée, et présente un plan en quatre points. Celui-ci prévoit un cessez-le-feu immédiat, un retour à la trêve, l’ouverture des points de passage et un mécanisme international ou arabe pour s’assurer de l’application du nouvel accord.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

Israël conditionne l’arrêt de son offensive contre le Hamas par la construction de fortifications et la présence d’une force internationale pour surveiller la frontière entre l’Egypte et Gaza afin d’empêcher la contrebande via les tunnels.

En 2008, les forces de sécurité égyptiennes ont détruit plus de deux cents tunnels passant sous la frontière. Cela avait valu au Caire les félicitations d’Ehud Barak, le ministre israélien de la Défense. Mais, selon les experts, cela ne représente que dix pour cent des tunnels existants. La chasse aux tunnels est rendue difficile par des raisons géographiques. Plusieurs agglomérations peuplées majoritairement d’habitants d’origine gazaouite jouxtent la frontière côté égyptien. Il y a aussi un manque de moyens. « Il faudrait mettre un policier dans chaque maison et chaque ferme, et nous n’avons pas les hommes » explique un responsable.

En vertu d’un accord signé en 2005 avec Israël, l’Egypte ne peut déployer que 750 hommes légèrement armés sur ses quatorze kilomètres de frontière avec Gaza. Quatorze kilomètres d’un sous-sol argileux facilitant le percement de tunnels n’importe où. Un seul tunnel coté palestinien peut avoir plusieurs débouchés en Egypte. Si une sortie est découverte, on en utilise une autre. Pour améliorer les performances des gardes-frontières égyptiens, les Etats-Unis ont promis du matériel de détection. Mais rien n’y fera tant que le blocus sera maintenu contre Gaza. C’est la loi de l’offre et de la demande, estime-t-on au Caire.

Mais la perspective des élections législatives israéliennes en février, d’un côté, et la rivalité entre le Hamas et l’Autorité palestinienne de l’autre, alimentent en interne une surenchère de la violence.

Véronique De Keyser

Députée européenne socialiste belge

« Il y a pour moi, quelque chose qui est de l'ordre, non pas de l'impuissance, mais d'une complaisance qui frise la complicité. »

04/01/2009 par Marina Mielczarek


Limiter les dégâts

Dans ces conditions, Nicolas Sarkozy ne peut guère espérer faire mieux qu’envisager une solution pour limiter les dégâts humains et politiques de la crise et préserver les chances d’un règlement.

« La question centrale est de savoir quel sera l’interlocuteur palestinien et quels sont les objectifs israéliens », explique un diplomate français.

Reste l’ambiguïté israélienne : s’agit-il  seulement pour l’Etat hébreu de mettre fin aux tirs de roquettes ou de liquider militairement et politiquement le Hamas ? Nicolas Sarkozy a toutefois refusé jusqu’ici tout contact direct avec le Hamas, qui est inscrit sur la liste des organisations terroristes de l’UE.