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Israël/Gaza/ONU

La diplomatie onusienne en échec ?

par Toufik Benaichouche

Article publié le 13/01/2009 Dernière mise à jour le 14/01/2009 à 12:13 TU

Ban Ki-moon entame une tournée au Proche-Orient pour obtenir l’arrêt des combats dans la bande de Gaza. Jusqu’à présent, le Conseil de sécurité n’est pas parvenu à obtenir un cessez-le-feu entre Israéliens et Palestiniens. La tâche s’annonce difficile pour le secrétaire général, malgré le prestige de l’organisation qu’il représente.
Un Palestinien et son enfant, à proximité d'un immeuble qui vient d'être détruit par un raid aérien à Gaza, le 13 janvier 2009.(Photo : Reuters)

Un Palestinien et son enfant, à proximité d'un immeuble qui vient d'être détruit par un raid aérien à Gaza, le 13 janvier 2009.
(Photo : Reuters)


L'ONU ne serait-elle, selon l'expression du général de Gaulle, qu'un « machin », incapable d'appliquer les décisions prises ? Plus d’une soixantaine de résolutions des Nations unies n’ont jamais été appliquées par Israël depuis 1947.

L'Etat d'Israël doit son existence à une résolution des Nations unies. L'ONU, en effet, par la résolution 181 du Conseil de sécurité, partage, en 1947, la Palestine en deux parties, l'une juive en définissant « les frontières de 1947 », l'autre arabe. L'Etat d'Israël sera effectivement créé en 1948 par Ben Gourion. Israël intègre alors les Nations unies, mais à deux conditions : l’application de la résolution 181 et l'établissement de l'Etat d'Israël « dans les frontières de 1947 », et l’application de la résolution 194 concernant le « retour des réfugiés » de 1948. Autrement dit, le retour des Palestiniens qui ont été contraints à l'exil.

Israël est donc né d'une résolution de l'ONU et pourtant, on estime à plus d'une soixantaine les résolutions que l'Etat hébreu se refuse toujours à appliquer. L'exemple le plus célèbre sans doute reste celui de la résolution 242. Votée au lendemain de la guerre des Six Jours, cette résolution demande à Israël de se retirer des territoires occupés à la faveur de la guerre en 1967, après la victoire israélienne sur les armées jordaniennes, égyptiennes et les Palestiniens de la bande de Gaza

  Ces territoires sont :

- la Cisjordanie

- la partie orientale de Jérusalem, désignée aussi sous le terme  Jérusalem-Est 

- et la bande de Gaza.

Adoptée cinq mois après la guerre des Six-Jours, la résolution 242 trace, en fait, les bases des futures négociations en proclamant le principe de « la paix contre la terre ».  La résolution consacre en fait deux principes fondamentaux pour instaurer « une paix juste et durable au Moyen-Orient », qui définissent les limites et le statut des territoires occupés en 1967 :

- d’une part, le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit » ; il s'agit là de la traduction française de la résolution 242. En réalité, la seule traduction qui fasse loi pour Israël, c’est la version britannique de la 242 « from territories », soit « de territoires occupés lors du conflit de 1967 ». Cette formulation officielle est le résultat de plusieurs mois de négociations diplomatiques difficiles. L'Union soviétique voulait ajouter le mot « tous » devant « territoires ». L'ambassadeur britannique de l'époque auprès de l'ONU, Lord Caradon, s'y opposa. Aujourd'hui encore, Israël fait valoir que la résolution ne parle que de territoires et non de l'ensemble des territoires occupés.

- d’autre part, le « respect et (la) reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et leur droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues à l’abri de menaces ou d’actes de force ».

Israël annexa Jérusalem-Est et des territoires alentour pour en faire sa capitale « éternelle et indivisible ». Cette annexion n'est toujours pas reconnue par la communauté internationale. Israël d'autre part, au mépris de la Convention de Genève, implante toujours des colons israéliens (ils sont près de 500 000) en Cisjordanie, à l'exception de la bande de Gaza, évacuée intégralement depuis 2005.

Depuis les années 70, les Etats-Unis opposent quasiment  systématiquement leur veto à toutes résolutions du Conseil de sécurité défavorables à Israël. C'est donc un cercle vicieux. La seule manière de contraindre un Etat à appliquer les résolutions onusiennes, c'est d'adopter des sanctions à l'égard de cet Etat. Or, seul le Conseil de sécurité peut adopter le principe de telles sanctions, ce que Washington refuse absolument d'envisager.

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