Article publié le 24/01/2009 Dernière mise à jour le 24/01/2009 à 23:40 TU
Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Pas de modification dans cet acte de pardon qui représente, selon Benoît XVI, un pas important vers la reconstitution de la pleine communion avec l’Eglise catholique de la Fraternité Saint Pie X, fondée par feu Mgr Marcel Lefebvre, laquelle compte aujourd’hui près de cinq cents prêtres intégristes.
Pourtant, le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, avait bien mis en garde le pape contre la révocation de l’excommunication du Britannique Richard Williamson. Elle représente de fait une blessure profonde pour le dialogue entre l’Eglise catholique et les juifs, car cet évêque négationniste se retrouve sous le coup d’une enquête ouverte par le parquet de Ratisbonne en Allemagne, pour avoir déclaré au cours d’un entretien diffusé mercredi dernier par la télévision publique suédoise, que « les chambres à gaz n’ont pas existé et qu’aucun Juif n’y a péri ».
Certes, le porte-parole du Saint-siège, le père Federico Lombardi, a souligné avec force que « la levée de l’excommunication de l’évêque Williamson ne signifie pas épouser ses thèses, ni ses déclarations ».
Mais la décision de Benoît XVI risque tout de même de provoquer une levée de boucliers de par le monde entier.
Benoît XVI prend le risque de diviser ses ouailles |
Benoît XVI assume sa réputation d'ultraconservateur. Nommé par Jean-Paul II préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, Benoît XVI était chargé de préserver l'orthodoxie de la doctrine catholique, de la préciser au milieu des développements divers du monde moderne, y compris la philosophie, les sciences humaines, la biologie et la politique, et surtout de tenter de discerner la vérité parmi toutes les idées « à la mode » qui se succèdent. Le poste dont il a eu la charge est un des postes capitaux de la Curie, mais il est aussi présenté comme l'un des plus impopulaires, car son titulaire passe pour un défenseur des conservateurs, un héritier de la Sainte Inquisition, un ennemi de la créativité et de l'ouverture. La première décision du Souverain Pontife, qui interdit l'entrée du séminaire aux homosexuels, avait choqué. En 2007, il rétablit la messe en latin à la demande des intégristes. Dans sa démarche de réconciliation de l'Eglise, Benoît XVI fait d'autres concessions. En juin 2008, le pape renonce à exiger des intégristes la reconnaissance du concile Vatican II qui consacre la liberté religieuse et l'ouverture vers la société civile. En septembre dernier, au cours de sa visite en France, le chef de l’Eglise catholique rappelle aux évêques les dogmes contre la « permissivité morale » et les exhorte à s'ouvrir aux traditionalistes. D’origine allemande, Joseph Ratzinger, qui s'était distingué en allant se recueillir à Auschwitz, prend le risque, dans son intention de la rassembler, de diviser l'Eglise et de se fâcher avec la communauté juive qui lui avait expressément demandé de ne pas lever l'excommunication de l'évêque traditionaliste britannique, Richard Williamson, un négationniste notoire. |
Auteur de « La crise intégriste », aux éditions Bayard
« Quatre évêques ont été ordonnés en 1988 par Mgr Lefebvre donc, à l’époque, le chef de file du mouvement intégriste, qui cherchait justement à assurer sa succession… »
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