Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

39e Forum économique de Davos

Quand le protectionnisme s'invite à Davos

Article publié le 30/01/2009 Dernière mise à jour le 30/01/2009 à 21:53 TU

Le 39e Forum économique qui se tient à Davos (Suisse) du 28 au 31 janvier, réunit les 2 500 décideurs mondiaux plus que jamais ébranlés par la crise et préoccupés par le fait que l'un des premiers actes de la nouvelle administration Obama puisse être une mesure clairement protectionniste. Mais le gouvernement américain a annoncé vendredi réexaminer une disposition du plan de relance économique qui protège les sidérurgistes nationaux contre les importations d'acier étranger. Quoi qu'il en soit, l'année 2009 s'annonce sous de très sombres auspices.

Le rédacteur en chef du <i>Newsweek International</i> Fareed Zakaria, le président sud-africain Kgalema Motlanthe, le Premier ministre sud-coréen Han Seung-soo, le Premier ministre britannique Gordon Brown et le président mexicain Felipe Calderon au Forum de Davos, le 30 janvier 2009.(Photo : Reuters)

Le rédacteur en chef du Newsweek International Fareed Zakaria, le président sud-africain Kgalema Motlanthe, le Premier ministre sud-coréen Han Seung-soo, le Premier ministre britannique Gordon Brown et le président mexicain Felipe Calderon au Forum de Davos, le 30 janvier 2009.
(Photo : Reuters)

De notre envoyée spéciale à Davos, Dalila Berritane

A Davos, chacun s’évertue avec tact et diplomatie à dénoncer l’idée de Barack Obama d’imposer des mesures protectionnistes sur l’acier. Ce que l’on redoute par-dessus tout, ce sont des mesures de rétorsion en cascade. Ce qui rappelle le spectre de 1929 où les mêmes mesures ont entraîné la chute de l’économie mondiale. A la tribune, Gordon Brown a plaidé pour une coopération accrue et coordonnée entre Etats. Le chef du gouvernement britannique accueille dans deux mois le sommet du G20, qui réunit les huit pays les plus industrialisés et un certain nombre de pays du Sud. Cette annonce de la toute nouvelle administration américaine jette donc un froid, alors que rien n’a encore été négocié. La chancelière allemande, Angela Merkel, a redit à Davos qu’il n’y avait pas d’autre alternative à un marché ouvert.

Une mesure égoïste

Les pays émergents sont sans doute les plus virulents, au regard des efforts énormes qu’ils ont dû fournir pour ouvrir leur marché. L’Inde, patrie du numéro un mondial de l’acier, Mittal Steel, par la voix de son ministre du Commerce, Kamal Nath, présent au Forum de Davos, a parlé de mesure égoïste. Le président mexicain, Felipe Calderon, a appelé les autres Etats à faire barrage à cette idée de protectionnisme.

La Chine et la Russie, invitées à Davos, avaient rejeté tout idée d’isolationnisme. Quant à la France, elle a adopté une position plus nuancée. La ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, également présente, a laissé entendre que cette mesure américaine sur l’acier, si elle était limitée dans le temps, et encadrée, pourrait être acceptable.

Un peu plus tôt, sa secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, rappelait que la dernière mesure du président Bush avait été de tripler les droits de douane sur le roquefort, rendant de fait l’exportation de ce fromage français quasi impossible. La première mesure du nouveau président Barack Obama est donc d’intervenir sur l’acier. « C’est un très mauvais signal envoyé au reste du monde », a déclaré Anne-Marie Idrac. Le monde, qui vient de prendre conscience que Barack Obama est avant tout un président… américain.