par Anne Toulouse
Article publié le 03/02/2009 Dernière mise à jour le 03/02/2009 à 02:04 TU
L’un des tests de la présidence de Barack Obama sera la façon dont il fera que ce Congrès « ami » applique sa politique et non celle de la circonscription de chacun de ses membres. Lors du passage à la Chambre du plan de relance de plus de 800 milliards de dollars, qui doit venir à la rescousse de l’économie américaine, il n’y a pas eu une seule voix favorable du côté républicain. L’opposition voulait ainsi se venger de n’avoir pas été invitée dans l’élaboration du texte.
Barack Obama, qui lui-même ne s’est pas montré pleinement satisfait de la mouture produite par la Chambre des représentants, avait pourtant multiplié les ouvertures en direction des parlementaires républicains. Il s’est déplacé pour les rencontrer au Congrès, mais il n’a pas réussi à étendre cet esprit bipartisan à une assemblée présidée par Nancy Pelosi, qui n’est pas connue pour son sens du compromis.
Le « Bully Pulpit »
La Chambre est d’ailleurs notoirement rebelle aux pressions de l’exécutif. Les représentants doivent se faire réélire tous les deux ans, ce qui veut dire qu’ils sont en campagne électorale permanente. C’est l’assemblée la plus populiste qui existe et le seul recours du président est de démontrer à ses membres que leur opposition aura un prix électoral.
La Constitution ne donne pas beaucoup d’armes au président. Le système « check and balance », l’équilibre des pouvoirs, fourni surtout à l’exécutif et au législatif des moyens de se neutraliser mutuellement. Le Congrès peut ne pas voter les textes proposés par le président et celui-ci peut opposer son veto à une loi. Le vrai pouvoir du président est, en fait, immatériel : les Américains appellent la présidence le « bully pulpit », littéralement « la tribune d’intimidation ». Le président se sert de son prestige pour convaincre les parlementaires qu’ils auront plus avantage à être avec lui qu’à l’affronter.
Le fait d’avoir un fort soutien populaire, comme c’est le cas pour Barack Obama, est un atout considérable. George Bush, qui ne pouvait pas se prévaloir d’autant a appris très vite, à ses dépens, qu’il fallait manier le Congrès avec finesse. En avril 2001, il a perdu la majorité au Sénat lorsqu’un parlementaire, qu’il avait contrarié, est passé à l’opposition. George Bush a néanmoins pendant la plus grande partie de sa présidence réussi à obtenir ce qu’il voulait du Congrès. La loi sécuritaire, connue sous le nom de « Patriot Act », aujourd’hui si controversée, a été votée avec 145 voix démocrates à la Chambre et une seule voix d’opposition au Sénat. En fait, George Bush a connu sa plus grande défaite parlementaire à cause du parti républicain, qui a torpillé sa loi de réforme de l’immigration.
En 1981, Ronald Reagan a réussi à recueillir 65 voix démocrates à la Chambre, autour d’un budget très conservateur. Il en avait besoin car il n’avait pas de majorité parlementaire. Mais le rôle du Congrès, pour appuyer un projet politique, n’est pas seulement arithmétique. Barack Obama a besoin sur un projet aussi vaste et coûteux que le plan de relance, d’avoir derrière lui un minimum de consensus. L’opposition doit, dans une certaine mesure, être impliquée dans sa réussite. Il doit aussi pouvoir signer un projet cohérent, qui ne soit pas la compilation des fantasmes électoraux de tous ceux qui ont participé à son élaboration.
Le président doit donc s’imposer comme arbitre et faire du Congrès un instrument de sa politique. C’est le défi qui attend Barack Obama dans les prochains jours.
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