par Farida Ayari
Article publié le 05/02/2009 Dernière mise à jour le 06/02/2009 à 06:30 TU
En Irak, le Premier ministre Nouri al-Maliki a triomphé aux élections provinciales du week-end dernier et bénéficie désormais de la légimité populaire qui lui manquait depuis son arrivée au pouvoir, il y a trois ans. La liste du chef du gouvernement « Coalition pour l'Etat de droit » remporte 9 provinces dont celles de Bagdad et de Bassorah. La commission électorale précise que les résultats portaient sur 90% des suffrages.
Des officiels de la commission électorale indépendante irakienne lors d'une conférence de presse à Bagdad, le 5 février 2009.
(Photo : Reuters)
Avec notre envoyée spéciale à Bagdad, Farida Ayari
La « Coalition de l’Etat de droit» du Premier ministre, al-Maliki, gagne à Bagdad, la capitale avec 38% des voix, à Bassorah, la principale ville pétrolière du pays et l’unique ouverture sur la mer (37%) et dans sept autres provinces chiites, où elle lamine le Conseil suprême islamique irakien (CSII), le deuxième grand parti chiite islamiste du pays d'Abdel Aziz Hakim.
Le CSII qui a donc perdu la haute main sur les sept provinces chiites et Bagdad, qu'il contrôlait depuis 2003, arrive toutefois deuxième dans son fief, la ville sainte de Najaf, riche des revenus des pèlerins, qui viennent par millions se recueillir sur le tombeau de l’Imam Ali.
Curieusement, Nouri al-Maliki a perdu Kerbala, sa province natale, au profit d’un indépendant, Youssef al-Haboubi, un haut fonctionnaire de l'époque de Saddam Hussein que l’on dit ancien baassiste.
Le Parti islamique irakien de Tarek al-Hachimi n’a aucun élu dans la province d'al-Anbar. C’est le Rassemblement national irakien de Saleh al-Moutlak qui l’emporte, à égalité avec la coalition tribale menée par Ahmed Bou Richa, chef des Sahwa (« réveil » en arabe ), milice d'anciens insurgés qui ont pris les armes contre al-Qaïda.
Enfin, au nord, dans la province de Ninive, une formation arabe sunnite « Al-Hadba » l’emporte avec 48% des voix, contre 25% à la liste à majorité kurde « Fraternité Ninive » qui dominait la province depuis 2005.
« La commission électorale a fait un travail merveilleux... Merci aux Nations unies, mais le gros du travail a été fait chez nous... On a vu une communauté qui avait choisi les armes qui maintenant participe activement aux élections...»
Des alliances indispensables |
Avec ce scrutin proportionnel, les alliances sont quasiment obligatoires pour diriger les provinces et Nouri al-Maliki est désormais maître du jeu. Le grand perdant est le Conseil supérieur islamique d’Irak d'Abdel Aziz Hakim, les partisans de Moqtada Sadr perdent Missan, l’unique province qu’ils géraient mais arrivent deuxièmes à Bagdad et à Zi Qar dont la capitale est Nassiriyah, loin derrière la liste du Premier ministre. Dans les régions sunnites, plusieurs partis se partagent les provinces. A al-Anbar, la liste du député Saleh al-Moutlak, du Projet national irakien arrive en tête, devant la coalition tribale menée par cheikh Ahmed Bou Richa, chef des Sahwa, la milice d’anciens insurgés qui lutte contre al-Qaïda. Dans la province de Ninive dont Mossoul est la capitale, la coalition sunnite antikurde frise la majorité absolue avec 48, 4% des voix. Enfin le Front de la concorde irakienne, principale groupe sunnite au parlement, l’emporte à Salaheddine, la province de Saddam Hussein et dans la violente province de Diyala. Les élections auront plus tard dans les trois provinces kurdes du nord du pays et à Kirkouk. Le scrutin de samedi dernier a en tout cas conforté la légitimité de al-Maliki.
Récit : Les ambitions de Nouri al-Maliki« Avant son retour en 2003 en Irak, al-Maliki affirmait qu'il voulait le pluralisme... Sa priorité est la sécurité... Il veut un Etat fort et unifié, et c'est ce qui plaît aux Irakiens...» |
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