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Israël / Législatives

Trente-trois partis en lice

par Monique Mas

Article publié le 09/02/2009 Dernière mise à jour le 09/02/2009 à 22:45 TU

La Knesset, le Parlement israélien.(Photo : AFP)

La Knesset, le Parlement israélien.
(Photo : AFP)

Quelque 5,3 millions d’électeurs inscrits sont appelés à élire 120 députés à la Knesset, le Parlement israélien. Sur les 33 partis en lice, une dizaine sont représentés au Parlement. Après le consensus populaire sur la guerre à Gaza, la droite est donnée favorite avec le Likoud en tête. Mais la dispersion des voix devrait compliquer la formation d’une coalition gouvernementale.

Les partis représentés à la Knesset sortante

Likoud (Consolidation)

Formé en 1973 par l’ancien Premier ministre Menahem Begin (1977-1983), le Likoud constitue le principal parti de la droite nationaliste et la première force d’opposition à la Knesset sortante. Il est aujourd’hui dirigé par Benjamin Netanyahu, ancien Premier ministre (1996-1999), ultra-libéral en économie et partisan d’un « Grand Israël », du Jourdain à la Méditerranée, avec Jérusalem pour capitale « indivisible », excluant la création d’un Etat palestinien dotés de tous les attributs de souveraineté.

Défait en 2006 par Kadima, la fraction centriste du Premier ministre actuel, Ehud Olmert, le Likoud, espère au moins doubler ses douze sièges à la Knesset en jouant des inquiétudes populaires exprimées après l’offensive contre Gaza avec la poursuite de tirs de roquettes palestiniens.

Opposé aux accords israélo-palestiniens d’Oslo en 1993, Benjamin Netanyahu oriente sa campagne contre Kadima en dénonçant un « travail inachevé » à Gaza et en soulignant qu’il ne « se sent pas lié par les engagements de retrait de Cisjordanie » dans les frontières antérieures à 1967 pris par Ehud Olmert. Il avait sacrifié les budgets sociaux comme ministre des Finances en 2003-2005 et prône aujourd’hui des réductions d’impôts.

Kadima (En avant)

Vainqueur des législatives de 2006, le mouvement dispose de 29 sièges à la Knesset où il est en perte de vitesse depuis les accusations de corruption qui ont conduit Ehud Olmert à annoncer en juin 2008 qu’il ne serait pas candidat à sa succession. La majorité de ses membres est issue du Likoud, à l’instar de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon qui l’avait justement créé en novembre 2005 pour se repositionner au centre-droit (quelques semaines avant l’attaque cérébrale qui a vu son retrait du jeu politique).

Dirigé par la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni candidate à la succession d’Olmert, Kadima a soutenu avec ce dernier la relance à Annapolis (Etats-Unis) en novembre 2007, de pourparlers de paix sur la base du principe de « deux Etats nations ». Victorieuse aux primaires de Kadima qui l’a désignée en septembre dernier pour succéder à Olmert et donc nommée par le président Shimon Peres, Tzipi Livni n’est pas parvenue à former une coalition gouvernementale dans le délai imparti.

« Nous avons détruit la moitié de Gaza et tué des centaines de terroristes », se félicite Tzipi Livni qui, entre autre héritage d’Olmert, doit faire passer le goût amer laissé par la guerre conduite au Liban en 2006. La chef de file de Kadima plaide en faveur d’un « gouvernement Livni-Barak », la meilleure défense possible contre le Hamas, ajoute-t-elle en vantant l’avantage d’une coalition organisée autour d’un noyau dur intégrant le ministre de la Défense, le travailliste Ehud Barak, artisan de l’opération « Plomb durci » contre Gaza.
 
Israël Beitenou (Israël notre maison)

Créé en 1999 par l’immigrant d’Union soviétique, Avigdor Lieberman, né en Moldavie, laïc mais ultranationaliste, Israël Beitenou peut être rangé dans la galaxie d’extrême-droite pour son radicalisme anti-arabe. Plus de la moitié des immigrants russes avaient voté pour lui en 2006, lui apportant onze députés à la Knesset. Selon les sondages, il pourrait en 2009 élargir le cercle des ses électeurs russophones et remporter une demi-douzaine de sièges supplémentaires.

Lieberman a commencé sa carrière dans le cabinet de Netanyahu. En janvier 2008, pour protester contre les négociations engagées par le gouvernement Olmert avec l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, Lieberman avait claqué la porte du ministère des Affaires stratégiques (où il planchait notamment sur la menace iranienne) taillé à sa mesure dans le souci d’élargir la coalition à droite. Plus soucieux d’une séparation maximale entre juifs et arabes que de l’avènement d’un « Grand Israël », Lieberman suggère de troquer des territoires avec les Palestiniens pour consolider un Etat juif.

Pour Lieberman, « il serait injustifiable de créer un Etat palestinien qui exclurait les juifs alors qu’Israël deviendrait un Etat binational comptant une minorité arabe représentant plus de 20% de ses citoyens ». Et le chef de Beitenou a le vent en poupe depuis la guerre à Gaza, invoquant un concept de « loyauté douteuse » qui ferait une cinquième colonne des d’arabes israéliens depuis la création de l’Etat hébreu en 1948. Lui aussi accuse le gouvernement Olmert d’avoir empêché l’armée de « finir le travail » dans les territoires palestiniens.

Avoda (Parti travailliste)

Au centre gauche, Avoda, le Parti travailliste dirigé par Ehud Barak est social-démocrate. Il demande notamment l’augmentation du salaire minimum. Il a dominé la scène politique israélienne entre 1948 et 1977, les onze premiers chefs de gouvernement israéliens sortant de ses rangs. Premier ministre entre 1984 et 1986, le président israélien, Shimon Peres, en est issu. Il avait d’ailleurs été l’initiateur des accords d’Oslo qui avaient vu en 1993 l’Israélien Yitzhak Rabin et le Palestinien Yasser Arafat se rendre ensemble aux Etats-Unis, pour signer les accords reconnaissant notamment l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et à Gaza.

En 2005, les travaillistes avaient rejoint la coalition formée par le Likoud pour appuyer le retrait unilatéral de Gaza décidé par Ariel Sharon. Après les législatives de 2006, ils avaient fait de même avec le Kadima d’Ehud Olmert et en 2009 Tzipi Livni continue de les courtiser.

L’échec des négociations à Camp David en 2000 avait porté ombrage à Ehud Barak, Premier ministre entre 1999 et 2001. Mais au lendemain de l’offensive israélienne à Gaza en décembre 2008 - Janvier 2009, même le chef du Likoud, Benjamin Netanyahu a rendu hommage au ministre de la Défense, Ehud Barak. Pour autant, le Parti travailliste est menacé de perdre nombre des 19 sièges de députés gagnés en 2006.

Shass

Ultra-orthodoxe, le parti religieux créé en 1989 par Ovadia Yossef pour servir les intérêts et les valeurs spirituelles des séfarades, les juifs originaires du bassin méditerranéen est dirigé par Eli Yishaï. Il compte 12 sièges de députés et pourrait en perdre un ou deux si l’on en croit les sondages.

Avec un programme politique marqué par des préoccupations sociales concernant la famille mais aussi le soutien matériel des Yeshivot dispensant un cursus d’études religieuses auquel il est très attaché, le Shass a tour à tour apporté son électorat au Likoud et au Parti travailliste, en fonction de leurs priorités affichées dans ces domaines. Il s’est montré tout aussi insaisissable sur la question palestinienne, pratiquant souvent l’abstention. Penchant très fortement à droite, il joue toutefois régulièrement le rôle de force d’appoint sinon de parti charnière.

Judaïsme unifié de la Torah

Coalition de deux partis ultra-orthodoxes ashkénazes (juifs originaires d’Europe centrale et orientale) disposant de six membres à la Knesset issue du scrutin de 2006.

GIL (le Parti des retraités)

Avec sept élus en 2006, ce parti de la gauche protestataire avait fait surprise. En 2009, les questions économiques sont passées au second plan des préoccupations populaires beaucoup plus sécuritaires après les dernières développements à Gaza. Pourtant les revendications du Gil sur les droits à la retraite ou les droits au logement pour les retraités restent d’actualité en Israël, où nombre d’entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Union nationale

Coalition de micro partis formée en 1999 par Rehavam Ze’evi et Avigdor Lieberman aujourd’hui chef d’Israël Beitenou, l’Union nationale avait emporté neuf sièges en 2006 avant d’exploser. En 2009, deux de ses députés continueraient à faire campagne pour sa liste, deux autres militant pour le Likoud, un autre pour Maison Juive et un dernier ayant pris sa retraite

Maison Juive- Parti national religieux

Une coalition de micro partis nationalistes de la droite religieuse formée en novembre 2008. Elle recrute principalement parmi les habitants des colonies juives de Cisjordanie. Au plan économique, elle réclame notamment la réduction de la fonction publique.

Forte de trois députés dans l’Assemblée sortante et présidée par le rabbin Daniel Hershkowitz, Maison Juive revendique Jérusalem comme capitale indivisible pour Israël et rejette l’idée d’un Etat palestinien sur la rive occidentale du Jourdain.

Meretz

Parti de la gauche pacifiste favorable à des compromis territoriaux avec les Palestiniens. Fort de cinq députés dans l’Assemblée sortante.

Hadash (Front démocratique pour la paix et l’égalité)

Avec deux députés arabes, dont son président, Mohammad Barakeh, et un député juif, Hadash se veut transcommunautaire et s’enracine dans le Parti communiste israélien. Il préconise la séparation de la religion et des affaires de l’Etat, la création d’un Etat palestinien viable sur la base des frontières antérieures à 1967 et le droit au retour des réfugiés palestiniens de 1948. Hadash recrute largement son électorat parmi les Arabes israéliens.

Raam Taal (Liste arabe unie)

Fondée en 1996 sur la base du Mouvement islamique et du Parti démocratique arabe créé en 1988 par un ancien élu arabe du parti travailliste, la liste a emporté quatre sièges en 2006. Elle recrute surtout parmi les Arabes israéliens, mais aussi parmi les Bédouins.

Avec les autres partis arabes antisionistes qui regroupent au total 10 députés à la Knesset, la Liste avait été menacée d’interdiction pour la position de ses élus pendant la guerre de Gaza. Une mesure finalement décrétée illégale par la Cour suprême.

Dossier spécial

(Photo : DR)