Article publié le 15/02/2009 Dernière mise à jour le 15/02/2009 à 16:12 TU
Plus que jamais, Hugo Chavez, le président vénézuélien s’est énormément impliqué dans cette campagne. Selon les instituts de sondage, l'issue du référendum est incertaine, le nombre d'indécis étant particulièrement élevé. En décembre 2007, les électeurs avaient déjà rejeté une vaste réforme de la Constitution qui prévoyait déjà la possibilité de réélire le président, au-delà des deux mandats de six ans qui lui sont pour l’instant, autorisés.
Les Vénézueliens font la queue pour voter à Caracas le 15 février 2009.
(Photo : Tomas Bravo/Reuters)
Avec notre envoyée spéciale, Michèle Gayral
Hugo Chavez a été vraiment omniprésent durant les quelques semaines qu’a duré cette campagne. Beaucoup plus que d’habitude même, puisqu’il dit avoir consacré à cette campagne vingt-quatre heures par jour. Il avait tout de même renoncé à sa très longue émission télévisée hebdomadaire, l’émission du dimanche, Aló, presidente, mais il s’était mis en revanche à écrire des chroniques dans les journaux, à la manière de Fidel Castro.
Le président a également multiplié les apparitions télévisées jusqu’à hier encore, alors que la campagne était en principe terminée. Il faut aussi parler des meetings, ces véritables marées humaines rouges puisque chacun était invité pour l’occasion à porter la couleur chérie du président. Sans oublier le long discours final en général précédé d’une « caravane », comme on dit ici, avec Hugo Chavez parcourant à bord d’un véhicule les rues des grandes villes du pays. Tout cela au milieu des vivats bien sûr, et de slogans tels : « Chavez reste avec nous » et « L’amendement va s’imposer », les cris de ralliement des partisans du président.
L’opposition s’est beaucoup plainte de ce que tous les moyens de l’appareil de l’Etat aient été mobilisés par le gouvernement durant la campagne. L’opposition déplore donc un déséquilibre. Mais il est vrai qu’elle a de son côté, majoritairement, la presse écrite, puisque la plupart des journaux sont des journaux d’opposition.
Hugo Chavez soumet donc aux Vénézuéliens une réforme de la Constitution « très limitée » assure-t-il, mais tout de même, une réforme de poids, puisqu’il s’agit de permettre au président vénézuélien, lui pour l’instant en l’occurrence, de se présenter de façon illimitée devant les électeurs, sans limite de mandat. Et, pour faire bonne mesure, il a élargi cette possibilité de se présenter sans limite aux autres fonctions électives dans le pays.
Terminer la révolution
Actuellement, le président n’a droit qu’à deux mandats. Hugo Chavez en est à son deuxième et il aurait dû donc laisser le pouvoir début 2013 sans espoir de retour. Or, il estime que sa révolution bolivarienne est loin d’être achevée, et qu’il lui faudra encore beaucoup de temps. Et puis, ajoute-t-il : « De toute façon, c’est un droit supplémentaire que je donne au peuple, puisque cela lui permet de réélire tant qu’il le veut quelqu’un dont il est satisfait ».
En face, l’opposition ne le voit évidemment pas ainsi. Elle assure que : « Le Venezuela n’est pas un régime d’équilibre des pouvoirs, comme le sont les pays européens qui, il est vrai n’ont pas eux en général, de limite de mandat ». « Au Venezuela donc, explique l’opposition, Hugo Chavez a mis à profit ses dix années passées à la tête de l'Etat, pour concentrer presque tous les pouvoirs dans ses mains ». L’Assemblée nationale est pratiquement intégralement composée de membres du PSUV, son parti. Le pouvoir judiciaire a été profondément remanié en faveur du président. Donc, ce cumul des pouvoirs ferait le lit d’un régime de plus en plus autoritaire, si en plus, il n’y avait pas de limite de mandat.
Revenant sur sa défaite, lors d'un précédent référendum en décembre 2007, Chavez analyse les raisons de son échec. Il dit qu’à cette époque, il avait dû déléguer sa campagne, parce qu’il était très impliqué dans la médiation avec les FARC que lui avait confiée la Colombie, concernant la question des otages. Donc, selon lui s’il a perdu, c’est parce qu’il n’avait pas été assez présent dans la campagne ; ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui.
Chavez tous azimuts
Si les sondages semblaient plutôt favorables au « non » début janvier encore, il faut bien reconnaître que l’implication tous azimuts d’Hugo Chavez semble avoir retourné la situation, puisque le « oui » aurait maintenant une avance, plus ou moins grande selon les instituts de sondages.
Mais il est vrai que les quartiers de la capitale et des autres grandes villes sont maintenant dotés de conseils communaux, les petits chefs locaux du PSUV, et que ces conseils communaux peuvent exercer des pressions très fortes, notamment sur les plus pauvres -qui malgré l’importance des subventions que permet l’argent du pétrole - ne sont pas tous forcément chavistes.
Donc, il y a des pressions, j’ai pu le constater. Mais le vote étant secret, l’opposition ne perd pas espoir de l’emporter ; une fois encore, serait-on tenté de dire, parce qu’après la défaite d’Hugo Chavez au référendum de 2007, puis la semi-défaite des élections locales et régionales de novembre dernier, une victoire du « non » aujourd’hui, ferait décidément de l’opposition, une force à nouveau crédible sur la scène nationale.
Un contexte économique difficile
Le Venezuela a été durement frappé par la chute des cours mondiaux du pétrole. Il est vrai que la manne pétrolière a joué un rôle majeur dans la politique sociale d’Hugo Chavez qui a multiplié les programmes sociaux, en matière de santé ou d’éducation.
En passant de cent cinquante dollars, l’été dernier à moins de cinquante dollars ces temps-ci, le cours du pétrole ne lui facilite pas la tâche, puisque le pétrole reste le grand atout du Venezuela, la composante majoritaire de son PIB.
C’est d’ailleurs ce que reproche l’opposition à Hugo Chavez : « Ne pas avoir profité de cette manne pour diversifier l’économie, mais au contraire avoir fait de l’assistanat, et d’une certaine façon du clientélisme avec cette manne ».
Il est vraisemblable que des jours plus difficiles se profilent pour le système Chavez. D’ailleurs, beaucoup disent que : « Le président s’est hâté d’organiser son référendum, avant que la situation précisément ne se gâte ». Car Hugo Chavez a beau être avec son allié iranien, celui qui traditionnellement pousse le plus à l’OPEP pour restreindre la production, de façon à assurer des cours élevés, il ne devrait pas à l’avenir bénéficier d’une rente pétrolière aussi considérable qu’il y a quelques mois encore.
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