par Stefanie Schüler
Article publié le 13/02/2009 Dernière mise à jour le 15/02/2009 à 13:20 TU
Le président vénézuélien joue son avenir politique dimanche. Pour la dixième fois en dix ans, Hugo Chavez appelle ses compatriotes aux urnes pour se prononcer sur une réforme constitutionnelle qui pourrait lui permettre d’être président à vie. Dans un contexte électoral tendu, le mouvement anti-Chavez, mené surtout par les étudiants, espère toujours que le « non » l’emportera. De son côté, un eurodéputé conservateur, invité par l’opposition à surveiller le bon déroulement du scrutin et qui a qualifié le président Chavez de « dictateur », a été expulsé du pays. Cette affaire risque de détériorer les relations entre Madrid et Caracas.
« Nous sommes les défendeurs de la démocratie au Venezuela », ont scandé ces derniers jours des milliers d’étudiants qui ont manifesté dans les rues de Caracas.
Ce sont eux qui mènent le mouvement pour le « non » au référendum. « La société vénézuélienne voit en nous la nouvelle génération, c’est une de nos forces ». Le mouvement des étudiants bénéficie en effet d’une image très positive au sein de la société vénézuélienne. Selon un sondage Datanalisis, sa cote de popularité auprès de l’opinion publique frôle les 80%. Mais les étudiants, peu expérimentés, se battent contre une incroyable machine de communication, mise en place par l’entourage d’Hugo Chavez.
« Vous n’allez pas me faire défaut dimanche »Le président est en effet partout : il tient des meetings à Caracas et en province, apparaît dans de nombreux spots électoraux qui passent en boucle à la télé et à la radio. Les affiches avec son portrait sont placardées sur les murs des villes et des villages.
« Le cœur me le dit, vous n'allez pas me faire défaut dimanche. Je suis sûr que nous allons obtenir une victoire historique », a déclaré le président, jeudi 12 février, devant une foule compacte en rouge, la couleur de la Révolution bolivarienne, avant de rajouter : « On va pulvériser le non ».
Hugo Chavez estime en effet qu’après une décennie au pouvoir, au moins dix ans de plus lui sont nécessaires pour mener à bien les réformes qu’il a entreprises dans son pays et qui, selon sa volonté, devraient lui permettre d'instaurer au Venezuela « le socialisme du XXIe siècle ».
Une supportrice du « oui » au référendum. La campagne s'est achevée le vendredi 13 février 2009.
(Photo: Reuters)
Contexte électoral tendu
Mais, ces derniers mois, la popularité d’Hugo Chavez s’est essoufflée. L’indice de satisfaction des Vénézuéliens a suivi la dégringolade des cours du pétrole, dont dépend le pays. De plus en plus de voix s’élèvent également contre un taux de violence qui a connu une croissance inquiétante, ainsi que contre la corruption qui perdure. Lors des élections régionales et municipales en novembre dernier, les partis d’opposition ont progressé et ont pu remporter le scrutin dans quelques bastions symboliques, notamment la mairie de Caracas.
C’est dans ce contexte électoral tendu qu’un eurodéputé conservateur espagnol, Luis Herrero, s’est fait expulser du Venezuela sans avoir même eu le temps de récupérer ses bagages. Invité par le mouvement vénézuélien démocrate-chrétien Copei à observer le scrutin, il a qualifié Hugo Chavez de « dictateur » devant la presse vénézuelienne vendredi matin et a été expulsé dans la soirée. Cet incident diplomatique risque de détériorer les relations avec l’Espagne.
Président du groupe du Parti Populaire européen
« Ce sont des méthodes de dictateur que l’on ne peut pas accepter. »
L'issue du vote de dimanche reste incertaine. Certains sondages ont laissé entrevoir un possible échec lors du référendum si les électeurs indécis choisissent d’exprimer leur mécontentement ou si la participation des partisans du président se révèle insuffisante.
D’autres observateurs prévoient au contraire une victoire du « oui » ou mettent en garde contre des tentatives d’intimidation de la part des Chavistes dont pourraient être victimes des électeurs. « Dimanche prochain, le militaire sera déployé par tout. On va assister même à la plus forte présence militaire jamais observée lors d’une élection au Venezuela », s’inquiète l’anthropologue Paula Vasquez. « Les militaires seront partout, dans les bureaux de vote, dans les rues, pour empêcher de possibles manifestations des opposants ».
Le 2 février dernier, Hugo Chavez fêtait ses dix ans au pouvoir. Si le « non » l’emportait une nouvelle fois dans les urnes, le président ne pourrait pas se présenter aux élections de 2012 et devrait quitter la présidence début 2013. Privé de ce personnage charismatique, son Parti socialiste unifié (PSUV) aurait alors, selon des observateurs politiques, peu de chance de se maintenir au pouvoir.
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