par Michèle Gayral
Article publié le 02/02/2009 Dernière mise à jour le 02/02/2009 à 21:14 TU
Le président nicaraguayen Daniel Ortega (g) et le président vénézuélien Hugo Chavez (d), lors d’une cérémonie à Eloy Alfaro, le 15 juillet 2008.
(Photo : Reuters)
La politique intérieure souffre du rayonnement régional du président
Le président vénézuélien, Hugo Chavez et son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à Téhéran.
( Photo : Reuters )
Mais il s'est montré au moins aussi énergique en matière de politique intérieure. On peut dire qu'il a donné un impitoyable coup de vieux à ce régime démocratique d'alternance, mais s'accommodant de fortes inégalités sociales, qui prévalait jusque-là au Venezuela. Il a complètement « ringardisé » la classe politique d'alors, au point de la faire quasiment disparaître du paysage. Même s'il a dû faire face à quelques tentatives de résistance de la part de l'Ancien régime. Ainsi le coup d'Etat manqué d'avril 2002 ; ou la longue grève suivie en 2002-2003 par la société pétrolière, alors véritable « Etat dans l'Etat » ; ou encore la pétition massive qui a conduit au référendum révocatoire du 15 août 2004... Des péripéties qui n'ont fait en définitive qu'affermir le pouvoir d'Hugo Chavez.
En même temps, le président Chavez lançait sans tarder l'élaboration d'une nouvelle constitution, approuvée dès la fin de l'année 1999. Et il instaurait de nouvelles règles en matière sociale, ouvrant largement l'accès des plus défavorisés à la santé et à l'éducation, par exemple. En particulier, la dissémination un peu partout sur le territoire vénézuélien de bâtiments de style dispensaire, gérés par les milliers de médecins cubains complaisamment prêtés par Fidel Castro, n'ont été que le premier pas vers un réseau de structures hospitalières plus élaborées.
L’opposition n’a pas été ménagée
Mais ce président autoritaire a aussi développé des politiques beaucoup plus discutables. Ainsi, il n'a pas découragé, pour le moins, l'intimidation, voire la violence, contre ses opposants politiques ; les progrès sociaux qu'il a suscités, les nouvelles structures sanitaires, éducatives, d'information qu'il a créées, portent aussi la marque d'une forte politisation ; il n'a pas hésité à se faire donner des pouvoirs spéciaux par une assemblée nationale à sa botte de façon à légiférer par ordonnance pendant dix-huit mois, ni à faire fermer la plus ancienne télévision du Venezuela, RCTV, décidément trop rétive ; enfin, il a très largement basé sa politique économique et sociale sur une rente pétrolière aléatoire, et sur les cadeaux qu'elle lui permettait de faire à une espèce de clientèle électorale qu'il a ainsi maintenue sous sa coupe.Ce 10e anniversaire coïncide en tout cas pour Hugo Chavez avec un tournant politique majeur. Il a en effet fait le pari qu'il pourrait se maintenir au pouvoir aussi longtemps que lui-même le jugerait utile pour le pays... Car cette nouvelle constitution qu'il a fait adopter peu après son arrivée au pouvoir lui pose maintenant problème : elle limite à une seule fois la possibilité pour un président élu de se faire réélire. Ce qui veut dire qu'il ne peut à nouveau se représenter et qu'il doit quitter le pouvoir en 2013. Il a donc précipité les choses - précipité parce que sa popularité, toujours forte, pourrait bientôt souffrir des coupes qu'imposera forcément à sa généreuse politique sociale la chute des cours du pétrole - et s'apprête à soumettre aux Vénézuéliens par voie de référendum un projet d'amendement constitutionnel qui autoriserait des réélections présidentielles illimitées. Le référendum aura lieu ce 15 février. Hugo Chavez joue là un peu son va-tout, après un premier référendum sur ce thème qu'il avait perdu fin 2007... Mais un va-tout qui laissera de toute façon une confortable marge de manœuvre à ce président hyperactif qui est encore au pouvoir pour au moins quatre ans encore.
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