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Finance / Justice

Marc Dehi, sorti de sa prison du Ghana, serait rentré en Côte d'Ivoire

par Frédéric Farine

Article publié le 27/02/2009 Dernière mise à jour le 27/02/2009 à 21:15 TU

Le pasteur américano-ivoirien, Marc Dehi, aurait quitté les geôles ghanéennes ces derniers jours a-t-on appris d'une source judiciaire à Fort-de-France. Les conditions de sa libération restent, pour l'heure, énigmatiques.

Marc Dehi, le « Madoff » d'origine ivoirienne n'est plus en prison au Ghana. Il serait en Côte d'Ivoire(Photo : DR)

Marc Dehi, le « Madoff » d'origine ivoirienne n'est plus en prison au Ghana. Il serait en Côte d'Ivoire
(Photo : DR)

« On s'est fait avoir » estime, dépitée, une source judiciaire à Fort-de-France. Marc Dehi, le « Madoff » d'origine ivoirienne, mis en examen pour « escroquerie en bande organisée » et « exercice illégal du métier de banquier » avait quitté la Martinique, en violation de son contrôle judiciaire, entre fin juillet et début août 2008. Le samedi 31 janvier dernier, il avait été arrêté au Ghana. Après sa fuite de Martinique, la juridiction de ce département d'outre-mer avait lancé un mandat d'arrêt international à son encontre et il figurait dans le fichier d'Interpol : « Nous connaissions l'une de ses fausses identités, c'est ce qui a provoqué son arrestation au Ghana » nous avait confié un enquêteur, il y a une dizaine de jours, alors que Marc Dehi était encore en prison au Ghana. Faute de convention avec le Ghana, les autorités judiciaires françaises espéraient que Marc Dehi leur serait remis par "la voie diplomatique". Il n'en a finalement rien été, puisque selon une source judiciaire à Fort-de-France, « le Ghana l'a expulsé en Côte d'Ivoire à sa sortie de prison, ces derniers jours. Monsieur Dehi a la double nationalité américaine et ivoirienne ».

Le pasteur serait actuellement en Côte d'Ivoire selon une proche de celui-ci. La justice française reproche à Marc Dehi « d'avoir mis en place un système pyramidal qui consiste à récolter des fonds en remboursant les premiers souscripteurs par les derniers arrivants, tout en utilisant des fonds à des fins personnelles ». Le pasteur, dirigeant de Gedeon Financial Corporation et Omega Consulting, proposait des « plans de financement » miraculeux. Pour tout investissement de 1 500 euros, Marc Dehi et son staff promettaient en retour, 400 euros par mois pendant 2 ans, à partir du cinquième mois suivant la souscription, soit au total 9 600 euros. Avec de surcroît, à terme, la restitution de la somme initiale. Le taux d'intérêt atteignait donc 640% !

La cupidité plus forte que les doutes

Une carte d'adhérent aux « sociétés » de Marc Dehi.(Photo : F. Farine / RFI)

Une carte d'adhérent aux « sociétés » de Marc Dehi.
(Photo : F. Farine / RFI)

Les faits reprochés ont été commis notamment aux Antilles, en Guyane et dans l'Hexagone. En Guyane, les investissements se chiffreraient à hauteur de 3,5 millions d'euros et des souscripteurs divers et variés (entrepreneurs, enseignants, élus...) sont loin d'avoir récupéré leur mise. Des cartes de retrait d'espèces avaient même été envoyées aux adhérents des sociétés de Dehi. « Les deux cartes que j'ai reçues n'ont jamais fonctionné » fulmine cet enseignant antillais en poste en Guyane. « La cupidité a été plus forte que les doutes qu'inspirait ce système » ajoute-t-il. Il nous a confié avoir investi 9 000 euros (six plans de 1 500 euros) et n'avoir reçu en retour que 6 600 euros. L'arrestation de Dehi, fin août 2007, ayant stoppé le système. L'enseignant-adhérent nous a, en outre, expliqué qu'il récupérait une partie de sa mise initiale, la plupart du temps, dans de grandes réunions publiques. Et toujours en espèces, dans une enveloppe, sous les yeux de futurs adhérents... Huit personnes, toutes présumées innocentes, sont toujours mises en examen dans ce dossier.