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Soudan / Darfour

L’expulsion des ONG menace plus d’un million de personnes

par  RFI

Article publié le 06/03/2009 Dernière mise à jour le 06/03/2009 à 16:42 TU

« Avec le départ des ONG, et si le gouvernement soudanais ne revient pas sur sa position, 1,1 million de personnes seront sans nourriture, 1,5 million de personnes seront sans soins de santé et plus d'un million sans eau potable », a indiqué, ce  vendredi à Genève, Elizabeth Byrs,  la porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'Onu (OCHA) lors d'un point de presse. Au moins 13 organisations non gouvernementales ont été sommées de quitter le Soudan, après l’annonce, mercredi,  par la Cour pénale internationale (CPI), du mandat d’arrêt contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour. Les autorités soudanaises ont accusé ces organisations d’avoir « collaboré » avec la CPI. Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a craint que la situation ne pousse de nouvelles personnes à fuir le Soudan et en particulier le Darfour pour se réfugier dans les pays voisins.

Distribution de nourriture par le Progamme alimentaire mondiale (PAM) dans le camp de Kalma, près de Nyala au Sud-Darfour.(Photo : Jose Cendon/AFP)

Distribution de nourriture par le Progamme alimentaire mondiale (PAM) dans le camp de Kalma, près de Nyala au Sud-Darfour.
(Photo : Jose Cendon/AFP)

Avec notre correspondant à Khartoum, Stéphane Aubouard

Deux jours après l’annonce de l’inculpation du président soudanais pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, 13 organisations non gouvernementales internationales et deux locales se sont vues révoquer leurs permis de travail. Parmi ces ONG, des noms prestigieux comme Médecins sans frontières (MSF-France), Oxfam ou, encore, Care. Le vice-président soudanais Ali Osman Taha les a accusées toutes d’avoir des activités politiques ou de renseignement.

Cette révocation a pour effet immédiat l’expulsion d’environ 250 travailleurs humanitaires expatriés et  la mise au chômage de 5 000 employés soudanais qui travaillaient, pour la plupart, au Darfour. Des organismes des Nations unies sont touchés, eux aussi, par ces expulsions. Tout d’abord, le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) qui n’a donc plus grand chose à coordonner. Le Programme alimentaire mondial (PAM)  risque également de souffrir de l’absence soudaine d’ONG qui assuraient la circulation des denrées dans des zone reculées.

Mais les premiers à pâtir de la situation sont, évidemment, les déplacés eux-mêmes. Devenus dépendants du système d’aide internationale, ils sont deux millions et demi répartis dans des camps situés dans tout le Darfour. Des besoins premiers en médicaments et en nourriture ne seront dorénavant plus assurés. On craint une dégringolade du niveau de santé moyen dans toute la région et des conséquences sociales qui vont avec.

Marie-Pierre Allié présidente de MSF France a qualifié d’« absurde » la réaction des autorités soudanaises qui accusent les humanitaires d'avoir fourni des documents à la Cour pénale internationale (CPI). Elle a réaffirmé l'indépendance de son mouvement vis-à-vis de la CPI, soulignant que le départ des humanitaires du Darfour risque d'être catastrophique pour les populations civiles de cette région.

Marie-Pierre Allié

Présidente de Médecins Sans Frontières

« Les conséquences sur les populations civiles du Darfour vont être dramatiques avec le départ d'un nombre important d'ONG. MSF assure les soins d'environ 300 000 à 400 000 personnes. »

06/03/2009 par Nathalie Amar