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Soudan/Darfour/Justice internationale

Le Soudan divise le Conseil de sécurité

Article publié le 07/03/2009 Dernière mise à jour le 07/03/2009 à 17:40 TU

Camp de réfugiés soudanais du Darfour, de l'autre côté de la frontière du Soudan.(Photo: AFP)

Camp de réfugiés soudanais du Darfour, de l'autre côté de la frontière du Soudan.
(Photo: AFP)

Le Conseil de sécurité reste profondément divisé sur la question du Darfour, au lendemain de l’émission d’un mandat d’arrêt contre le président soudanais. Omar el-Béchir est poursuivi par la Cour pénale internationale, la CPI. Par mesure de rétorsion, le gouvernement soudanais a expulsé du Darfour 13 ONG, rendant la crise humanitaire déjà présente encore plus intense. Le Conseil de sécurité s’est réuni pour étudier la situation, mais aussi pour évoquer une demande de suspension des poursuites. Sans succès.

Avec notre correspondant à New York, Philippe Bolopion

Pour l'instant, les efforts de l'Union africaine pour sauver le président soudanais ne donnent rien. Une majorité de pays, au sein du Conseil de sécurité, veulent laisser la justice internationale suivre son cours. D'autant plus que c'est le Conseil lui-même qui avait saisi la CPI du dossier. Les pays africains, appuyés par la Chine et la Russie, ont donc peu d'espoir de faire activer l'article 16 du traité de la CPI, qui permettrait de geler les poursuites contre Omar el-Béchir.

Malgré cela, des délégations de l'Union africaine et de la Ligue arabe vont tout faire, pour tenter de renverser la tendance à l'ONU. Mais même si elles y parvenaient, elles se heurteraient sans doute à un veto des Etats-Unis.

Le prix payé par les populations

La réunion du Conseil de sécurité a aussi été l'occasion, pour l'ONU, d'évoquer une situation humanitaire alarmante. Les ONG expulsées par Khartoum, au prétexte qu'elles auraient coopéré avec la CPI, assuraient près de la moitié de ce qui est la plus grosse opération humanitaire de la planète. Sans elles, des millions de personnes seront affectées. Certains camps sont déjà sur le point de manquer d'eau. Plusieurs pays, dont la France, auraient voulu que le Conseil de sécurité s'en émeuve publiquement.

Mais la Chine, qui n'avait pas obtenu satisfaction pour évoquer une suspension des poursuites, s'y est opposée.

Pour Susan Rice, la nouvelle représentante permanente des Etats-Unis à l'ONU, « la situation humanitaire dans le pays est déjà extrêmement difficile et cette mesure impitoyable constitue une menace pour la vie d'innocents qui endurent de longues années de guerre et de violences ». Pour l'ambassadeur soudanais à l'ONU, Abdelmahmoud Abdalhaleem, l'expulsion des ONG (dont Save the children, Médecins sans frontières ou encore Oxfam) est une « tempête dans un verre d'eau ».

Stratégie du chaos

En expulsant 13 des plus grosses ONG du Soudan, Omar el-Béchir sait très bien ce qu'il fait : il menace la vie de dizaines de milliers de personnes. Selon le bureau de coordination de l'aide humanitaire des Nations unies, un million de personnes sont laissées sans nourriture et un million et demi sans soins. Au Darfour, plus de deux millions et demi de personnes bénéficient de programmes d'aide, et l'ONU délègue souvent aux ONG le soin de distribuer les vivres, l'eau et les médicaments. Sans l'épine dorsale de l'aide que constituent les grandes ONG, le Darfour va connaître une nouvelle crise humanitaire.

De l'avis général, d'ici une semaine à dix jours, les taux de mortalité vont grimper en flèche dans certaines parties du Darfour. Il est dès lors quasiment certain que les populations qui le pourront, fuiront vers les pays voisins comme le Tchad. Le HCR anticipe déjà cet exode. Omar el-Béchir sait donc ce qu'il fait, et le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme estime que punir des civils en raison d'une décision de la CPI est un manquement au devoir du gouvernement de protéger son peuple. Reste à savoir ce que pourra faire la communauté internationale, face à cette stratégie du chaos.

Abdoulawahid al-Nour, le leader du MLS, l'un des plus importants mouvements rebelles, a appelé la communauté internationale à faire preuve de fermeté pour obliger Khartoum à revenir sur cette décision qui selon lui, condamne à mort les peuples du Darfour. 

RFI

A écouter

Reportage : Les soutiens musulmans d'el-Béchir

« Selon l'Iranien Larijani, dont le pays a financé un avion transportant une délégation de parlementaires principalement arabes, personne n'a le droit de dicter sa loi à un pays musulman... Il faut comparer ce qui se passe en Palestine avec ce qui se passe au Soudan... »

07/03/2009