par RFI
Article publié le 08/03/2009 Dernière mise à jour le 09/03/2009 à 09:32 TU
Une mutinerie a éclaté, dimanche 8 mars 2009, dans un important camp militaire, aux portes de la capitale malgache, Antananarivo. Des soldats traditionnellement loyalistes ont affirmé qu'ils n'obéiraient plus aux ordres du régime, pour protester contre la répression par le gouvernement, des manifestations de l'opposition depuis trois mois. Ce camp militaire, considéré comme le poumon de l'armée malgache, est situé à environ cinq kilomètres du centre-ville. Il est bloqué par les mutins. De son côté, le chef de l'opposition Andry Rajoelina est entré, samedi 6 mars, dans la clandestinité.
Dimanche en tout début d’après-midi, les soldats ont verrouillé l’accès du camp militaire situé sur le haut d’une colline. Une quinzaine d’entre eux ont pris le contrôle du rond-point, en contrebas, avant de bloquer complètement tout passage de véhicules.
De l’autre côté, vers l’entrée principale du camp, les militaires sont retranchés. Les soldats sont inquiets. Ils sont persuadés que la garde présidentielle veut lancer un assaut pour s’emparer de l’arsenal.
Ce camp, le CAPSAT (Corps d'Administration des Personnels et Services de l'Armée de Terre), abrite d’importants stocks d’armes et munitions et plusieurs centaines de soldats.
Les mutins expliquent qu’ils ne veulent plus participer aux opérations de maintien de l’ordre. Depuis des semaines, la capitale Antananarivo, est le théâtre de manifestations de partisans de l’ancien maire, Andry Rajoelina, qui défie le président Ravalomanana, accusé de dérive autoritaire et de mauvaise gouvernance.
« On ne veut plus, dit l’un des mutins, être avec l‘Emmo-Nat », nom que l’on donne à l’état-major mixte opérationnel qui regroupe soldats, gendarmes et policiers.
Les mutins répondent-ils à un commandement ? A cette question, un jeune soldat dit en souriant : « On répond à notre sentiment, nous sommes avec le peuple ».
Pour l’instant, impossible de savoir qui commande la mutinerie. Il y aurait vraisemblablement des officiers dans le mouvement. Dimanche soir, au ministère de la Défense, on indiquait que des discussions étaient en cours avec les mutins pour tenter de ramener le calme.
Le ras-le-bol des militaires du Capsat |
Dès le début de la crise, il y a un mois et demi, les forces armées avaient indiqué clairement qu’elles respecteraient une logique de neutralité. Aujourd‘hui, les militaires supportent visiblement mal d’être impliqués dans des opérations de maintien de l’ordre contre des partisans de l’ancien maire Andry Rajoelina. « Nous n’avons pas été formés pour cela, expliquait hier un des mutins du camp Capsat, nous ne voulons plus être avec l'Emmo-Nat », le nom de l’état-major mixte opérationnel qui regroupe militaires, gendarmes et policiers. « Nous sommes là pour protéger les civils, disait un autre mutin, pas pour leur tirer dessus ». Une source au ministère de la Défense confirme que les militaires ne veulent pas être traités comme des oppresseurs. Les mutins s’interrogent aussi sur la présence dans les rangs d’hommes vêtus d’uniforme mais bizarrement chaussés de baskets, on ne sait pas d’où ils viennent accusent plusieurs soldats, accusant ces hommes de tuer des civils dans les quartiers. Autre élément qui renforce le malaise de ces soldats, les menaces de représailles qui pèseraient sur leurs familles qui vivent dans les quartiers. En tout cas ce dimanche autour du camp, la population a fraternisé avec le mutins, les habitants alentours avaient monté des barricades pour protéger l’entrée du camp du Capsat. |
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