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Madagascar

La situation se radicalise à Madagascar

par  RFI

Article publié le 14/03/2009 Dernière mise à jour le 14/03/2009 à 19:56 TU

Les partisans d'Andry Rajoelina ont manifesté ce 13 mars 2009 sur la place du 13 mai à Antananarivo.(Photo : Alexander Joe/AFP)

Les partisans d'Andry Rajoelina ont manifesté ce 13 mars 2009 sur la place du 13 mai à Antananarivo.
(Photo : Alexander Joe/AFP)

La situation se tend de minute en minute à Madagascar : l’opposant Andry Rajoelina demande au chef de l’Etat « de quitter humblement le pouvoir et de partir dans les quatre heures ». C'est un véritable bras de fer sur fond de tension entre d’un côté les mutins – soldats et gendarmes, dont le leader s’est autoproclamé nouveau chef d’état-major jeudi 12 mars – et de l’autre le chef de l’Etat qui en appelle au peuple pour protéger le palais présidentiel et l’ordre constitutionnel.

La confusion s’installe et pour les Malgaches il est de plus en plus difficile de comprendre ce qui se passe. En regardant vendred soir les journaux télévisés, ils ont pu voir le chef de l’Etat présider le matin même le conseil des ministres dans son palais de Iavoloha. Puis dans le sujet suivant, constater que l’avion présidentiel, le fameux « Air Force One » de soixante millions de dollars, était immobilisé et placé sous la garde de soldats mutins.

Un peu plus tard, toujours sur le petit écran, ils ont assisté à une poignée de mains entre le Premier ministre du président et celui nommé, il y a trois semaines, par l’opposant Andry Rajoelina. Une poignée de mains censée symboliser une passation de pouvoir.

Le « Premier ministre montant », selon l’appellation locale, arrivé à la primature escorté par des militaires du camp mutiné de Capsat, est ensuite reparti. L’armée utilise ainsi la tactique de l’encerclement pour contraindre le président Ravalomanana à démissionner.

Dans la matinée, la ministre de la Justice du contre-gouvernement de Rajoelina et des membres de la plate-forme de l’opposition ont déposé devant la Haute Cour constitutionnelle une demande de déchéance du chef de l’Etat pour manquement à la Constitution.

En fait, des tractations ont été menées depuis ce vendredi avec les juges de cette Haute Cour, qui ont visiblement donné leur accord pour rendre dès ce soir un arrêt qui annoncera donc que le président est déchu.

On voit mal ce que peut faire maintenant le président Ravalomanana. Il n’a visiblement plus aucun soutien. Il y a une heure, sur la Place du 13-Mai, le président de l’Assemblée nationale, qui est donc issu du parti présidentiel, est venu à la tribune, aux côtés de Andry Rajoelina, expliquer qu’il avait tenté lui-même ces derniers jours de convaincre le président malgache de démissionner.

Déclaration exclusive de Marc Ravalomanana à RFI

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Si le chef de l’Etat s’entête, il risque à ce moment-là des poursuites judiciaires. A la tribune, une dizaine de magistrats de la Cour de cassation était également présente. Ils ont signé un communiqué avec la ministre de la Justice du contre-gouvernement de Rajoelina, dans lequel ils affirment que les tribunaux sont prêts à poursuivre Marc Ravalomanana pour violation de la Constitution, haute trahison, crimes contre le peuple – référence à la tuerie du 7 février dernier – et également pour détournement de l’argent public. On voit bien que la situation pour Marc Ravalomanana est probablement sans issue.

La pression monte

La pression est très forte sur Marc Ravalomanana pour qu'il démissionne. Juste avant le discours d'Andry Rajoelina, c'était Jacques Sylla, le président de l'Assemblée nationale qui réclamait la démission du président. Une prise de position d'autant plus importante que Jacques Sylla, partisan de Ravalomanana jusqu'à aujourd'hui, avait été chargé par celui-ci de le représenter dans la médiation avec l'opposant Rajoelina. Mais Jacques Sylla a changé de camp. Il est apparu aux coté d'Andry Rajoelina à la tribune ce samedi matin sur la place du 13-Mai.

En fait, Ravalomanana est plus isolé que jamais. Parallèlement à ces appels à la démission, l'opposition a déposé une demande de déchéance auprès de la Haute Cour constitutionnelle qui devrait se prononcer dans la journée. Mais à Madagascar tout le monde préfèrerait une démission, qui aurait au moins le mérite de préserver les formes juridiques.

Sur le plan des symboles, les partisan de TGV ont pris possession ce samedi des locaux de la primature, le Premier ministre de la haute autorité de la transition nommé par Andry Rajoelina, a affirmé que l'opposition organiserait des élections dans les 24 mois à venir.


Au plan international, ce vendredi les Etats-Unis ne cachaient pas leur inquiétude et, samedi matin, la Commission européenne s'est déclarée sérieusement préoccupée par la crise qui met en péril la stabilité du pays. Bruxelles, appelle toutes les parties au dialogue afin de parvenir à une solution, « pacifique, légale et légitime ».


RFI

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