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Francophonie

Le français et les sports

par Marie Joannidis

Article publié le 17/03/2009 Dernière mise à jour le 18/03/2009 à 17:26 TU

Le maintien de l’utilisation du français dans le sport reste l’un des défis internationaux qui se posent à la Francophonie face à la prépondérance de la langue anglaise. L’enjeu est double : la place qui revient à la langue française dans le mouvement olympique, et particulièrement dans les Jeux qui ont lieu tous les quatre ans, mais aussi au sein des fédérations sportives internationales.

La fédération internationale de pétanque et de jeu provençal compte 57 fédérations nationales. Ici, partie de pétanque dans le quartier de Brooklyn, à New York.
© Wallygg/Flickr

La fédération internationale de pétanque et de jeu provençal compte 57 fédérations nationales. Ici, partie de pétanque dans le quartier de Brooklyn, à New York.
© Wallygg/Flickr

Grâce aux efforts du baron Pierre de Coubertin qui a relancé, en 1896, les jeux modernes créés par les anciens Grecs, la Charte olympique est sans ambiguïté concernant le statut de la langue française. Elle stipule en effet dans sa règle 24 que «les deux langues officielles du Comité international olympique (CIO) sont le français et l’anglais», précisant que «en cas de litige, la langue française fait foi».

Plus d’un siècle plus tard, le respect de cette ambition est toujours aussi vital : alors que la mondialisation a tendance à placer la langue et la culture anglo-saxonnes en position de domination, la promotion de la diversité linguistique est plus que jamais nécessaire pour lutter contre l’uniformisation, estiment les responsables de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui voient une similitude entre leurs idéaux de diversité culturelle et de démocratie et l’esprit de l’olympisme.

Le secrétaire général de la Francophonie, l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, a lancé, en juin 2008, une étude sur la place de la Francophonie dans le mouvement sportif international. Le questionnaire, adressé aux fédérations internationales, au Comité international olympique (CIO) et à toutes les organisations sportives internationales, doit permettre d’identifier la place et le statut de la langue française dans ces organisations, la place des francophones ainsi que leurs besoins de formation. L’OIF souligne vouloir ainsi mieux connaître les besoins de ses partenaires sportifs afin de mettre son expertise à leur service et contribuer à la coordination de leurs actions.

Une intervention de grande envergure aux Jeux olympiques de Pékin 2008

Parallèlement, Abdou Diouf a cherché à mobiliser, aux Jeux olympiques de Pékin du mois d’août 2008, l’ensemble des Francophones et des dirigeants du sport international. Ainsi, après les jeux d’Athènes (2004) et de Turin (2006), la troisième intervention de la Francophonie pour la promotion de la langue française aux Jeux s’est distinguée par son envergure.

Pétanque, au Laos.© Sama Sama/Flickr

Pétanque, au Laos.
© Sama Sama/Flickr

Au lendemain de la cérémonie d’ouverture, Abdou Diouf a notamment présidé, aux côtés de son grand témoin, l’ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, un événement public auquel se sont associés Jacques Rogge, président du CIO, et le Vice-maire de Pékin. Etaient présents les chefs d’Etat et de gouvernement francophones, les ministres des sports, les membres du CIO, les présidents de fédérations internationales et de Comités nationaux olympiques, les villes organisatrices des prochains Jeux de Vancouver et de Londres et les villes candidates à l’organisation des Jeux de 2016, ainsi que des sportifs et des artistes francophones. Le grand témoin a observé avant et pendant les Jeux l’utilisation du français dans les divers lieux et services.

Pour la première fois, une convention entre l’OIF et le Comité d’organisation des Jeux de Pékin (Cojob) a été signée concernant la place de la langue française aux JO, en présence des présidents chinois Hu Jintao et français Nicolas Sarkozy. Cette convention a défini les modalités de coopération entre l’OIF, ses États et gouvernements membres et le Cojob, et pourrait servir d’exemple pour les Jeux ultérieurs.  

Dakar (Sénégal). Championnat du monde de pétanque. Novembre 2008.© Seyllou/AFP

Dakar (Sénégal). Championnat du monde de pétanque. Novembre 2008.
© Seyllou/AFP

Il mise pour cela sur le Commissariat à la langue française dans les Jeux olympiques, créé au sein de l’OIF en 2007, sur la mobilisation de la Conférence des ministres de la Jeunesse et des sports des pays ayant le français en partage, la Conféjes, qui existe depuis 1969, et sur la dynamique des Jeux de la Francophonie qui se tiennent tous les quatre ans, durant l’année post-olympique. Les prochains doivent se dérouler fin septembre 2009 à Beyrouth.

Des francophones présents dans les instances sportives, mais pas aux postes de décision

Les premiers résultats partiels de l’étude lancée par l’OIF en juin 2008 montrent que les francophones sont bien présents dans les instances des fédérations sportives internationales, mais pas forcément en nombre suffisant aux postes de décision. Le français reste par exemple la langue officielle de l’escrime, où les annonces sont faites dans cette langue, mais le succès de la discipline et son extension semblent accroître l’utilisation de l’anglais ou de l’espagnol.

Si en termes d’utilisation le français n’est pas forcément maltraité, les documents officiels et les règlements sont rarement rédigés en français, plutôt en anglais. Un effort est donc envisagé par la Francophonie pour l’aide à la traduction des textes et le maintien de l’usage du français. Autre point important, la mobilisation par l’OIF des Francophones dans leur ensemble, afin qu’ils s’entraident à accéder aux postes à responsabilité, et la formation non seulement des sportifs mais aussi des journalistes sportifs (presse écrite, multimédia ou télévision).