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Italie

Manifestation monstre contre la mafia

Article publié le 21/03/2009 Dernière mise à jour le 21/03/2009 à 18:31 TU

Plus de 100 000 personnes manifestaient samedi à Naples pour rendre hommage aux victimes de la mafia et réclamer la fin de l'emprise du crime organisé sur le sud de l'Italie.

Dans les rues de Naples, les manifestants ont réclamé la fin de l'emprise du crime organisé dans le sud de l'Italie.(Photo: reuters)

Dans les rues de Naples, les manifestants ont réclamé la fin de l'emprise du crime organisé dans le sud de l'Italie.
(Photo: reuters)

Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir

La manifestation qui s’est déroulée samedi dans le centre de Naples a débuté sur les airs de l’hymne national et s’est achevée avec un discours inattendu de Roberto Saviano, auteur de Gomorra, un livre enquête sur la Camorra - la mafia napolitaine, traduit dans quarante-trois pays, et qui a fait de lui un des plus grands symboles de la lutte contre le crime organisé.

Cette marche organisée par Don Luigi Ciotti, fondateur de l’association Libera, très active dans la lutte contre la criminalité organisée, a regroupé plus de cent mille participants. Succès indéniable pour la quatorzième journée de la mémoire en souvenir des victimes de toutes les mafias. Une journée marquée cette année par la présence de personnes venues de trente pays différents pour apporter leur soutien à « un combat qui exige moins de paroles mais plus d’actes concrets », a rappelé Don Ciotti. Au cours de la dernière décennie, plus de neuf cents personnes ont été assassinées en Italie par la criminalité organisée dont six immigrés africains, tués par balle le 18 septembre 2008 à Castel Volturno, localité proche de Naples et très contrôlée par la Camorra.

Fin de la vendetta à San Luca

 

Alors que plus de 100 000 personnes ont manifesté ce samedi à Naples, le village calabrais de San Luca vivait une étonnante tentative de rédemption. Hier vendredi, selon le principal quotidien italien, le Corriere della Sera, 300 hommes de ce village, y compris ceux de deux familles mafieuses qui se livrent à une sanglante vendetta, se sont rendus pour la première fois à l'église à la demande de l'évêque local.

L'évêque, appelé à la rescousse par le village calabrais de San Luca persuadé d'être victime d'une malédiction, aurait accepté de bénir les habitants à la condition que les hommes pénètrent dans l'église. Les 300 qui s'y sont risqués, ont ainsi rompu la tradition qui voulait que seules les femmes entrent dans ce lieu de célébration des rites catholiques. Parmi ces 300 personnes, des hommes ordinaires mais aussi des protagonistes d'une vendetta entre deux familles mafieuses qui a fait depuis 1991 une dizaine de morts en Italie et 6 en Allemagne à Duisbourg en 2007. C'était la première fois que ce conflit clanique donnait lieu à mort d'homme hors des frontières italiennes. Le procès des responsables de la tuerie vient d'ailleurs de s'achever par la condamnation de 31 personnes à des peines allant jusqu'à 13 ans de prison. La N'drangheta calabraise, l'un des quatre groupes mafieux italiens, le plus puissant, avec un chiffre d'affaires annuel de 45 milliards d'euros, lié à la drogue, devrait profiter selon les services secrets italiens de la crise mondiale qui assèche les liquidités des entreprises et permet au crime organisé de recycler ses profits illicites dans le commerce, l'immobilier ou le tourisme.