Article publié le 26/03/2009 Dernière mise à jour le 26/03/2009 à 11:41 TU
Chen Shui-bian, l’ancien président taïwanais à la maison d’arrêt Tucheng à Taipei, le 26 mars 2009.
(Photo : Reuters)
Il est arrivé menotté au tribunal de Taipei, alors que le bâtiment est placé sous haute sécurité. L'ancien président taïwanais comparait depuis ce matin pour corruption, blanchiment et détournment de fonds. Sur le banc des prévenus, Chen Shui-bian, mais aussi une dizaine d'autres personnes dont son épouse son fils et sa belle-fille. La justice les accuse d'avoir détourné au total 104 millions de dollars taïwanais, près de 3 millions d'euros. Il risque la prison à vie.
Avec notre correspondante à Hong-Kong, Florence de Changy
L’ancien président taïwanais s’était fait élire pour la première fois en 2000, avec un mandat d’opération « mains propres », s’engageant à débarrasser la vie économique et politique de Taiwan de la corruption rampante qui y régnait de notoriété publique, après un demi-siècle sous la gouverne du Kuomintang.
Chen Shui-bian avait notamment promis de faire la lumière sur le scandale des frégates La Fayette, lequel remontait au début des années 1990. Neuf ans plus tard, il est dans le box des accusés et risque la prison à vie. C’est aujourd’hui à lui que la justice reproche d’avoir détourné des fonds secrets et accepté des pots de vin.
Le procès s’ouvre sur une affaire foncière par laquelle le couple présidentiel aurait touché près de sept millions d’euros. L’épouse, les enfants et les proches du président sont également poursuivis et plusieurs d’entre eux ont partiellement admis leur culpabilité.
Pour sa défense, l’ancien président s’autoproclame « victime d’une purge anti-indépendantiste menée par le nouveau président Ma Ying-jeou qui se gagnerait ainsi les faveurs de Pékin », selon un communiqué rendu public mercredi par le camp de Chen Shui-bian. Le procès risque de durer des mois, sinon des années.
Chen Shui-bian dénonce un procès politique |
Les charges qui pèsent contre l'ancien président taïwanais sont lourdes, tellement lourdes qu'elles pourraient l'envoyer en prison jusqu'à la fin de sa vie. Il est accusé d'extorsion et détournement de fonds, de blanchiment d'argent et enfin de trafic d'influence. Bien sûr, Chen Shui-bian s'en défend. Le problème c'est que de nombreux témoins se sont manifestés. Exemple aujourd'hui à la barre : un homme d'affaires suspecté d'avoir versé onze millions de dollars à Chen et son épouse pour obtenir gain de cause dans une affaire immobilière. Chen affirme qu'il ne savait pas. Autre dossier, il admet que sa femme a placé 20 millions de dollars, provenant des caisses du parti, à l'étranger, là encore, il plaide l'ignorance et réfute l'accusation de blanchiment d'argent. Surtout il dénonce un procès politique. Il lui est en effet reproché d'avoir envenimé les relations avec Pékin pendant les huit ans de sa présidence. C'est en parti ce qui lui a valu de perdre les élections du printemps dernier. Il n'empêche, Chen Shui-bian réclame l'impartialité de la justice, il estime que le droit n'a pas été respecté pendant tout le processus qui a mené à son inculpation. RFI |
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