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Cambodge

Le récit des horreurs de S 21 au procès de Duch

Article publié le 31/03/2009 Dernière mise à jour le 31/03/2009 à 10:06 TU

La photo d'identité d'une des victimes internées à S 21, exposée au musée du camp.(Photo : Stéphane Lagarde/RFI)

La photo d'identité d'une des victimes internées à S 21, exposée au musée du camp.
(Photo : Stéphane Lagarde/RFI)

Au deuxième jour de son procès devant la cour spéciale, l'ancien chef du camp de torture du régime des Khmers rouges a reconnu sa responsabilité et demandé pardon aux victimes. L'accusation a débuté la longue litanie des exactions commises à S 21.

Avec notre envoyé spécial au Cambodge, Stéphane Lagarde

Ce mardi, l’audience est à nouveau consacrée au récit des horreurs qui se sont produites à S 21 et ce matin les procureurs ont utilisé des documents pour appuyer les témoignages : des plans de cette prison secrète située dans un lycée au centre-ville de Phnom Penh, des photos des victimes aussi car chaque prisonnier en arrivant au centre était biographié, son identité et le lieu de son arrestation mentionnés sur une fiche. Le dossier d’instruction en contient des centaines et des centaines.

La cour a également projeté un film, tourné par les soldats vietnamiens lorsqu’ils sont entrés dans Phnom Penh et la prison en 1979, images difficiles de ces corps mutilés sur les trébuchets de la torture, de ces corbeaux picorant sur un tas de cadavres.

Des images pour arriver à des chiffres, là encore terribles : 12 381 victimes ont été identifiées à S 21. « Il y en a certainement beaucoup plus », a reconnu l’accusé lui-même.

« Et derrière tous ces crimes, derrière toutes ces tortures, un homme contrôlait entièrement et sciemment la machine criminelle de S 21, a conclu le co-procureur canadien, Robert Petit. Duch doit être condamné en conséquence. »

Quatre heures durant, une terrifiante litanie


L’ordonnance de renvoi était connue des avocats et des experts. Elle a pris une toute autre ampleur une fois lue devant le public et l’accusé.

Pendant quatre très longues heures, le procureur rappelle dans le détail les faits qui se sont déroulés à S 21, véritable industrie de la mort : treize mille prisonniers, peut-être plus, exterminés dans cette prison secrète de la capitale sous les Khmers rouges. Cela fait au moins vingt personnes exécutées tous les jours entre 1975 et 1979, samedi et dimanche compris.

Le détail, ce sont les traitements dégradants imposés aux prisonniers ; le détail, ce sont les coups à la barre de fer et les décharges électriques ordonnés par Duch à ses hommes ; le détail, ce sont ces quatre étrangers brûlés vifs ou encore ces enfants défenestrés depuis le troisième étage de la prison.

L’accusé reconnaît une partie des faits. Il en conteste d’autres. « C’est de toute façon largement suffisant », indique le procureur pour répondre à l’accusation de crimes contre l’humanité.