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Corée du Nord / Reste du monde

Tempête diplomatique dans le sillage de la fusée nord-coréenne

Article publié le 05/04/2009 Dernière mise à jour le 05/04/2009 à 22:27 TU

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni dimanche à New York à huis clos pour étudier les suites à donner au lancement par la Corée du Nord d'une fusée très tôt ce dimanche. Mais aucune mesure particulière n'a été décidée. Les membres du Conseil de sécurité sont convenus de poursuivre les discussions face à ce qu'ils appellent une « situation grave ». Les condamnations sont unanimes, mais Moscou et Pékin appellent au calme. Après le lancement de la fusée nord-coréenne, les condamnations ont été unanimes, mais Moscou et Pékin ont appelé au calme. D'après la Corée du Sud, la fusée transportait bien un satellite de télécommunication et non un missile balistique comme l'ont craint les Etats-Unis et leurs alliés, y compris Séoul.

Réunion de crise du cabinet du ministre japonais de la Défense Yasukazu Hamada (C) après le lancement de l'engin nord-coréen( Photo : Kazuhiro Nogi / AFP )

Réunion de crise du cabinet du ministre japonais de la Défense Yasukazu Hamada (C) après le lancement de l'engin nord-coréen
( Photo : Kazuhiro Nogi / AFP )

Un océan de protestations 

La communauté internationale s'attendait tellement à ce tir que les communiqués étaient déjà pratiquement rédigés.

Barack Obama a aussitôt dénoncé « une provocation »… Le président américain reste sur la ligne du lancement d’un missile, objet militaire et hostile, et non pas d’un lanceur de satellite, objet scientifique. « Le lancement de ce Taepodong 2 est une claire violation de la résolution 1718 du Conseil de sécurité des Nations unies », déclare le président américain, qui est à Prague où il poursuit son voyage en Europe.

Barack Obama

Président des Etats-Unis

« La Corée du Nord a enfreint les règles une fois de plus en testant une fusée qui pourrait être utilisée pour un missile à longue portée. »

05/04/2009 par Claude Cirille

La résolution en question avait été adoptée en 2006, au moment du premier test nucléaire de Pyongyang, elle interdit notamment aux Nord-Coréens de procéder à des tirs de missiles balistiques.

 Les avertissements de Washington

Avec notre correspondante à Atlanta, Anne Toulouse

Vers 23 h, heure de Washington, le département d’Etat a confirmé le lancement.  « Quoi qu’il en soit, a déclaré le porte parole Fred Lash, nous considérons qu’il s’agit d’une provocation qui va amener les Etats-Unis à prendre les mesures nécessaires pour faire savoir à la Corée du Nord qu’elle ne peut pas, impunément, menacer la sécurité d’autres pays

C’est presque mot  pour mot l’avertissement que Barack Obama a lancé vendredi à Londres, où il a rencontré son homologue sud coréen à l’occasion du G20.

Les Etats-Unis vont pousser à l'adoption d'une résolution par les Nations unies, sans se faire d’illusion sur le fait que la Chine contrecarrera  cette initiative. Ils peuvent également demander la pleine application d’une  résolution précédente ou mettre en œuvre leurs propres sanctions, quoi que là aussi, la marche de manœuvre soit réduite.

Comme ses prédécesseurs Barack Obama a été confronté au dossier nord-coréen, amplifié par la crainte que l’essai qui vient de se dérouler pourrait aboutir un jour au lancement d’un missile en direction du territoire américain. Les Etats-Unis ont multiplié les avertissements à Pyongyang, ces dernières semaines et essayé de ramener les Nord-Coréens dans des négociations où 5 autres pays essayent de renoncer à leur arsenal nucléaire.

Le ministre de la Défense Robert Gates avait reconnu, dimanche dernier « qu’il ne pouvait pas faire grand-chose pour empêcher ce lancement

Tout comme les Etats-Unis, le Japon a vivement réagi et demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. Le gouvernement japonais a protesté auprès de l’ambassade de Corée du Nord (les deux pays n’entretiennent pas de relations diplomatiques).

La Corée du Sud a dénoncé « un acte de provocation et une violation flagrante » de la résolution 1718 de l’Onu.

Pas de commentaire du côté de la Russie, où l’on relève simplement la réalité du tir.

Coopération entre l'Iran et la Corée du Nord

« En 1993, la Corée du Nord prépare son Nodong-1, un nouvel engin plus puissant ; lors du test, l'invité est de marque est le général Mantequei, le responsable iranien de missiles. »

05/04/2009 par Nicolas Vescovacci

Enfin, à Prague, la présidence tchèque de l’Union européenne condamne « fermement ». Dans un communiqué, la présidence tchèque précise que « cette opération fragilise encore la stabilité régionale à un moment où la question nucléaire dans la péninsule coréenne, qui reste sans solution, requiert un renforcement de la confiance réciproque ».

A l'ONU

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a aussi dénoncé le tir de cette nuit. A New York, dès ce dimanche, des consultations vont se tenir à huis clos pour déterminer la conduite à tenir. Le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis veulent une résolution de condamnation. Mais le ralliement de la Chine et de la Russie n'est pas garanti et donc leur vote non plus.

Pékin, un allié tout en retenue

Avec notre correspondant à Pékin, Marc Lebeaupin

Peu de commentaires pour l’instant de la part de Pékin, sauf cet appel à la retenue, ce qui signifie sans doute un peu d’embarras et même d’agacement de la part de la Chine, unique partenaire politique et économique de la Corée du Nord.

L’agence officielle Chine Nouvelle a annoncé le tir du missile dans les minutes qui ont suivi, en précisant aussitôt de source russe ou sud-coréenne non citées, qu’il s’agissait bien « d’un lancement de fusée destiné à mettre en orbite du satellite de télécommunication et non d’un tir de missile comme l’affirment les Américains ».

Au-delà de cette précision, les autorités chinoises restent muettes pour l’instant. Dans les jours qui ont précédé ce tir, elles s’étaient contentées d’exprimer leur inquiétude face à un risque de déstabilisation de la péninsule coréenne.

Aucun commentaire sur ce nouveau tir, Pékin reste l’allié de Pyongyang. La Chine fournit une partie importante des besoins en nourriture et en énergie de la Corée du Nord. Pourtant, les dirigeants chinois affirment qu’ils ont peu de prise sur leur voisin du Nord. Le Premier ministre nord-coréen était en Chine récemment, sans doute pour chercher le soutien de Pékin. Mais ces entretiens sont restés totalement secrets.

Pour certains observateurs, la Corée du Nord n’entend pas se laisser dicter sa conduite. En 2006, lors d’un essai nucléaire, les dirigeants nord-coréens n’avaient prévenu la Chine que vingt minutes à l’avance.

 

A écouter/Télécharger

Marianne Péron-Doise, enseignante à l'Inalco et à Scences-Po, spécialiste de la Corée

« Il y a un message à usage interne où on affirme la puissance de Kim Jong-il et de son mode de leadership. »

05/04/2009

Valérie Niquet

« La Corée du Nord et les Etats-Unis vont repartir sur une série de négociations qui avaient été interrompues il y a quelques mois. »

05/04/2009

(Photos : AFP)