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Transport aérien

Air Sénégal International dans la tourmente

par Myriam Berber

Article publié le 10/04/2009 Dernière mise à jour le 10/04/2009 à 17:10 TU

Le conseil d’administration d’Air Sénégal International (ASI) qui devait se tenir ce vendredi 10 avril à Dakar, a été reporté à la semaine prochaine. Depuis deux ans, un bras de fer oppose la Royal Air Maroc (RAM) et son associé, l’Etat sénégalais, au sein d’Air Sénégal International (ASI). La RAM a annoncé vouloir se désengager de l’ASI. Mais un tribunal de Dakar a déclaré cette procédure non valable et interdit à la RAM de se retirer de la gestion d’Air Sénégal.

Le tribunal régional de Dakar a interdit, le 6 avril 2009, à Royal Air Maroc de se retirer de la gestion de la compagnie Air Sénégal.(Photo : AFP)

Le tribunal régional de Dakar a interdit, le 6 avril 2009, à Royal Air Maroc de se retirer de la gestion de la compagnie Air Sénégal.
(Photo : AFP)


En prenant la majorité du capital d’Air Sénégal International (ASI) en 2001, la Royal Air Maroc (RAM) entendait devenir un acteur majeur du transport aérien de l’Afrique de l’Ouest. Mais le mariage avec l’Etat sénégalais n’a pas survécu à une succession de crises. La RAM et son associé sont, en effet, depuis près de deux ans, en conflit ouvert sur la gestion de leur filiale commune, Air Sénégal International (ASI), détenue à 51% par la RAM et à 49% par l’Etat du Sénégal.

En quelques années, Air Sénégal devient le premier réseau d’Afrique de l’Ouest, avec des bénéfices confortables. Mais à partir de 2006, l’horizon s’assombrit pour la jeune compagnie avec une conjoncture difficile marquée par la hausse du prix du carburant, la montée de la concurrence et les grèves à répétition du personnel. La politique de la maison-mère est également dénoncée par Dakar. Air Sénégal ferme, par exemple, en 2006 sa ligne vers Accra alors que, dans le même temps, la RAM commence à desservir la capitale ghanéenne.

L’Etat sénégalais, actionnaire majoritaire

Malgré le soutien financier de la RAM, la flotte sénégalaise accuse, en juillet 2007, un déficit de 18 millions d’euros (12 milliards de FCFA). Deux possibilités s’offrent alors pour les actionnaires : mettre la clé sous la porte ou recapitaliser la compagnie. L’Etat sénégalais choisit la seconde option et prend la majorité des parts au détriment de la RAM qui perd la direction.

En octobre 2007, le ministre sénégalais des Transports, Farba Senghor, annonce le renflouement de capital de la compagnie à hauteur de 30 à 36 millions d’euros (20 à 24 milliards de FCFA). L’Etat sénégalais devenant actionnaire majoritaire avec 75% des parts. La RAM conservant 25% du capital. Mais à ce jour, l’engagement sénégalais de reprendre le capital et la gestion de la compagnie ne sont toujours pas concrétisées.

Royal Air Maroc condamnée à rester

Début 2009, la RAM presse l’Etat sénégalais de prendre effectivement le contrôle d’ASI avant la date du 31 mars 2009, sans quoi elle se retire de la gestion d’Air Sénégal. En début de semaine, le litige commercial a pris une tournure judiciaire. Le tribunal régional de Dakar a interdit, lundi 6 avril 2009, à la RAM de se retirer de la gestion d’Air Sénégal. Le PDG de la RAM, Driss Benhima, a aussitôt fait appel de la décision. Dans le même temps, la compagnie a rapatrié deux des trois Boeing 737 d’Air Sénégal au Maroc. La flotte sénégalaise se limite désormais à un Boeing long courrier et à un petit porteur.

Les 500 employés d’Air Sénégal pourraient faire les frais de ce conflit. Une nationalisation fait craindre une faillite de la compagnie et donc la perte de nombreux emplois. D’un autre coté, la recherche d’un nouveau partenaire n’est pas une mission facile pour Dakar. Plusieurs compagnies aériennes, comme notamment Air France ou Emirates, auraient été ainsi approchées par les autorités sénégalaises. Pour sortir de cette impasse, une commission mixte présidée par les ministres des Transports marocain et sénégalais devrait se réunir dans les prochains jours.