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Thaïlande

Une journée d'extrême violence

par  RFI

Article publié le 13/04/2009 Dernière mise à jour le 13/04/2009 à 17:54 TU

De violents affrontements ont fait rage lundi entre les « chemises rouges » partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, en exil, et les forces de l'ordre, en dépit de l'état d'urgence instauré dimanche. Les manifestants antigouvernementaux se sont battus à coups de cocktails Molotov et de pavés contre des soldats qui ont riposté en tirant en l'air et en utilisant des gaz lacrymogènes. Deux hommes de 19 et 54 ans ont été tués par balles et plusieurs autres blessés au cours d'une rixe entre manifestants et résidents du voisinage. Les violences ont fait par ailleurs une centaine de blessés. Le Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, a déclaré dans la soirée que les opérations de l'armée pour rétablir l'ordre étaient « presque achevées », les manifestants n'étant plus rassemblés qu'en un seul endroit de la capitale. L’Union européenne se dit très préoccupée par la situation en Thaïlande. Plusieurs gouvernements dont celui de la France ont recommandé à leurs ressortissants d'éviter de se rendre à Bangkok.

Un partisan de l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra brandit le drapeau national thaïlandais devant un bus en flamme, lors d'une manifestaion antigouvernementale à Bangkok, le 13 avril 2009.(Photo : Reuters)

Un partisan de l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra brandit le drapeau national thaïlandais devant un bus en flamme, lors d'une manifestaion antigouvernementale à Bangkok, le 13 avril 2009.
(Photo : Reuters)


Le jour ou les Thaïlandais fêtent le Nouvel an bouddhique a été endeuillé par la mort de deux hommes, l'un de 19 ans, l'autre de 54 ans. Il ne s'agirait pas de manifestants antigouvernementaux mais de deux habitants d'un quartier du centre-ville.

Selon le journal The Nation qui cite des témoins de la scène, des manifestants auraient pris d'assaut un marché local en début de soirée, vers 20H30 (heure locale). Ils essayent d'évacuer les lieux, poussent les clients vers l'extérieur. Les gens du quartier croient alors que les « chemises rouges » vont tout brûler. C'est à ce moment-là qu'une bagarre éclate, des tirs retentissent, trois personnes sont blessées par balle. Quelques minutes plus tard, deux hommes décèdent à l'hôpital. Cet épisode sert déjà la cause du gouvernement pour qui les émeutes de ce lundi sont l'oeuvre d'une minorité illégitime.

Lundi soir, l'armée a repris le contrôle des grands axes de la capitale, mais des milliers de personnes continuent de camper devant les bureaux du Premier ministre. C'est le dernier symbole de la lutte des « chemises rouges ». Et peut-être la dernière nuit que ces militants passent à défier le pouvoir.

Le point de la situation avec Arnaud Dubus à Bangkok

« Le gouvernement veut isoler le coeur dur du mouvement de contestation et utiliser la force uniquement contre les plus récalcitrants. »

13/04/2009 par Edmond Sadaka

L'armée a sécurisé les grands carrefours de Bangkok

Après une longue journée d'affrontements très violents et très localisés, l'armée a sécurisé les grands carrefours de Bangkok, le quartier stratégique de Din Daeng ou encore les environs de l'Hôtel Royal Plaza dans le centre-ville.

En revanche, à 22H00 (heure locale), quelques milliers de manifestants vêtus de rouge étaient toujours regroupés devant les bureaux du Premier ministre, un complexe de bâtiments qu'ils assiègent depuis le 26 mars dernier.

Dans l'après-midi, des soldats amenés par camions se sont positionnés près de ce bastion des « chemises rouges ». Munis de haut-parleurs, ils ont d'abord invité les militants antigouvernementaux à quitter les lieux. Puis, certains militaires ont franchi un barrage improvisé. Des tirs ont retenti, ce qui a fait fuir des dizaines de personnes, dont des femmes qui ont apporté des roses aux soldats.

L'armée n'a pas donné l'assaut. On imagine qu'elle ne veut pas d'un bain de sang. Les autorités sont toutefois bien décidées à en finir avec ce symbole de la rébellion. Reste à savoir quand et surtout comment.

Toute la journée des membres du gouvernement sont intervenus dans les médias locaux pour dénoncer les débordements et contester certaines déclarations, comme celles de Thaksin Shinawatra. De son exil doré, l'ancien Premier ministre a accusé les autorités de mentir à propos des victimes. « De nombreuses personnes sont mortes », a-t-il affirmé.