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Chypre / Elections

Le grand retour des nationalistes

par Béatrice Leveillé

Article publié le 21/04/2009 Dernière mise à jour le 21/04/2009 à 17:42 TU

Le président chypriote turc Mehmet Ali Talat (g) et le président chypriote grec Demetris Christofias à Nicosie, le 21 avril 2009.(Photo : AFP)

Le président chypriote turc Mehmet Ali Talat (g) et le président chypriote grec Demetris Christofias à Nicosie, le 21 avril 2009.
(Photo : AFP)

Malgré la victoire, dimanche, des nationalistes aux élections législatives dans la zone nord de l’ile occupée par la Turquie, les négociations sur la réunification de l'île ont repris, mardi, à Chypre sous l’égide de l’ONU.

Le président chypriote turc, Mehmet Ali Talat, reste négociateur en chef pour la partie nord de l’île malgré la défaite de son parti aux élections législatives qui se sont déroulées le dimanche 19 avril. Il a rencontré, mardi, Demetris Christofias, le président chypriote grec qui représente la partie sud de l’île, la seule qui soit reconnue par la communauté internationale.

Les négociations se poursuivent sous l’égide de l’ONU mais les divergences de vues entre le président chypriote turc et sa nouvelle majorité ne vont pas faciliter le dialogue.

Le Parti turc républicain, centre gauche, du président chypriote turc Mehmet Ali Talat n’a recueilli dimanche que 29% des suffrages. Le parti de l'Union nationale est arrivé en tête avec 44% des voix, ce qui lui offre une majorité : 50 sièges au parlement. Un sérieux revers pour le président chypriote turc qui espérait sortir renforcé de ce scrutin pour faire avancer les négociations.

Le retour des nationalistes au parlement va lui compliquer la tache. Les nationalistes sont opposés à la réunification de l’île. Ils ont fait campagne pour une solution fondée sur deux Etats et deux peuples. Une solution rejetée par les chypriotes grecs parce qu’elle entérinerait la partition.

Le retour au pouvoir des nationalistes à Chypre-nord  pour Mehmet Ali Talat, « reflète le désenchantement de la population face à l'incapacité de l'Union européenne et de la communauté internationale à tenir ses engagements ». L’Union européenne avait promis de lever l’embargo qui pèse sur la partie nord de l’île. Le président chypriote turc reste malgré tout convaincu que le peuple chypriote-turc est favorable à un règlement de la question chypriote.

En2004, 65% des électeurs chypriotes turcs votaient en faveur du plan de réunification de l’ONU. Un plan que les Chypriotes grecs, préférant entrer seuls dans l’Union européenne, rejetaient massivement. Les Chypriotes turcs avaient quelques mois plus tôt écarté Rauf Dentash, le vieux chef des nationalistes pour mettre au pouvoir un jeune politicien de centre gauche, pro-européen, qui militait pour la réunification de l’île, Mehmet Ali Talat.

Le président chypriote turc a encouragé l’ouverture de points de passages et les échanges entre les deux parties de l’île et il a repris le dialogue mais jusqu’en septembre dernier, l’intransigeance des Chypriotes grecs n’a pas permis une réelle avancée de ce processus de réunification toujours soutenu par les Nations Unies.

Un obstacle à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne 

En 2004, Chypre est entrée divisée dans l’Union européenne, l'île est donc représentée par les Chypriotes grecs qui, en vertu de leur droit de veto, empêcheront la Turquie d’entrer dans l’Union européenne tant qu’elle maintiendra une présence militaire dans la partie nord et que la réunification ne sera pas entamée.

Chypre est divisée depuis que l'armée turque a envahi le nord de l’île, en 1974, après un coup d'état des Chypriotes grecs qui voulaient rattacher l’île à la Grèce. Une imposante présence militaire turque a été maintenue dans la partie nord de l’île où vivent 200 000 personnes, parmi elles : plus de 30 000 soldats turcs et presque autant de fonctionnaires, policiers ou étudiants turcs. La République turque de Chypre du Nord est complètement dépendante financièrement d’Ankara. La Turquie ne peut envisager de rejoindre l’Union européenne en maintenant une force d’occupation sur le territoire d’un pays membre de l’Union.

Le vote des Chypriotes turcs met le gouvernement turc dans l’embarras

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a d’ailleurs averti les nationalistes chypriotes turcs qu’ils ne pouvaient remettre en cause les négociations entreprises par le président de la République turque de Chypre du Nord auquel il réaffirme son appui. « Le processus doit continuer exactement comme avant. Nous ne soutiendrons jamais une position qui affaiblirait Mehmet Ali Talat », a-t-il déclaré, quinze jours après le plaidoyer du président américain Barack Obama pour une adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

Mehmet Ali Talat s'est fixé comme objectif de parvenir à un règlement avant avril 2010, date de la prochaine présidentielle dans le nord de Chypre. La prochaine réunion entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs est prévue le 5 mai.