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Européennes/Pays-Bas

Forte abstention et victoire de la droite populiste

Article publié le 05/06/2009 Dernière mise à jour le 04/06/2009 à 23:23 TU

Les Néerlandais ne se sont pas déplacés en masse pour voter jeudi. La participation, aux alentours de 40%, est légèrement supérieure à celle de 39,3% enregistrée lors des européennes de 2004. Grands gagnants du scrutin : la droite populiste, mais aussi les centristes de D66, le seul parti à avoir été clairement pro-européen durant la campagne.

De notre correspondante à Amsterdam, Sabine Cessou

Le député néerlandais d'extrême droite, Geert Wilders, a voté le 4 juin 2009, à La Haye. (Photo : Reuters)

Le député néerlandais d'extrême droite, Geert Wilders, a voté le 4 juin 2009, à La Haye.
(Photo : Reuters)

Geert Wilders, le populiste de droite, sort grand gagnant des européennes, selon les premiers sondages de sortie des urnes, donnés jeudi soir à 21 heures. Son Parti de la liberté (PVV) remporterait 4 sièges sur les 25 en lice aux Pays-Bas, avec environ 14,8 % des voix. Cet anti-européen qui se propose de supprimer le Parlement de Strasbourg fait mieux que les travaillistes du PVDA, qui remporteraient eux aussi 4 sièges, avec 13,4 % des voix (contre 7 sièges en 2007).

A gauche, le Parti socialiste (SP), qui fut avec Geert Wilders le seul partisan du « non » à l’Europe lors du référendum de 2005, n’améliore pas son score et garderait ses 2 sièges au Parlement européen. En revanche, le petit parti de centre-gauche D66, qui a fait la campagne la plus active en faveur de l’Europe, passe de 1 à 3 sièges. En recul, les chrétiens-démocrates, au pouvoir depuis 2003, remportent le plus de sièges, 5 au total (contre 7 en 2004), avec 20,3 % des voix.

Boussole électorale

A quelques heures du scrutin, 1 million de Néerlandais ont consulté les divers sites Internet de conseil de vote, cochant des cases correspondant à leurs opinions sur tous les sujets. Ils ont paru très soucieux de limiter l’immigration, le principal cheval de bataille de Geert Wilders.

Selon Kieskompas (Boussole électorale), l’un de ces sites, pas moins de 55% des électeurs souhaitent fermer les frontières, contre 5,2% seulement d’opinions favorables envers l’immigration. L’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’Union européenne (UE) en 2007 paraît toujours contestable aux Pays-Bas. Maxime Verhagen lui-même, l’actuel ministre chrétien-démocrate des Affaires étrangères, a rallié l’euroscepticisme ambiant en estimant samedi que l’Europe n’avait pas respecté ses propres règles, la Bulgarie et la Roumanie ne satisfaisant pas les critères posés par Bruxelles sur la corruption.

Wilders Premier ministre ?

La forte abstention n’a pas pénalisé Geert Wilders, dont les sympathisants se sont tout de même mobilisés. Cet ancien libéral de 49 ans, qui se définit par son opposition à « l’islamisation de la société néerlandaise », doit désormais être pris au sérieux par la classe politique néerlandaise. Les sondages le donnent probable Premier ministre, si des législatives se tenaient aujourd’hui. Le leader populiste a déclaré hier soir vouloir rester indépendant au Parlement européen, coupant court aux rumeurs sur un éventuel ralliement au front que veulent former divers partis d’extrême-droite.

Une attitude qui en dit long sur le rapport des Pays-Bas à l’Europe : les premiers résultats ont été publiés le soir même du vote, comme en 2004, alors que la Commission européenne a expressément demandé aux Etats membres de ne pas les diffuser avant la clôture des scrutins dans tous les pays de l’UE, dimanche soir. Les Pays-Bas ne votent jamais le dimanche, en raison d’objections émanant de petits partis chrétiens. Le ministère de l’Intérieur veut s’en tenir à une tradition de transparence, avec publication immédiate de résultats provisoires par les mairies.