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Economie

Rio Tinto : «non» à Chinalco, «oui» à BHP Billiton

par Myriam Berber

Article publié le 05/06/2009 Dernière mise à jour le 05/06/2009 à 14:07 TU

Le groupe minier anglo-australien Rio Tinto rompt son accord avec le sidérurgiste chinois Chinalco. Rio Tinto se rapproche de son concurrent et compatriote, le conglomérat anglo-australien BHP Billiton pour former une co-entreprise sur le minerai de fer. Objectif : éviter la mainmise de Pékin sur les réserves minières du pays.

Les dirigeants, Tom Albanese, de Rio Tinto (G) et Marius Kloppers, de BHP Billiton à Melbourne, le 5 juin 2009. (Photo : Reuters)

Les dirigeants, Tom Albanese, de Rio Tinto (G) et Marius Kloppers, de BHP Billiton à Melbourne, le 5 juin 2009.
(Photo : Reuters)

Le deuxième groupe minier mondial Rio Tinto a annoncé, vendredi 5 juin 2009, l’abandon de son projet de partenariat financier et stratégique avec le géant de l’aluminium chinois Chinalco. L’accord qui devait permettre à Chinalco de détenir 18% du capital de Rio Tinto, ainsi que deux sièges au conseil d’administration, avait été contesté dès son annonce en février par de nombreux actionnaires, mais également les pouvoirs publics inquiets de voir la Chine contrôler les ressources naturelles du pays.

Si l’accord avait abouti, par exemple, la mine de fer d’Hamersley, dans la région de Pilbara, un des gisements australiens les plus riches du monde, serait ainsi tombé entre les mains de Pékin. Ce projet avec Chinalco devait apporter 19,5 milliards de dollars à Rio Tinto, écrasé par les dettes. A la place, Rio Tinto a annoncé qu’il allait se tourner vers les marchés pour se refinancer. Le géant du fer a ainsi annoncé une augmentation de capital de 15,2 milliards de dollars.

Une co-entreprise Rio Tinto et BHP Billiton

Pour Chinalco, c’est un véritable échec. Depuis plus d’un an, l’entreprise publique chinoise, étroitement liée au fonds souverain China Investment Corporation (CIC), est à l’affût de toutes les opportunités pour sécuriser les approvisionnements de Pékin en matières premières. Son président, Xiong Weiping, s’est déclaré « très déçu par ce dénouement ». En contrepartie, Chinalco recevra un dédommagement de 195 millions de dollars de la part de Rio Tinto.

Comme alternative au projet chinois, un accord a été conclu entre Rio Tinto et son concurrent et compatriote, le conglomérat anglo-australien BHP Billiton, pour former une co-entreprise et exploiter les gisements de minerai de fer de l’ouest australien. Une opération jugée positive par les Australiens de plus en plus méfiants à l’égard de l’appétit des Chinois.

Eviter les Chinois

L’intérêt de la Chine pour les entreprises minières australiennes suscite de vifs débats en Australie. Dernière annonce en date, le numéro deux mondial du zinc, l’australien Oz Minerals, est en train d’étudier une proposition de recapitalisation pour éviter d’être racheté par le numéro un chinois des mines Minmetals. Selon les médias australiens, la Royal Bank du Canada, avec le soutien d’investisseurs institutionnels, a fait une proposition financière qui pourrait contrecarrer le Chinois Minmetals.

Pour Pékin dont les besoins en minerais sont énormes, ces acquisitions constituaient des investissements stratégiques. Pour s’affranchir de la domination des trois grands fournisseurs mondiaux - le Brésilien Vale, les Anglo-australiens Rio Tinto et BHP Billiton - et du même coup offrir des prix avantageux aux entreprises chinoises, Pékin s’est, en effet, fixé comme objectif de constituer, d’ici à 2010, un groupe de dimension internationale avec une capacité de production d’au moins 50 millions de tonnes par an.