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Sidérurgie

Chinalco autorisé à entrer dans Rio Tinto

par Myriam Berber

Article publié le 25/08/2008 Dernière mise à jour le 25/08/2008 à 16:31 TU

Le gouvernement australien a donné son feu vert à la prise de participation du groupe chinois Chinalco dans la branche britannique du groupe minier anglo-australien Rio Tinto. Cette participation de Chinalco ne devra pas aller au-delà de 14,99% du capital. Pour les autorités de Pékin dont les besoins en minerai de fer sont énormes, cette acquisition est un investissement stratégique.

La prise de participation du sidérurgiste chinois, Chinalco, dans le groupe minier anglo-australien Rio Tinto a été validée par le gouvernement australien. C'est ce qu'a indiqué, dimanche 24 août 2008, le ministre du Trésor Wayne Swan. Le 31 janvier dernier, Chinalco, allié au groupe américain Alcoa, a créé la surprise en prenant conjointement une participation de 9% dans le troisième groupe mondial, Rio Tinto, pour 14 milliards de dollars. L’aval du gouvernement australien est toutefois soumis à deux conditions : Chinalco ne doit pas relever sa participation au-dessus de 14,99% du capital sans l’accord préalable du bureau d’études des investissements étrangers et le groupe chinois ne doit pas chercher à nommer un directeur à la tête de la branche britannique ou au sein du groupe.

Mais compte tenu de ses besoins en matières premières, on peut se demander si tôt ou tard, les autorités de Pékin ne tenteront pas d’augmenter leur participation. Chinalco qui détient des participations dans dix-huit groupes miniers nationaux, est en effet directement gérée par le gouvernement chinois et étroitement lié au fonds souverain China Investment Corporation (CIC). En 2007, le géant chinois de l’aluminium a annoncé un chiffre d’affaires de 131,7 milliards de yuans (13 milliards d’euros).

Une hausse de 60% du fer en 2008

Xia Yaqing, président de Chinalco a qualifié de « stratégique » sa prise de participation dans Rio Tinto. Avec pour objectif : sécuriser les approvisionnements du pays. La sidérurgie chinoise a importé 383 millions de tonnes de minerai en 2007, 17,4% de plus que l’année précédente. Et, depuis cinq ans, son prix grimpe en flèche sous la pression des producteurs. Pour 2008, on évoque une hausse de 60 %.

Pour s’affranchir de la domination des trois grands fournisseurs mondiaux : le brésilien Vale, les anglo-australiens Rio Tinto et BHP Billiton, la Chine travaille dans plusieurs directions. Pékin s’est ainsi fixé comme objectif de constituer, d’ici à 2010 un groupe de dimension internationale avec une capacité de production d’au moins 50 millions de tonnes par an. Chinalco est bien parti pour devenir ce groupe minier aux ambitions mondiales.

En entrant au capital de Rio Tinto, Chinalco a cherché également à faire capoter l’offre publique d’achat en cours de 150 milliards de dollars du numéro un mondial, le conglomérat anglo-australien BHP Billiton sur son compatriote. Une offre pour l’instant rejetée par Rio Tinto. La direction a estimé, en effet, que la somme proposée par BHP Billiton sous-évaluait le groupe. BHP s’efforce actuellement d’obtenir le feu vert des autorités de la concurrence de différents pays, nécessaire pour mettre à exécution son offre de rachat. L’Union européenne s’est donnée jusqu’au 9 décembre 2008 pour examiner le dossier. La Commission australienne de la concurrence s’est donnée jusqu’au 1er octobre prochain. Même si le régulateur australien estime que l’union des deux groupes pourrait provoquer une hausse générale des prix du minerai de fer.