par Myriam Berber
Article publié le 19/02/2008 Dernière mise à jour le 25/08/2008 à 15:05 TU
L’année 2008 devrait encore connaître une forte hausse du fer. Le premier producteur mondial de minerai de fer, le Brésilien Vale, a annoncé un accord sur une hausse de 65% avec les trois plus grands sidérurgistes asiatiques : les Japonais Nippon Steel et JFE Holdings ainsi que le Coréen Posco. Trois autres fabricants d’acier japonais – Steel, Nisshin Steel et Sumitomo – ont également signé cet accord qui porte à 78,89 dollars le prix de la tonne à partir du 1er avril. Cette hausse de 65% est la plus forte hausse annuelle depuis celle de 71% en 2005. Elle reste même légèrement inférieure aux attentes des analystes qui prévoyaient une hausse entre 50 et 100%. Reste que ces négociations annuelles ne sont pas encore terminées. Le groupe minier anglo-australien Rio Tinto a indiqué, lundi 18 février 2008, qu’il était toujours en discussions avec ses clients.
Les fabricants d’acier asiatiques sont généralement les premiers à conclure leurs négociations annuelles avec les mineurs de fer qui utilisent cette matière première. Le prix issu de ce premier accord avec le Brésilien Vale a de très fortes chances de servir de référence aux autres groupes sidérurgistes, dont le leader mondial ArcelorMittal. Les sidérurgistes européens sont encore en train de négocier avec les fournisseurs de minerai de fer, mais ils s’attendent à subir les mêmes hausses que les fabricants asiatiques.
Forte demande chinoise
Cette nouvelle hausse du minerai de fer s’explique par la forte demande des pays émergents, Inde et Chine. La Chine qui produit le tiers de l’acier de la planète, dope les revenus des trois principaux exportateurs de minerai : le Brésilien Vale, les Anglo-Australiens Rio Tinto et BHP Biliton. Pour janvier 2008, les douanes chinoises indiquent d’ores et déjà un record d’importations à 36,8 millions de tonnes. La Chine a notamment besoin d’acier pour fabriquer des navires, des voitures mais aussi pour construire les nombreuses infrastructures en vue des prochains Jeux Olympiques.
L'origine du phénomène est également à chercher du côté de la concentration des groupes miniers. Aujourd’hui, les cinq premiers acteurs du secteur minier (Vale, Rio Tinto, HP Biliton, Fortescue, Kumba) fournissent près de 90% de la demande en minerai de fer. Leur petit nombre leur donne la capacité de s’organiser en cartel, à l’image de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) Une situation qui fait enrager les sidérurgistes chinois, car ils n’ont pas d’autres choix que se plier aux tarifs imposés par les cinq géants de la mine.
Selon le bureau d’étude Steel Business Briefing, les 1,34 milliards de tonnes d’acier produites dans le monde l’an dernier ont nécessité 1,6 milliard de tonnes de minerai de fer. Pour les industriels de la construction et de la métallurgie, cette flambée des matières premières va justifier des hausses en aval. Le leader mondial ArcelorMittal a annoncé en février qu’il pourrait revoir ses tarifs en fonction des résultats des négociations annuelles avec les producteurs de minerai. Les prix de l’acier devraient donc à leur tour augmenter de 20%, d’autant qu’à cette hausse du minerai de fer, il faut ajouter celle du charbon à coke et l’énergie nécessaire pour les transformer.
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