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Tata-Corus : le nouveau duo de l’acier

Ratan N. Tata (g.), président de Tata Steel, et James Leng (d.), président de Corus Group, lors d'une conférence de presse à Londres. 

		(Photo : AFP)
Ratan N. Tata (g.), président de Tata Steel, et James Leng (d.), président de Corus Group, lors d'une conférence de presse à Londres.
(Photo : AFP)
L’indien Tata Steel a finalement emporté le duel qui l’opposait au brésilien CSN (Compahnia Siderurgica Nacional) pour le rachat de Corus. Pour s’offrir le groupe anglo-néerlandais, le conglomérat indien a mis plus de 10 milliards d’euros sur la table. Cette fusion donne naissance au cinquième sidérurgiste mondial. Cette opération est une nouvelle illustration de la montée en puissance des entreprises des pays émergents.

Le géant indien Tata Steel a remporté les enchères pour le rachat du sidérurgiste anglo-néerlandais Corus, un groupe près de quatre fois plus gros que lui. L’opération organisée par Takeover Panel, l’autorité boursière britannique, a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi. Dix heures au bout desquelles, la firme sidérurgique indienne a accepté de débourser 608 pences par action Corus, soit 5 pences de mieux que la dernière offre de son rival brésilien CSN. Le montant total du rachat de Corus, le neuvième sidérurgiste mondial, se monte à 13,7 milliards de dollars, soit 10,6 milliards d’euros. Corus a recommandé la transaction à ses actionnaires qui voteront dans quelques semaines.

Tata deviendra, par cette acquisition, le cinquième producteur d’acier mondial selon Corus et Tata, le sixième selon les chiffres de la fédération internationale de l’acier, avec quelque 23 millions de tonnes produites par an. En remportant les enchères pour avaler Corus, Tata Steel a réussi un coup de maître, avec la plus grosse acquisition jamais réalisée à l’étranger par une société indienne. Son patron, Ratan Tata, qui mûrissait ce type de projet depuis des années, est «convaincu du bien-fondé stratégique irréfutable de ce partenariat». Tata explique pouvoir jouer la carte de la complémentarité des marchés, comme l’explique Jean-Joseph Boilot, économiste et spécialiste de l’Inde : «Tata, avec ce rachat, a fait preuve d’audace dans tous les domaines, y compris celui de l’avancée technologique. Il y a 950 personnes dans la section Recherche et Développement chez Corus, contre une centaine chez Tata. Tata va exporter de l’acier brut et le transformer dans les entreprises ultra modernes de Corus. Le groupe Tata anticipe également la place de l’Inde. Dans le monde globalisé, il n’y a pas de place pour des petites entreprises indiennes qui ne s’ouvriraient pas à l’international».

3% de la richesse nationale de l’Inde

Tata fait partie intégrante de la vie quotidienne des Indiens. Ils portent des montres Tata, boivent du thé Tata, vont travailler dans des autobus et des voitures Tata, téléphonent grâce à l’opérateur mobile Tata et, quand ils ont les moyens, descendent dans des hôtels de luxe Tata. Le groupe réalise un chiffre d’affaires annuel de 17,5 milliards d’euros, emploie 222 000 personnes et constitue, à lui seul, 3% de la richesse nationale de l’Inde. Le conglomérat dirigé par Ratan Tata est sans doute l’industriel indien le plus internationalisé. Avec ses 96 filiales, ce colosse est présent dans l’acier, l’automobile, l’hôtellerie, les services informatiques, le thé, les télécommunications, la télévision par satellite, la chimie. Depuis 2000, il a dépensé 3 milliards de dollars pour rafler des sociétés partout dans le monde, du fabricant de café américain Eight O’Clock Coffee au sud-coréen Daewoo Commercial Vehicle.

L’opération sur Corus illustre, en effet, la montée en puissance des groupes industriels des grands pays émergents, aux dépens des puissances traditionnelles. En août 2006, malgré la mobilisation des politiques français, le géant européen de l’acier Acelor a été racheté pour 27 milliards d’euros par le leader mondial du secteur, Mittal Steel. Mittal n’est pas une entreprise indienne (elle est cotée aux Pays-Bas), mais la majorité de ses actions sont aux mains de l’homme d’affaires indien Lakshmi Mittal. Les entreprises indiennes cherchent, plus que jamais, à racheter des marques occidentales. Les brasseries United Breweries sont aussi en passe d’acheter le fabricant écossais de whisky White&Mackay, alors que le groupe pharmaceutique Ranbaxy convoite la division de médicaments génériques de l’allemand Merck KGaA. Collectivement, les groupes indiens ont déboursé 30 milliards de dollars de chiffres d’affaires en acquisitions à l’étranger, en 2006, contre 18 milliards de dollars en 2005.  



par Myriam  Berber

Article publié le 31/01/2007 Dernière mise à jour le 31/01/2007 à 17:06 TU