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Chine/Inde

La nouvelle alliance

Le couple présidentiel chinois est accueilli par le ministre indien des Affaires étrangères, Pranab Mukherjee (droite), à l'aéroport de New Delhi. 

		(Photo : AFP)
Le couple présidentiel chinois est accueilli par le ministre indien des Affaires étrangères, Pranab Mukherjee (droite), à l'aéroport de New Delhi.
(Photo : AFP)
Le président chinois Hu Jintao a entamé, lundi 20 novembre, une visite de trois jours en Inde, avec pour objectif de relancer les relations commerciales. Pékin souhaite signer un accord de libre-échange avec New Delhi, ce qui donnerait naissance à un marché de plus de deux milliards de consommateurs.

Terminé le temps des querelles frontalières, place désormais au commerce. Alors qu’ils s’ignoraient totalement il y a encore sept ans, voilà plusieurs mois que les deux géants asiatiques renforcent leurs relations bilatérales. Dernier signe de rapprochement : la Chine et l’Inde ont rouvert, en juillet dernier, une ancienne route commerciale himalayenne fermée à la suite de leur conflit frontalier de 1962.

Ce voyage officiel de trois jours en Inde de Hu Jintao, le premier d’un président chinois depuis dix ans, pourrait marquer le début d’une plus grande intégration économique entre les deux pays. Hu Jintao devrait proposer à son homologue indien un accord de libre-échange, qui serait le plus important au monde, soit un marché de 2,3 milliards de consommateurs, le tiers de la population mondiale. Aujourd’hui, la Chine est le deuxième fournisseur de l’Inde derrière les Etats-Unis.

Des divergences demeurent

Si la concurrence est forte entre les deux géants, la Chine et l’Inde sont les économies les plus dynamiques de la planète, avec des taux de croissance annuels qui avoisinent les 10% pour Pékin et 8% pour New Delhi. En 2005, le volume des échanges a progressé de 40% pour atteindre 18,7 milliards. Cette année, le commerce bilatéral sino-indien devrait atteindre les 22 milliards de dollars. Le ministre indien des Affaires étrangères, Pranab Mukherjee, se déclare enthousiaste : «la relation sino-indienne va être l’une des relations bilatérales les plus importantes dans les dix ans à venir, simplement en raison des poids démographiques et économiques».  De leur côté, les industriels indiens, conscients que leurs homologues chinois ont beaucoup plus à gagner qu’eux de l’ouverture des frontières, affichent une certaine inquiétude.

Au cours de sa visite, Hu Jintao s'entretiendra avec le Premier ministre indien, Manmohan Singh, rencontrera les milieux d'affaires à New Delhi et Bombay, capitale financière du pays. Les deux pays affichent clairement leur volonté de renforcer leurs liens économiques, notamment dans le domaine des hautes technologies, où les débouchés mutuels sont considérables : les matériels informatiques pour la Chine et les services informatiques pour l’Inde. La Chine est apparue ces dernières années comme l’un des acteurs incontournables du secteur hardware au plan mondial. La société Lenovo, qui a racheté l’activité PC d’IBM, est en la preuve. Les deux géants devraient également renforcer leur coopération économique en matière de technologie spatiale et d’industrie pharmaceutique, notamment dans le domaine des médicaments génériques.

Mais derrière ces retrouvailles, des divergences demeurent. Les liens étroits surtout militaires, entre la Chine et le frère ennemi de l’Inde, le Pakistan, continuent ainsi de préoccuper New Delhi. Par ailleurs, l’Inde affirme toujours que la Chine occupe 38 000 kilomètres carrés de son territoire, tandis que Pékin revendique encore l’Etat indien frontalier de l’Arunachal Pradesh, dans le nord-est du pays. L’Inde et la Chine restent également toujours brouillées sur la question du Tibet. Il ya a quarante-cinq ans, l’Inde a accueilli à Dharamsala (au nord), le Dalaï-Lama, le chef des Tibétains en exil, qui fuyait le régime communiste.  



par Myriam  Berber

Article publié le 20/11/2006 Dernière mise à jour le 20/11/2006 à 16:44 TU